C’est la saison hivernale, propice au commerce de maïs dans la ville de Ouagadougou. Tout au long des voies, des femmes et des jeunes filles vendent du maïs braisé, prisé par les Ouagavillois. Ce commerce saisonnier permet à ces femmes et jeunes filles de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles.
A Tampouy, un quartier populaire de la ville de Ouagadougou, le soleil se lève. A deux ou trois minutes du rond-point de la jeunesse, des femmes attendent les vendeurs de maïs en gros. Certaines sont sur les lieux depuis 6h. D’autres depuis 7h. Il faut se « battre » pour avoir sa marchandise.
Un voile sur la tête, transpirant de grosses gouttes de sueur, Aminata Sawadogo vient d’avoir du maïs pour dix mille francs CFA. C’est une chance pour elle. Car elle a été la première sur les lieux. « Je suis arrivée à 6h. Pour avoir du maïs il faut venir tôt sinon c’est très difficile d’avoir la quantité qu’on veut. Pour que chaque femme puisse avoir du maïs, les vendeurs souvent donnent juste pour 2000 francs CFA ou 3000 francs chacune », a indiqué la vendeuse de maïs.
Awa Gouba, quant à elle, n’a eu que pour 2000 francs CFA. Pour compléter sa marchandise, elle va à proximité de là où elle était. Un autre groupe de femmes attend que d’autres vendeurs de maïs arrivent.
Là, une dizaine de femmes attendent le « précieux » maïs. Arrivée depuis 7h, il est 11h. Zenata Ouédraogo n’a pas encore eu de maïs. Elle est anxieuse. Il lui faut du maïs pour ses clients. Car elle a besoin de vendre pour honorer sa scolarité. « Je suis élève en classe de troisième. J’ai passé le BEPC cette année. Malheureusement je n’ai pas réussi mon examen. Je dois repasser le BEPC. Si je ne vends pas, je n’aurai pas d’argent pour payer ma scolarité donc je suis inquiète. Je ne sais si j’aurai du maïs aujourd’hui où pas. Puisqu’il est 11h. Or à partir de midi je dois commencer à vendre », s’inquiète l’élève.
Vendeur de maïs en gros, Amidou Birba vient de Koubri. Dès qu’il immobilise son tricycle, les femmes se ruent sur lui. Chacune lui tend un sac. Pour satisfaire toutes ses clientes, il leur propose de donner pour 3000 francs à chacune. A un moment donné il était obligé de donner pour 2 000 francs à certaines pour qu’elles toutes puissent avoir un peu de maïs. Malgré tout, certaines sont reparties bredouilles.
« Actuellement il n’y a pas trop de maïs parce que la saison hivernale a commencé en retard. On était obligé d’arroser les plantes. Or à partir d’avril, il n’y a plus suffisamment d’eau pour arroser les champs. A cela, s’ajoute la cherté de l’engrais sur le marché. Avant, on achetait le sac de 50 kg d’engrais à 15500 francs CFA. Depuis l’année dernière, on l’achète entre 25 000 à 30 000 francs CFA en fonction des magasins. Donc c’est très dur pour nous de faire de grands champs au regard de nos moyens », a signalé monsieur Birba. Cependant, il rassure que d’ici août le maïs sera disponible en quantité.
La vente de maïs braisé, une activité rentable
« Depuis la classe de sixième je vends du maïs braisé pour payer ma scolarité. Quand j’achète pour 5000 francs CFA. Après la vente je peux avoir 2000 francs CFA de bénéfices ou plus. Je reserve 500 francs CFA pour le charbon et je garde le reste dans une boîte. Ce qui me permet à la rentrée de prendre en charge ma scolarité », a dit l’élève, Zenata Ouédraogo.
Marina Koala avance, quant à elle, que la vente de maïs braisé lui permet d’aider son mari à honorer les frais de scolarité de ses enfants et d’effectuer les charges de la maison. Selon elle, la vente de maïs braisé est rentable.
- Zenata Ouédraogo, élève et vendeuse de maïs
Tout comme Marina Koala, la vente de maïs braisé permet à Aminata Sawadogo de payer la scolarité de ses enfants et de participer aux charges de la maison.
Elles vendent toutes l’unité à 100 où 150 francs CFA selon la qualité du maïs. Elles expliquent cela par le fait de la cherté du maïs. Celles qui ont été interrogées disent qu’elles achètent trois unités de maïs à 200 francs CFA.
Interrogé, monsieur Birba confirme les dires des femmes. « Je vends trois maïs à 200 francs CFA. Avant j’en vendais cinq à 200 francs. Mais à cause de la cherté des intrants, je suis obligé de vendre trois maïs à 200 francs CFA », a laissé entendre l’agriculteur.
Il a par ailleurs invité les jeunes à s’intéresser à l’agriculture. « Il n’y a pas de sot métier, seul le travail paye. Le jour où il y a le marché, je peux vendre le chargement d’un tricycle à environ 175 mille francs CFA. Avec un hectare de maïs, on peut avoir plus d’un million de francs CFA si la récolte est bonne. Même quand la récolte n’est pas bonne, on ne perd pas. On gagne au moins le minimum », a indiqué le cultivateur de maïs.
Rama Diallo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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