A Ouagadougou, la capitale burkinabè, on voit de plus en plus aux feux tricolores ou aux abords des grandes voies des jeunes qui vendent des produits de grande consommation tels que le lait, l’huile, le poisson et même de la viande. La consommation de ces produits exposés au soleil et à la poussière peut-il avoir un impact négatif sur la santé ?
Il commence à faire soir. Aux abords de l’avenue Yatenga, des jeunes sont installés. Ils vendent du poisson frais. Ils accostent les passants pour leur présenter leurs marchandises. Les poissons sont exposés au soleil il n’y aucune protection. De temps en temps, ils arrosent d’eau les poissons.
Debout à côté de sa table, un éventail en main, Moumouni, Zoungrana essaie de temps en temps de chasser les mouches. « Quand on couvre le poisson, les clients ne les voient pas. On est obligé de les laisser à l’air libre. Je pense que si on lave bien le poisson et qu’on met au feu, les microbes meurent », laisse entendre le vendeur.
A un autre endroit de la ville, sous un soleil de plomb, un chapeau de Saponé sur la tête, une vendeuse de produits de grande consommation tels le lait, l’huile, des boîtes de tomates et biscuits présente ses produits aux passants au grand feu tricolore du quartier Bilbalogo.
Selon la vendeuse qui a requis l’anonymat, elle fait la promotion des produits qu’elle vend. « Au feu tricolore, nous faisons la promotion des produits. Sinon dans les alimentations ils sont encore plus chers. « Ce biscuit je le vends à 500 francs CFA. Dans une alimentation, il coûterait 700 francs CFA. Il y a deux cent francs CFA de différence. Les produits sont de bonnes qualité. Les dates de péremption ne sont pas encore passées. Donc il n’y a rien à craindre », a rassuré la commerciale.
Habitué à acheter du poisson ou certains produits sur les routes, Kadidia Wonni trouve que ces produits sont moins chers par rapport aux prix des alimentations. « Au début, je me méfiais des produits aux abords des voies. Mais avec le travail, je n’ai pas souvent le temps d’aller à l’alimentation ou au marché. Donc pour gagner du temps, j’ai commencé à acheter les condiments et autres sur la voie. Jusque-là je n’ai pas encore rencontré un problème de santé. Et souvent ceux qui sont au feu tricolore ou aux abords des voies vendent moins chers par rapport aux vendeurs qui sont dans les marchés et même dans les alimentations », assure-t-elle.
« Manger est une obligation mais se nourrir est un choix, faisons le bon choix en respectant les mesures hygiéno-diététiques »
Les poissons et viandes vendus dans les rues sans un minimum d’hygiène sanitaire ne sont malheureusement pas sans conséquences sur la santé humaine, alerte le nutritionniste et directeur général de Ntri-clinic centre de médecine alternative, Yacouba Sawadogo.
« La majorité des microbes passent par la voie orale pour infecter. Les mouches et les insectes sont des vecteurs qui propagent les maladies. Ils répandent les microbes soit à travers leurs œufs ou par le simple fait de toucher les aliments. Ainsi, ces aliments peuvent être contaminés et leur consommation peut véhiculer les pathologies telles que la typhoïde, le choléra, la salmonelle, la dysenterie bacillaire, la tuberculose, les vers parasites et autres. La cuisson tue la plupart des microbes mais est insuffisante pour détruire les spores et les toxines », précise le nutritionniste.
Et d’ajouter : « tous les produits sont composés de molécules, et ces molécules sont sensibles à la chaleur à un certain degré donné, également d’autres facteurs ne jouent pas en faveur de la bonne conservation et hygiène de ses aliments telle que la poussière. Il est préférable de ne pas exposer ces denrées alimentaires à ces agents pathogènes ».
Monsieur Sawadogo conseille aux consommateurs de choisir pour leurs emplettes les endroits qui respectent les règles d’hygiène et de bien laver les aliments, de les bien cuire avant de les consommer. Pour les aliments exposés dans les rues, les vendeurs doivent prendre des mesures pour mettre ces produits à l’abri des agents pathogènes, a-t-il suggéré.
« Je dirais que manger est une obligation mais se nourrir est un choix, faisons le bon choix en respectant les mesures hygiéno-diététiques », a terminé le nutritionniste Yacouba Sawadogo.
Rama Diallo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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