Après s’être déportés de l’affaire lors de l’audience du mardi 21 mars 2023, les avocats de l’ancien ministre des transports, Vincent Dabilgou ont convoqué la presse dans l’après-midi de ce mercredi 22 mars 2023, pour s’expliquer. Ils disent avoir constaté « des violations graves des conditions d’exercice de la profession d’avocat relevées dans le cadre de cette affaire ».
Les avocats de l’ancien ministre des transports sont remontés contre certaines violations des conditions d’exercice de la profession d’avocat relevées lors de son procès. Ils l’ont fait savoir au cours d’un point de presse. Maître Ambroise Farama, Maître Apollinaire Yaméogo, le cabinet Birba-Guitanga et associés, tous conseils de Vincent Dabilgou, affirment que ce dernier et ses avocats ont été mis sur écoute. Ils assurent que les communications de l’ancien ministre, y compris celles qu’il a eues avec ses avocats, ont été synthétisées et versées au dossier.
« Il est bon qu’il soit su que le parquet du pôle économique et financier a tracé, ou, fait tracer les communications téléphoniques entre le prévenu Vincent Dabilgou et ses avocats et versé le rapport dans le dossier du tribunal pour soutenir son accusation. (…) Les communications, y compris celles qu’il a eues avec ses avocats, ont été synthétisées et versées au dossier », expliquent-ils.
- Les journalistes présents à ce point de presse
Une chose que Maître Ambroise Farama, Maître Christophe Birba et associés trouvent « scandaleux, inadmissible et inacceptable ». « C’est un scandale inacceptable que les communications entre un justiciable et son avocat se retrouvent dans le dossier judiciaire. C’est une violation regrettable des droits de l’homme que nous dénonçons. Vincent Dabilgou a le droit de discuter en toute intimité avec ses avocats-conseils et cette intrusion déloyale est inadmissible. Si nous admettons cela en tant qu’avocats, c’est sacrifier le libre exercice de notre profession et ouvrir la porte à toutes sortes d’intrusions dans l’intimité de la vie des citoyens », soutiennent-ils.
- Maître Ambroise Farama, avocat de l’ancien ministre des transports a refusé de conduire son client dans un chemin qui n’est pas celui du droit
Ils ont de nouveau martelé que le juge du tribunal de grande instance de Ouaga 1 est incompétent pour juger l’ancien ministre. « L’article 138 de la constitution prévoit que lorsqu’on veut demander des comptes à un ministre pour des faits qui se rattachent à sa gestion de ministre, c’est la Haute Cour de justice et elle seule qui s’en charge. Le procureur du TGI Ouaga 1 n’est pas de la Haute Cour de justice. Le Tribunal de Grande Instance ne peut pas juger un justiciable de la Haute Cour. Il n’y a que la Haute Cour qui peut légalement priver Monsieur Dabilgou de sa liberté et personne d’autre, sauf à s’écarter de la République. Le procureur l’ayant privé de la liberté alors qu’il n’a pas l’habilitation constitutionnelle pour le faire, la détention de Vincent Dabilgou est l’exemple type d’une détention arbitraire », a laissé entendre Maître Christophe Birba dans sa déclaration liminaire.
- Maître Christophe Birba, l’un des conseils de Vincent Dabilgou soutient « qu’on fait de la force » à son client
Pour Maître Ambroise Farama et ses associés, le ministre Vincent Dabilgou est victime de persécutions à des fins occultes. « Toutes ces violations des droits de l’homme magistralement administrées à Monsieur Dabilgou nous fondent à soutenir que les présentes poursuites sont orientées manifestement vers la satisfaction d’intérêts occultes. C’est tout sauf la satisfaction de l’Etat de droit, c’est tout sauf la lutte contre la corruption. Monsieur Dabilgou est prêt à rendre compte de sa gestion. S’il a fauté, il est prêt à en payer le prix comme tout républicain. Mais il doit le faire devant l’autorité judiciaire désignée par la Constitution, c’est-à-dire la Haute Cour de justice et dans le respect de ses droits procéduraux », ont-ils déclaré.
- Le présidium lors de cette conférence
Les avocats de Vincent Dabilgou s’indignent également que « le principal pilier de l’Etat de droit est en passe de céder » et interpellent par ailleurs les « acteurs judiciaires, auteurs des persécutions, à cesser de toute urgence ces violations ».
Pour finir, les conseils de l’ancien ministre en charge des transports estiment que si les conditions, notamment le respect des droits de l’homme et des principes de l’Etat de droit sont garantis, ils reprendront leur travail.
Mamadou ZONGO
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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