L’audience de ce jeudi 22 juin 2023 dans l’affaire de l’appel à incendier le palais du Mogho Naaba s’est poursuivie dans la soirée avec la comparution de Abdoul Karim Baguian dit Lota, Lookmann Sawadogo et Alain Traoré.
Abdoul Karim Baguian dit Lota est appelé à 16h32, suivi de Lookmann Sawadogo à 16h57 et de Alain Traoré alias Alain Alain à 17h05.
Lota dit avoir été interpellé le 7 mai 2023 autour de 19h à son bureau, pour une émission qu’il a animée sur la télé Canal3. Le prévenu fait savoir qu’il a reçu l’audio d’un groupe WhatsApp (audio relatif à l’appel à incendier le palais du Mogho Naaba). Des propos qu’il qualifie de « gravissimes » avant de préciser qu’il a un lien de famille avec le Mogho Naaba. Il dit s’être même rendu dans la même nuit dans la cour du Mogho Naaba, où il a pu échanger avec un proche de l’autorité coutumière.
Lookmann Sawadogo reconnaît qu’il échange régulièrement avec Lota, qui est son oncle et dans le cadre du Collectif des journalistes, activistes et leaders d’opinion menacés (Lota faisant également l’objet de menaces).
Alain Traoré alias Alain Alain a, à la demande du président du tribunal, fait savoir que lui et Lota se sont connus, il y a deux ou trois ans. Ils se sont également retrouvés dans le Collectif des journalistes, activistes et leaders d’opinion menacés.
Dans les extraits des procès-verbaux d’auditions à la police et devant le Procureur du Faso, il ressort que des échanges avec ses contacts, dont Lookmann Sawadogo et Alain Traoré, Lota a déclaré qu’il est temps maintenant de « lancer l’assaut ». S’ouvre donc un épisode de questions aux trois prévenus sur ce qu’implique l’expression « lancer l’assaut ».
Mais avant, le tribunal a voulu comprendre les liens qui existent entre les prévenus et certains de leurs contacts, et surtout les sujets d’échanges. « Connaissez-vous Naïm Touré (activiste : ndlr) ? », question du tribunal à Alain Alain, qui répond par l’affirmative. « Avec Naïm Touré, avez-vous parlé de : ‘’il faut qu’ils tombent », parlant des autorités actuelles ? », demande le juge. « Oui, c’est possible », répond Alain Alain, signalant qu’il reste cependant à connaître le contexte, à savoir s’il réagissait à un message de son interlocuteur ou s’il était, lui-même, à l’initiative dudit message.
Le prévenu indique avoir également échangé avec Aminata Rachow (activiste : ndlr), une fois, sur la situation nationale. En réaction au message de Abdoul Karim Baguian dit Lota sur l’assaut, Alain Alain a dit : « il nous manque des leaders pour lancer l’assaut, les politiques ont peur » (selon les procès-verbaux).
« Contre qui voulez-vous lancer l’assaut ? », lance le président du tribunal, rappelant qu’à la police, le prévenu a déclaré que c’est « contre le président du Faso et son gouvernement, parce qu’ils voulaient museler la presse ». Alain Alain maintient cette déclaration à la barre.
Il a cependant relevé plus haut qu’après avoir répondu au message de son interlocuteur Lota, il a commencé à se raviser de ne peut-être pas avoir la même compréhension que ce dernier par rapport à l’expression « lancer l’assaut ». Ce d’autant que, précise-t-il, Lota parlait de moyens financiers pour le faire. Il dit estimer que pour le journaliste qu’il est, dénoncer et lancer les activités du Collectif des journalistes, activistes et leaders d’opinion menacés, n’impliquent pas des ressources financières. Il soutient donc que « lancer l’assaut » signifie pour lui, lancer véritablement les activités du Collectif, en allant vers les chancelleries et les institutions pour faire entendre la cause de l’organisation, dont les membres sont menacés de mort, souvent avec leurs familles.
Abdoul Karim Baguian dit Lota explique également au tribunal que « lancer l’assaut » consiste à lancer les activités du Collectif des journalistes, activistes et leaders d’opinion menacés, en approchant les chancelleries et certaines institutions nationales et mobiliser des Fonds pour venir en assistance aux membres menacés (des plaintes ayant été déposées par certains devant les juridictions).
Mais le tribunal lui oppose ce passage issu des procès-verbaux d’auditions : « Il est temps qu’on agisse. Voici le mode opératoire : mobiliser les jeunes dans les quartiers, marchés et yaars pour déguerpir les pros-IB (Ibrahim Traoré, les pro-russes) ; mobiliser des jeunes dans les carrefours pour brûler des pneus ; mobiliser les bouchers et mettre en place une cellule de veille, etc. ». Le budget de ce projet est estimé à 20 millions FCFA.
Le même message appelant à « lancer l’assaut » a été envoyé à Lookmann Sawadogo. Ce dernier répond par « ok, on se reparle demain » (échanges autour de 22h). M. Sawadogo confie qu’il n’accorde pas de l’importance, pas plus que des échanges entre neveu et oncle, aux échanges avec Lota.
Toujours selon les extraits des procès-verbaux, lorsque Lota a écrit à Pascal Zaïda pour signifier qu’il faut lancer maintenant l’assaut, ce dernier a dit avoir contacté des leaders politiques. Finalement, le côté politique ne répond pas aux attentes escomptées. Tout comme les contacts avec un certain Abdoulaye Barry et bien d’autres (qui n’ont pas réagi).
L’audience a été suspendue à 18h, elle reprend demain, vendredi, 23 juin à 8h30.
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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