L’enfant abeille, c’est le titre du dessin animé entièrement réalisé par des Burkinabè qui sera bientôt diffusé sur le petit écran, au plan national. Ce projet dont l’idée a germé et a été écrit depuis plus de dix ans sera donc une réalité à travers un épisode pilote pour une série de 24 épisodes.

A l’orée 2024, les jeunes téléspectateurs burkinabè découvriront sur leurs petits écrans, l’épisode pilote du dessin animé made in Burkina, L’enfant abeille.

En effet, ce dessin animé de 13mn est produit localement à Bobo-Dioulasso par la structure X AERO DESIGN Production avec également une équipe locale.

L’enfant abeille, c’est l’histoire d’un jeune garçon qui a reçu des pouvoirs extraordinaires qui lui permettent de se changer en abeille, de voler et communiquer avec les abeilles, communiquer avec d’autres animaux. Aussi, ces pouvoirs lui permettent d’organiser les abeilles de telle sorte à défendre le pauvre, le faible, à défendre une cause. Ainsi, dès que l’enfant abeille est face à un problème, il se transforme en abeille. Une fois transformé en abeille, ses congénères abeilles viennent à son secours pour rétablir l’ordre, la justice.

D’autre part, il y a aussi l’amie de l’enfant abeille, une jeune enfant qui elle a le pouvoir de parler aux plantes et de leur faire faire des choses.

Vue de l’équipe de production de L’enfant abeille

Ces deux forment un trio avec un troisième garçon qui lui, est doué dans la technologie. Enfant du 21e siècle, ce dernier maîtrise beaucoup de choses dont l’intelligence artificielle, le smartphone l’ordinateur, car étant enfant unique de ses parents et très gâté, il a fait de la technologie son dada. N’ayant pas d’ami, il rejoint finalement le groupe des deux pour faire un trio et là il s’épanouit.

Les trois personnages réussissent ainsi grâce à leurs pouvoirs à sauver le quartier, sauver plein de situations qui se présentent à eux.

La scénariste de L’enfant abeille Alimata Koné/Salouka donne les raisons de la réalisation de ce dessin animé typiquement africain et en particulier burkinabè.

« Nous sommes des consommateurs de dessins animés, nos enfants sont scotchés tout le temps à la télé, nous avons une foison d’histoires à raconter à nos enfants. Donc le monde se modernisant, il fallait prendre le train en marche pour ne pas être à la traîne. Quand on était enfant, on avait les veillées les soirs, où on nous racontait les contes. Ensuite, il y a eu la radio qui a pris le relais et maintenant, la télé. Donc, il ne faut pas qu’on laisse nos enfants sans leur transmettre quand même quelques valeurs que nous avons reçu de nos parents, sans leur transmettre nos histoires, et surtout sans les former à la citoyenneté parce que notre thème c’est la défense de l’environnement. La défense de l’environnement veut dire que chaque personne doit être consciente de son environnement et pouvoir le défendre. Donc, si nous créons des histoires qui sont proches d’eux, ça rend notre message plus attirant, et surtout ça les embarque aussi à prendre des décisions personnelles, à être des enfants avertis, à être des adultes responsables plus tard. C’est tout ça qui nous a motivés à créer une série ».

Selon Alimata Koné/Salouka, le choix de l’abeille vient du fait que c’est un insecte royal, qui permet à la vie de se perpétuer à travers la pollinisation. Et cela, elle l’a découvert dans ses recherches où elle a compris que sans abeille, le monde est en perdition. Pourtant en ce moment, l’on assiste à des hécatombes d’abeilles de partout dans le monde car l’on fait plein de choses qui nuisent aux abeilles et qui finalement vont nous nuire plus tard d’où le choix de l’enfant abeille explique-t-elle.

Ce dessin animé, en dehors des enfants, cible également les adolescents et adultes.

Alimata Koné/Salouka, scénariste de L’enfant abeille

La défense de l’environnement, clé des actions

Avec pour thème principal la défense de l’environnement, l’amitié, la défense du pauvre, du faible, l’ouverture au monde, ces jeunes enfants vont au cours de leurs aventures rencontrer un personnage extraordinaire en la personne d’un arbre, capable de leur faire faire des voyages extraordinaires, de les téléporter dans toutes les régions du monde pour régler certains problèmes.

Il y a également la cohésion sociale, à travers les leçons des bons actes des enfants pour aller dans le sens de l’amélioration de la vie ensemble.

Les acteurs plaident pour le financement des 23 autres épisodes

Les débuts de réalisation de l’épisode pilote de l’enfant abeille ne se sont pourtant pas passés sans difficultés. La scénariste confie avoir écrit cette série il y a plus de dix ans dans l’attente d’un financement. Vu le coût de la production (l’épisode pilote coûte plus de 18 millions de FCFA), il y a eu beaucoup de réticences. D’autres doutaient plutôt des compétences techniques ne croyant pas à l’idée qu’un Burkinabè puisse réaliser un tel projet… Pourtant pour Alimata Koné/Salouka, il suffit de rêver pour réaliser. Et aujourd’hui, beaucoup de facilités sont offertes à travers les technologies, les TIC, l’ordinateur qui a rendu les choses très faciles. En effet, s’il fallait faire ce film avec les anciennes technologies, c’est-à-dire faire des dessins pour chaque mouvement, dit-elle, ils en auraient probablement encore pour dix ans.

Ce projet a également été possible grâce au financement de l’Union européenne à travers le FDCT (Fonds de développement culturel et touristique), mais qui reste très limité en juge Alimata Koné/Salouka. En effet, bien qu’étant une série de 24 épisodes, l’enfant abeille sera diffusé à travers donc un premier épisode pilote. Les 23 autres épisodes seront produits et diffusés plus tard. Cela se justifie par le coût de la production qui est de près de 400 millions de FCFA pour les 24 épisodes. Cependant, il n’y a pour l’instant que l’épisode pilote qui a été financé grâce au FDCT à travers une subvention de 15 millions. La part contributive de leur structure a été de 3,9 millions FCFA.

Le fonds n’étant pas bouclé pour les autres 23 épisodes, le réalisateur et producteur de l’enfant abeille Gilles Palenfo lance un appel à toutes les bonnes volontés et partenaires pour financer ou co-produire ces épisodes restants. Il rassure également que le coût d’achat pour la diffusion sera accessible et il encourage de ce fait surtout les chaînes africaines à s’en approprier.

Gilles Palenfo, réalisateur et producteur de L’enfant abeille

Alimata Koné/Salouka et Gilles Palenfo peuvent aussi compter sur la dynamique de jeunes animateurs recrutés et formés à cet effet et qui prendront sans doute la relève. Cette équipe locale permet ainsi d’amoindrir les coûts en ne faisant pas appel à un personnel importé. En effet grâce à ses huit ans d’expériences acquis dans une boîte comme réalisateur de dessin animé, Gilles Palenfo partage ses compétences avec huit personnes qui travaillent à plein temps sur le projet : il s’agit de dessinateurs, d’animateurs, de créateurs de décors ou de personnages, et de scénaristes.

Le réalisateur évoque également les énormes sacrifices personnels qu’Alimata Koné/Salouka Palenfo et lui ont dû faire comme par exemple diviser leurs propres salaires par cinq pour la simple raison qu’ils ont un idéal à défendre et aussi l’enthousiasme et la conviction qui leurs ont permis de pouvoir avancer.

Le film sera animé par une musique locale sur fonds de balafons et les personnages habillés en tenues locaux (Faso Danfani, Koko Dunda…) pour que l’enfant s’identifie aux personnages.

Alimata s’est aussi prononcé sur l’interdiction de diffusion de dessins animés à caractère homosexuel ou pornographique par le CSC. A son avis, cette décision peut se comprendre du fait que ces choses ne font pas partie des cultures africaines sans oublier que les Africains ont une grande attache pour la religion.

L’épisode pilote de l’enfant abeille toujours en cours de réalisation, sera diffusé en avril 2024.

L’équipe, qui bénéficie déjà du partenariat de la RTB 2 qui d’ailleurs aura l’exclusivité de la distribution, envisage vendre sa production au-delà des frontières.

Haoua Touré

Lefaso.net

Source: LeFaso.net