Créé en 2005, le musée Senoufo est situé au quartier Belle-Ville de Bobo-Dioulasso sur la route de Nasso. Bien que le nom du musée soit attribué aux senoufo, sa création est à l’initiative d’un expatrié. Pour en savoir un peu plus sur ce musée, Lefaso.net a rencontré l’animateur et conservateur dudit musée Bakary Moïse Traoré.

Lefaso.net : Le musée est dédié aux sénoufo d’où l’appellation musée Sénoufo, qu’est-ce qui a motivé cela ?

Bakary Moïse Traoré : Effectivement ce sont les senoufo qui ont la priorité dans ce musée, mais c’est avant tout un Centre de recherche pour la sauvegarde et la promotion de la culture Senoufo parce que l’initiateur a vécu avec les senoufo pendant 50 ans. C’est donc un centre ouvert à tout le monde et le centre porte le nom René Fournier parce que l’initiateur qui était un prêtre espagnol a vécu avec les senoufo pendant 50 ans au Mali et a réalisé le projet avec l’aide d’une famille amie du Mali.

l’animateur et conservateur dudit musée Bakary Moïse Traoré

Donc un des fils de cette famille amie au prêtre a reconduit ce projet à Bobo-Dioulasso, ville dans laquelle il est décédé précisément à l’hôpital Sourou Sanou. Voilà pourquoi le centre porte le nom René Fournier comme marque de reconnaissance de la famille amie qui l’a aidé à réaliser le projet. Le centre est géré par une association dont le président est Monseigneur Anselme Titianma Sanon grâce à qui le projet est arrivé au Burkina et c’est lui-même qui a donné le terrain pour la réalisation du projet. Donc c’est un centre qui met en avant le nom de senoufo mais en réalité, ce n’est pas un centre seulement pour les sénoufo, c’est-à-dire que même si une autre communauté veut venir faire la promotion de sa culture, elle est la bienvenue.

Vue de l’exposition thématique cuisine senoufo et sacré

Lefaso.net : Qu’est-ce qui est exposé au musée Sénoufo ?

C’est une petite salle d’exposition dans laquelle nous faisons des expositions thématiques sur la culture senoufo ; mais le thème qui est en actualité a un rapport avec la cuisine senoufo. Ce thème actuel est L’art culinaire en pays senoufo en lien avec la santé, la nutrition et l’économie locale. De façon pratique, nous parlons d’abord de la production, des denrées alimentaires parce qu’on ne peut pas parler de la cuisine sans parler de la production.

Après la production des denrées alimentaires, nous parlons de celles que les senoufo produisent, le rôle de la femme, le bureau de la femme, le travail de la femme, les ustensiles de cuisine, l’autonomie de la femme et maintenant l’implication de la cuisine dans les différents rites dans la société sénoufo. Mais si vous revenez demain par exemple, vous allez découvrir un autre thème.

Vue de l’exposition thématique cuisine senoufo et environnement

Lefaso.net : Quelles sont les activités menées au musée ?

Comme je l’ai souligné, le musée senoufo est aussi un centre de recherche pour la sauvegarde et la promotion de la culture senoufo. Le musée fonctionne à travers quatre volets d’activités : il y a d’abord l’étude et la promotion de la langue, c’est-à-dire que nous étudions la langue senoufo et nous faisons la promotion de cette langue, nous faisons également des recherches sur les fondamentaux de la culture senoufo, nous organisons des spectacles et animations et le quatrième volet est la salle d’exposition où nous avons des expositions sur la culture senoufo.

Lefaso.net : Que peut-on retenir de la culture sénoufo ?

Quand on parle de la culture senoufo, je dirais que c’est l’ensemble de son patrimoine culturel matériel et immatériel. Ce qui est typique chez les senoufo il y a d’abord les prénoms par ordre de naissance : Par exemple chez les sénoufo, quand on dit Zé ou Zegué ça désigne le premier garçon. Donc quand tu vois quelqu’un qui dit qu’il s’appelle par exemple Zé, tu sais déjà que c’est un senoufo.

Il y a également la danse, et surtout le balafon. Tout le monde sait que même si on retrouve le balafon dans presque toutes les communautés, le balafon senoufo est encore plus influent que le balafon des autres sociétés avec surtout Neba Solo du Mali qui a fait la promotion du balafon et l’a modernisé. Ce qui fait que le balafon est très répandu chez les senoufo et il est presque impliqué dans tous leurs rites c’est-à-dire qu’on peut le jouer aussi à toutes les occasions.

Vue d’une partie de la salle d’exposition du musée Senoufo

Lefaso.net : Combien de visiteurs le musée accueille par an ?

Avant que la situation ne soit compliquée c’est-à-dire l’insécurité que connaît le Burkina Faso, nous étions à plus de 2000 par an. Mais actuellement on avoisine les 2000 avec la visite des écoles parce qu’actuellement, ce sont les nationaux qui viennent le plus. Les écoles sont à priori les publics cibles surtout des musées parce qu’elles visent la nouvelle génération. Il y a aussi les nationaux adultes, les expatriés mais actuellement avec la situation d’insécurité, ce sont les nationaux qui visitent actuellement plus que les expatriés, sinon avant c’était les expatriés mais actuellement c’est les nationaux surtout les écoles.

Pour visiter le musée c’est payant mais en réalité c’est juste une contribution qu’on demande sinon la visite d’un musée n’est pas payante. On fixe la contribution en fonction de la catégorie du visiteur à savoir 50F pour les préscolaires, 100F pour les élèves du primaire, 150F pour les collégiens et les lycéens, 250F pour les étudiants et les grandes écoles, 500 pour les nationaux adultes et les expatriés 1000F.

Vue d’un local du musée Senoufo

Lefaso.net : Quelles sont les difficultés rencontrées au niveau du musée ?

Comme tout autre musée public ou privé, le musée Senoufo rencontre également des difficultés. Par exemple on n’est pas subventionné par l’Etat et il y a un problème de personnel qualifié. Je suis seul avec le directeur et nous sommes obligés de jouer tous les rôles. Nous n’avons pas de conservateur, pas de restaurateur, je suis en même temps l’animateur et le conservateur du musée, donc il y a un problème de personnel qualifié. Nous avons également un problème de partenariat parce que les partenaires qui nous finançaient n’arrivent plus à le faire.

Vue de photographies de la vie des Senoufo

Lefaso.net : Y a-t-il des projets innovants en vue pour le musée ?

Nous songeons à beaucoup de choses : Nous comptons par exemple construire une salle de conférence, rendre plus salubre l’espace d’animation… En tout cas nous avons beaucoup de projets. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Haoua Touré

Lefaso.net

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Source: LeFaso.net