Au titre des témoins dans le procès Vincent Dabilgou, figure le trésorier du Nouveau temps pour la démocratie (NTD), Amadou Onadja. Ce mardi 27 juin 2023, il a justifié devant le tribunal, la provenance des 80 millions fcfa que M. Dabilgou dit avoir reçus de l’Alliance des partis politiques de la majorité (APMP) et la gestion qui en a été faite.
« D’où viennent les financements du NTD ? ». Telle est d’entrée de jeu, la question qui a été adressée au témoin. « Les fonds du NTD viennent des cotisations, des dons et des contributions des responsables du parti. Pour les dépôts de candidature il y a une cotisation. Pour la campagne, il n’a pas été élaboré un état pour dire ce qu’il faut précisément. C’est chaque candidat qui porte sa campagne avec ses propres fonds » a-t-il répondu.
A la question de savoir combien il avait reçu de la part de l’APMP et combien de motos avaient été acquises par le NTD pour la campagne, le témoin répondra comme suit : « Je profite avant de répondre à la question préciser une chose que j’ai dite au niveau de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC). Ce n’est pas 5 millions fcfa que l’APMP a remis mais c’est plutôt 80 millions fcfa. Cette somme a été remise au président du parti, Vincent Dabilgou. La première fois que j’ai été entendu par L’ASCE-LC, j’ai dit que je ne me rappelle pas vraiment du montant mais j’ai juste dit que j’ai reçu 5 millions qui ont été répartis entre les candidats.
Toutefois, j’ai promis que je reviendrais avec les documents pour dire clairement combien j’ai reçu. Le lendemain, je suis allé justifier avec les documents que nous avons reçus en vrai 80 millions fcfa et que cet argent a été réparti entre les candidats. Pour ce qui est des engins, combien de motos ont été achetées, je ne saurai le dire. Mais tout ce que je sais, c’est que les fonds du parti ne pouvaient pas suffire à acheter ces motos. Je précise aussi que ce n’est pas le parti qui les a achetées, mais il s’agit d’une contribution personnelle du président Vincent Dabilgou pour la campagne. »
Pour le procureur, les déclarations du témoin montrent à souhait que du faux leur a été servi depuis le début. « Vous dites que vous avez reçu les 80 millions avant le début de la campagne, c’est a dire avant même le 31 octobre. Alors que la deuxième décharge signée par M. Dabilgou et qui attestait qu’il recevait les 50 millions de l’APMP a été signée le 3 novembre. C’est quand même bizarre » a-t-il relevé
« Le trésorier ne peut pas nous dire qu’il a reçu 80 millions alors que Clément Sawadogo, le boss des boss même de l’APMP, a dit qu’il a remis l’argent en deux tranches. 30 millions d’abord et 50 millions après. S’il est vrai qu’il a reçu 80 millions de l’APMP alors que cela s’est fait en deux tranches, c’est que l’argent ne provient pas de la même source. Cela veut dire que M. Dabilgou a, en recevant la première enveloppe en septembre, a attendu jusque après le 3 novembre, date à laquelle il a reçu la deuxième enveloppe, pour remettre l’argent au trésorier. Chose qui n’est pas le cas, parce que le témoin dit avoir reçu les 80 millions en espèces, avant même le début de la campagne qui était le 31 octobre » a renchéri Me Ouali, conseil de Jean Gabriel Séré.
« Le témoin dit avoir reçu 80 millions qu’il a répartis entre les candidats au sein du parti, alors que M. Dabilgou dit que de ces 80 millions là, 10 millions ont été remis à M. Koanda pour acheter des motos. Des deux versions, laquelle doit-on retenir ? » s’interroge Me Marcelin Ziba, conseil du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC).
Appelé à la barre pour éclaircir cette affaire, Vincent Dabilgou explique que le procureur et sa suite ont tout faux, car depuis le début, il a clairement précisé que l’argent qui lui a été donné par l’APMP a été après remis entre les mains du trésorier après le debut la campagne. De ses dires, c’est par « stratégie politique » qu’il avait gardé les 30 millions par devers lui, avant de les rendre au trésorier une fois que la deuxième enveloppe a été perçue.
Pour ses conseils, les PV sur lesquels se base le parquet pour faire pression sur le tribunal sont lacunaires et mal constitués car ne contenant pas certaines informations, capitales pourtant pour la manifestation de la vérité dans le cadre de ce procès. « Ce qui est bien dans cette affaire c’est que les PV d’enquêtes préliminaires ne tiennent pas le juge, sinon le témoin ne serait pas appelé à la barre. Et même là, les PV ne témoignent pas entièrement de ce dont parle le témoin.
Il a précisé qu’il est revenu le lendemain pour justifier que c’est bel et bien 80 millions que l’APMP a remis au président du parti pour la campagne, mais les PV n’en font pas cas. Ce n’est souvent pas facile quand on est entendus par L’ASCE-LC. Nous savons tous les conditions dans lesquelles ces interrogatoires se tiennent. Raison pour laquelle, pour que la lumière soit faite sur cette affaire, nous souhaitons que soient privilégiées les déclarations qui ont été faites ici à la barre par le témoin », ont ils conclu.
Erwan Compaoré
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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