Dans le cadre de ce procès , il a été révélé l’existence de contrat entre le ministère des transports et les sociétés Ildo Oil et Green Energie. De ces contrats de respectivement 108 et 138 millions fcfa, des ordres de commande ont été émis pour que le carburant soit livré en plusieurs tranches. Toutefois, à la place du carburant, c’est plutôt les espèces sonnantes et trébuchantes qui ont été restituées. De quoi piquer la curiosité du tribunal, quant à l’implication des responsables de ces sociétés, eux qui soutiennent mordicus n’avoir touché aucun liard dans cette affaire.

Premièrement a comparu à la barre Salfo Ilboudo, administrateur général de Ildo Oil. A la question de savoir comment connaît-il M. Dabilgou, le témoin explique qu’ils se sont plusieurs fois rencontrés alors qu’il exerçait toujours au Centre de contrôle des véhicules automobiles (CCVA). Et pour ce qui est de l’acquisition du marché, M. Ilboudo est clair : « ce n’est pas parce que je le connais que nous avons eu le marché avec le ministère des transports. La preuve est que nous avons un contrat avec le ministère de la justice, mais je ne connais pas le ministre de la justice. »

A la question de savoir s’il était au courant de la passation des marchés avec le ministère des transports et des faux bordereaux qui ont été émis par sa société, le témoin fait comprendre au tribunal que beaucoup de charges pèsent sur sa personne dans le cadre de la gestion de sa société. Il n’était donc pas au courant de l’existence des différents contrats avec le ministère des transports car, de ses dires, « j’agis par délégation spéciale. Notre société est présente dans plusieurs pays. Pour ce qui est de celle qui est ici, c’est à mon Directeur des affaires financières (DAF) Alhoussaïni Ouédraogo, que j’avais laissé la charge de répondre en mon nom.

Ce n’est que comme ça que je peux travailler parce qu’il y a beaucoup à faire. Je l’ai mandaté parce qu’en toute chose, il y a une question de confiance et cette confiance reste telle, jusqu’à ce qu’elle soit trahie, comme en l’espèce. Je n’étais pas au courant de la passation de ces marchés avec le ministère des transports à hauteur respectivement de 77 et 49 millions. Je n’étais pas au courant des faux bordereaux qui avaient été émis.

C’est plus tard que l’ASCE-LC m’a dit que tout le carburant n’a pas été entièrement livré. Je ne suis personnellement pas trop au parfum de ces contrats parce que le domaine du carburant est un domaine assez spécifique. Il demande beaucoup de flux d’argent. Par jour, le DAF lui-même peut décaisser de l’argent à hauteur de 100 millions. Le contrat passé était de 70 millions. Je ne vois pas en quoi c’était si spécifique pour que je m’intéresse à ce contrat », a-t-il expliqué.

L’audition de ce témoin s’est poursuivie avec l’interrogatoire de Me Marcelin Ziba, conseil du Réseau national de lutte contre la corruption (REN-LAC). Tiraillé par ce dernier à maintes reprises, les avocats de la défense ont interpellé le tribunal pour que Me Ziba baisse d’un ton sur le témoin. « Même le parquet ne lui a pas parlé comme ça. Ce n’est pas un prévenu. Il est juste appelé pour être entendu. Nous souhaitons qu’il lui parle avec un ton beaucoup plus calme et respectueux » dira Me Seydou Yamba.

Le deuxième témoin à cette barre était le Directeur général de Green Energie, Mahamadi Sawadogo, frère direct du Président du conseil d’administration, Yassia Sawadogo, prévenu dans cette affaire. De son audition, les conseils ont relevé avec désarroi que ce dernier ignore plusieurs paramètres de ce contrat mais aussi de sa société en général. « J’ai des responsabilités dans d’autres sociétés et c’est Minata Coulibaly, la responsable commerciale qui a été désignée pour négocier et signer les contrats. Pour ce qui est des contrats en cause, je ne sais ni comment ils ont été négociés ni comment ils ont été formés » a laissé entendre le témoin.

Interrogé par ailleurs sur le fait que c’est lui qui doit signer certains documents pour que le carburant puisse être livré, Mahamadi Sawadogo se défend en arguant que les contrats ont été conclus en 2020, date de son arrivée dans la société. « Je dois dire que dans ce domaine je n’ai pas vraiment trop d’expériences, contrairement au PCA qui est là depuis 2012. Avant moi, madame Coulibaly travaillait avec lui. Donc au cas où je suis injoignable, elle peut directement prendre l’aval de ce dernier et c’est ce qui a été fait » a-t-il expliqué.

L’audience du jour s’est terminée avec l’audition de ces deux témoins. Elle reprend le jeudi 29 juin 2023 à 9h.

Erwan Compaoré

Lefaso.net

Source: LeFaso.net