Les responsables d’organisations impliquées dans la commémoration du 9e anniversaire de l’insurrection populaire d’octobre 2014 ont animé une conférence de presse ce mardi 24 octobre 2023, à Ouagadougou. L’objectif visé est d’informer le public de l’importance de cette commémoration et de ses enjeux pour le Burkina Faso, dans un contexte où disent-ils, certains acquis de la lutte pour une gouvernance vertueuse sont remis en cause.

Les responsables de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), du Balai Citoyen, de l’Organisation démocratique de la jeunesse du Burkina (ODJ), mais aussi de l’ABASSEP, de l’AJB, de la CADDL, de la CDAIP, du CNPNZ, de l’Association Kebayina des femmes du Burkina, du MBDHP, de l’UGEB, du RENLAC, du CISC et du SYNAMUB réaffirment avec force, le maintien de la tenue du meeting de commémoration du 9e anniversaire de l’insurrection populaire d’octobre 2014. Ils invitent de ce fait, leurs militants, les démocrates et les patriotes du pays à se mobiliser massivement sur l’ensemble du territoire et particulièrement à Ouagadougou, le 31 octobre 2023 à la Bourse du travail.

Le but de cette commémoration est, selon eux, de rendre hommage aux martyrs de l’insurrection populaire d’octobre 2014 et de la résistance victorieuse au putsch de septembre 2015, mais aussi d’interpeller le pouvoir sur les préoccupations contenues dans leur plate-forme minimale.

« La résistance victorieuse au coup d’État de septembre 2015 a montré la capacité de notre peuple à s’unir face à des défis majeurs », Gabin Korbéogo, président de l’Organisation démocratique de la jeunesse du Burkina (ODJ), porte-parole de la coalition

Les autorités sont interpellées

La coalition estime qu’il est regrettable et inacceptable que les libertés d’opinion, de presse, de réunion et de manifestation sur la voie publique soient remises en cause. « Ces restrictions sous le couvert de la situation de guerre se traduisent par des suspensions d’organes de presse, des disparitions de citoyens, des enrôlements forcés sous les instigations des plus hautes autorités du pays, l’intrusion du pouvoir dans les affaires judiciaires. La situation nationale telle que nous la vivons, commande que les organisations que nous représentons et l’ensemble de notre peuple, interpellent les autorités du MPSR 2 sur la situation de guerre, la vie chère, la gouvernance, l’impunité des crimes économiques et de sang, la corruption et l’apurement du passif foncier », a déclaré Gabin Korbéogo, président de l’Organisation démocratique de la jeunesse du Burkina (ODJ).

33 morts et 600 blessés lors de l’insurrection populaire

Pour la coalition, les événements commémorés du 31 octobre 2023 sont des moments cruciaux de l’histoire du Burkina Faso. « Car, l’insurrection populaire d’octobre 2014, qui a renversé le régime brutal de Blaise Compaoré, a été marquée par des sacrifices incommensurables, avec 33 morts et plus de 600 blessés. Malheureusement, les responsables de ces actes n’ont toujours pas été tenus pour responsables. Nous rendons hommage à ces martyrs qui sont les héros de notre lutte pour la liberté », a-t-elle révélé.

« Qu’Ibrahim Maïga apporte les preuves que nous avons reçu la somme de 25 millions de francs CFA des autorités ivoiriennes pour nos activités », Moussa Diallo, porte-parole de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B)

La coalition souligne aussi que l’insurrection populaire a apporté des changements significatifs, tels que la prise de conscience des capacités du peuple burkinabè, l’élargissement des espaces de liberté, la réouverture de dossiers de crimes, des mesures contre la vie chère, et bien plus encore.

La réponse gouvernementale jugée insatisfaisante face à la crise

Cependant, la coalition relève que le Burkina Faso fait actuellement face à une grave crise sécuritaire, avec plus de 10 000 morts, plus de deux millions de personnes déplacées, la fermeture d’écoles et de centres de santé, ainsi que la perturbation des routes d’approvisionnement. « Malheureusement, les résultats de la réponse gouvernementale à cette crise restent insuffisants, malgré les promesses », regrette-t-elle.

« Nous lançons un appel à nos frères et sœurs au niveau des marchés et yaars, mais aussi des ronds-points, en leur disant que la cause défendue ici est commune pour le bien-être des Burkinabè », Rasmané Zinaba, membre du Balai Citoyen

Selon les responsables des organisations impliquées dans la commémoration du 9e anniversaire de l’insurrection populaire d’octobre 2014, commémorer ces importants événements est un devoir de mémoire. C’est aussi, une occasion de rappeler le potentiel du peuple pour relever les défis actuels, y compris la crise sécuritaire imposée par des forces étrangères impérialistes.

« Nous constatons avec satisfaction que certains acquis de l’insurrection populaire et de la résistance au coup d’État de 2015 ont été consolidés, notamment la poursuite des enquêtes sur le putsch manqué de 2015, le dossier Thomas Sankara, et la réouverture du dossier Norbert Zongo. Cependant, il est préoccupant de constater que certaines libertés, telles que la liberté d’opinion, de presse, de réunion, et de manifestation, sont menacées sous prétexte de la situation de guerre », déplore la coalition.

Ainsi, la coalition dit dénonçer ces atteintes aux libertés et appelle à la préservation des acquis chèrement conquis par le peuple. La situation actuelle exige selon elle, que les autorités soient interpellées, insiste-t-elle, sur la crise, la vie chère, la gouvernance, l’impunité des crimes économiques, la corruption, et la question du passif foncier.

Hamed Nanéma

Lefaso.net

Source: LeFaso.net