La société de promotion immobilière Abdoul’Service a animé une conférence de presse et une visite de terrain, ce mardi 20 juin 2023 à Ouagadougou, sur ses sites de Saaba et Boassa. Une sortie qui fait suite aux récentes revendications des résidents qui reprochent au promoteur immobilier de ne pas jouer franc-jeu.

Las de ce qu’ils qualifiaient de fausses promesses, des résidents de la cité Saaba 2 d’Abdoul’Service organisaient le 13 mai dernier, un sit-in au siège de la société. Munis de banderoles et de pancartes, ils avaient exigé de la société le respect de ses engagements contractuels en matière de délivrance de titres fonciers et de viabilisation de la cité à travers l’alimentation en eau potable, l’électrification et l’aménagement des voiries. Deux semaines plus tard, c’était au tour du collectif des résidents de la cité de Boassa d’entrer dans la danse.

Devanture d’une villa Abdoul Service dans la commune rurale de Saaba

Face à toutes ces récriminations, le président-directeur général de la société, Abdoul Ouédraogo, et ses collaborateurs ont apporté leur part de vérité. Tout en reconnaissant le bien-fondé de la lutte des résidents, le promoteur d’Abdoul’Service a indiqué à la presse que certaines déclarations avancées par les résidents lors de leurs sorties n’étaient pas justes.

Il a par exemple indiqué que pendant que la société était en pourparlers avec la Société nationale d’électricité du Burkina Faso (SONABEL), les résidents de la cité Saaba 2 ont réclamé des lampadaires solaires. « Nous avons mis près de 80 lampadaires en attendant l’arrivée de la SONABEL, mais les résidents de la cité n’en n’ont pas fait cas », regrette le P-DG d’Abdoul’Service.

Durant la conférence de presse, le P-DG Abdoul Ouédraogo était accompagné de son collaborateur Yacouba Barry

Deux conventions signés avec la SONABEL et l’ONEA

Selon Abdoul Ouédraogo, sa société a signé le 7 juin 2023 une convention avec la SONABEL, après des négociations avec le ministère de l’Energie. Cette convention porte sur l’alimentation électrique des sites d’Abdoul Service à Saaba 2, Zagtouli 1, Zagtouli 2, Boassa et Bassem-Yam. Selon les documents qu’il a brandis, cette convention s’élève à deux milliards six cent seize millions huit cent quatre-vingt-quatorze mille cinq cent francs CFA. « Nous avons signé la convention pour apaiser les tensions de ceux qui sont dans les cités ».

« Avec les résidents de la cité Saaba 2, nous avons tenu plus de cinq rencontres. Personne à Saaba 2 ne peut lever le doigt pour dire qu’il n’y a pas d’eau dans la cité. Au moment de leur sit-in, seule l’extension de la cité n’avait pas d’eau », a indiqué Abdoul Ouédraogo, qui ajoute qu’une autre convention d’un milliard de francs CFA a été signée avec l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) pour l’alimentation en eau potable sur les sites de Bassem-Yam et Silmiougou.

Le promoteur d’Abdoul Service a brandi des titres fonciers déjà disponibles

Une route bitumée de trois kilomètres à Saaba

En ce qui concerne l’aménagement de la route d’accès à la cité, Abdoul’Service précise qu’elle a financé la réalisation d’une route de trois kilomètres à hauteur d’un milliard de francs CFA, de l’intersection du marché de Saaba jusqu’à la cité. « Nous n’avions même pas besoin de faire cette route car cela ne relève pas de notre convention. Mais, nous estimons que quand vous logez des citoyens, vous devez quand même leur permettre de circuler tranquillement pour rejoindre leurs domiciles », a-t-il relevé.

Cette réalisation a été salué par le président de la délégation spéciale de la commune rurale de Saaba, Kassoum Kaboré qui a égrené les actes posés par la société au profit de sa collectivité : une ambulance, un corbillard et un cimetière de treize hectares dont trois hectares ont été clôturés.

Pour accéder au site de la cité de Saaba, les journalistes ont emprunté la route bitumée par la société immobilière longue de trois kilomètres

De l’eau dans la cité de Boassa en attendant l’électricité

Propriétaire d’une villa F3 haut standing de 35 millions de francs CFA dans la cité de Boassa dans laquelle il vit maintenant depuis deux mois, Mathieu Segda semble avoir toutes les commodités chez lui. « Vous pouvez entrer visiter. J’ai eu mon titre foncier il y a un an de cela. J’ai l’eau et l’électricité. J’utilise pour l’instant des plaques solaires, mais j’espère que d’ici là le promoteur ferra venir la SONABEL », a-t-il souhaité.

Notons qu’avant l’alimentation en eau potable de l’ONEA dans cette cité située à la périphérie ouest de Ouagadougou, Abdoul’Service avait réalisé, sur conseil de l’Office, deux châteaux, un en contrebas et un autre en hauteur. « Comme les sites sont en hauteur, l’ONEA nous avait dit que cela prendrait donc du temps pour l’arrivée de l’eau. Nous avons dépensé plus de trois cent millions de francs CFA pour ces châteaux d’eau. Nous avons mis des compteurs individuels dans chaque maison depuis maintenant quatre ans. Quand l’ONEA est arrivée, il a retiré la fontaine qui était plus en contrebas pour faire ses branchements », indique le P-DG d’Abdoul’Service. Il a relevé que les résidents, malgré leur mécontentement, auraient dû reconnaître les efforts fournis par la société.

De l’eau disponible chez un résident de la société Abdoul’Service à Saaba

Des titres fonciers disponibles pour certains mais ça traine pour d’autres

Quant aux titres fonciers, la société de promotion immobilière indique en avoir obtenu pour certains résidents « Quand vous déposez les demandes des titres fonciers, on vous donne le titre foncier mère. C’est après le morcellement qu’on donne les titres fonciers individuels. Pour Saaba 2, nous avons un titre foncier mère et des titres fonciers individuels. Il y a des dossiers qu’on a déposés depuis mars 2020, mais on n’a pas encore eu gain de cause », explique Abdoul Ouédraogo qui a brandi le titre foncier mère de Boassa, qu’il dit détenir depuis 2015.

A la cité de Boassa, Segda Mathieu affirme avoir déjà son titre foncier depuis maintenant un an

« Pour la cité de Boassa, nous avons fait le dépôt pour l’obtention depuis octobre 2019. Et c’est dans ce mois de juin 2023 que nous avons pu récupérer les titres fonciers. Et ce n’est pas en grand nombre. Comme nous avons plusieurs sites, nous déposions une centaine par site pour le dépôt. Nous avons eu des problèmes avec les impôts lors de leur récent déménagement. Nous avons perdu des documents et nous étions obligés d’y retourner. Maintenant, nous n’allons plus avec un grand nombre », se justifie Abdoul’Service.

Avant l’arrivée de l’ONEA dans la cité de Boassa, Abdoul Service indique avoir construit deux châteaux d’eau pour les résidents

« 80 000 personnes logées depuis 2012 »

Notons que c’est en 2012-2013 qu’Abdoul’Service international a commencé ses activités de promotion immobilière au Burkina Faso après la Côte d’Ivoire. La société dispose de neuf sites et affirme avoir logé jusqu’à ce jour près de 80 000 personnes. Selon le promoteur, les logements sociaux sont accessibles à partir de 7 500 000 francs CFA et 9 850 000 francs CFA. La société a inauguré cette année la première cité fermée du pays qui abrite une soixantaine d’appartements et villas sur une superficie d’un hectare. Souvent critiquée pour son manque de communication avec les résidents de ses cités, la société, tout en reconnaissant ces insuffisances, dit travailler à s’améliorer. Elle a indiqué qu’elle a mis en place au sein des cités des comités de suivi composés de résidents et d’agents d’Abdoul’Service.

HFB

Lefaso.net

Source: LeFaso.net