Il fait partie des benjamins de la VIIème Législature, installée le 30 décembre 2015. A l’Assemblée nationale où il siège en tant qu’élu de son parti dans la circonscription du Kadiogo (la capitale), il occupe le poste de 6ème secrétaire parlementaire. Président des jeunes de la deuxième force politique du pays, l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC), Léonce Zagré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, perçoit la politique et s’y adonne comme « domaine par excellence de sacrifice personnel pour sa communauté ».
Né le 25 Novembre 1979 à Ouagadougou, Léonce Zagré est marié et père d’un enfant. Des propos de ses amis, « camarades militants » et collaborateurs à son sujet sont sans équivoques : ce leader de la jeunesse UPC est un homme accessible, respectueux, humble et serein. Il considère également la politique comme un sacerdoce et garde précieuses, ses relations avec son entourage et les militants de son parti.
La vie politique du député Zagré s’annonce véritablement en 2009. Cette année-là symbolise le ‘’début » de l’offensive contre le projet de modification de l’article 37 de la loi fondamentale et la lutte contre la « patrimonialisation de l’Etat par le régime Compaoré ». Et le FOCAL (Forum des citoyennes et citoyens de l’alternance) constitue l’un des foyers de lutte de cette époque. Alors leader de la vie associative, Léonce Zagré est invité à ce cadre de réflexion sur l’avenir du pays. Mais, jusque-là, il était encore loin de s’imaginer que se mettaient en place, les conditions de sa descente dans l’arène politique.
Lui que les « hommes politiques de l’époque » jusque-là, peinaient à convaincre à franchir le seuil de la vie politique. Mais, le contenu de cette première édition du FOCAL va l’emballer et Zéphirin Diabré, l’initiateur du Forum, s’impose à ses yeux en véritable référence de valeurs. Quelques temps après cette édition, l’ancien cadre du groupe AREVA, M. Diabré, va créer en mars 2010 son parti politique ; l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC). Léonce Zagré n’hésite donc pas à embarquer avec l’UPC dès sa création, brisant ainsi les stéréotypes qu’il avait des hommes politiques. « Je me suis dit … : voilà, c’est l’homme qu’attendait la jeunesse. Zéphirin Diabré nous a convaincus qu’il incarne les valeurs dont avaient toujours rêvé la jeunesse et le peuple … Et la suite des évènements m’a donné raison… », dévoile le natif de Gounghin (quartier ouest de la capitale).
Dès lors, Léonce Zagré va se donner pour mission principale d’amener la jeunesse à s’intéresser à la chose politique, convaincu qu’on ne peut changer l’ordre des choses que si l’on est engagé activement. « C’est à force de penser que ma voix n’apporte pas un plus au changement que le pouvoir Compaoré est resté pendant 27 ans. Et avec la création de l’UPC, l’histoire nous a donné raison. Quand vous prenez la base de données de ceux qui ont pris la carte de militant de notre parti, vous constaterez que la majeure partie est constituée de jeunes. C’est dire que cette jeunesse est sensible au message du vrai changement et n’attendait qu’un leader éclairé pour s’engager dans ce combat pour le vrai changement », déclare le président des jeunes de l’UPC, Léonce Zagré.
Insurrection populaire des 30 et 31 octobre2014, un moment capital pour lui !
De son rôle de président des jeunes de son parti, UPC, Léonce Zagré a pris part activement dans les marches-meetings organisées par le CFOP-BF (Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso)dans le cadre de la lutte contre la mise en place du Sénat et la révision de l’article 37 de la Constitution. Coopté à la commission chargée de la sécurité du CFOP-BF dès la première manifestation, le leader des jeunes du ‘’parti du lion » était devenu, selon ses proches, la personne sur qui reposait pratiquement la mobilisation des jeunes pour assurer la sécurité lors des différentes manifestations.
« J’assurais avec Adama Zagré et Malick Yamba, la coordination de la commission sécurité. Mais en plus de ce rôle, j’avais la lourde charge de mobiliser le plus de jeunes possibles pour assurer le service sécurité. Et en moyenne, je venais avec plus de 200 jeunes militants de mon parti à cet effet à chaque manifestation. Le jour du 30 octobre, c’est moi qui ai convoyé les députés de l’opposition du siège du CFOP-BF à l’Assemblée Nationale », retrace Léonce Zagré avant de marquer une pensée pieuse envers tous les martyrsde ces moments difficiles qu’a traversés le pays.
‘’…Nous avons eu du mal à comprendre, tout de suite, le geste de Zéphirin Diabré »
Après la chute du régime Compaoré et l’élection présidentielle du 29 novembre 2015 à laquelle son mentor n’a pas obtenu le suffrage nécessaire, Léonce Zagré avoue retenir de vivantes leçons de démocratie. Il salue, en effet,« le fair-play du président Diabré à la Présidentielle du 29 novembre 2015, lorsqu’il est allé féliciter son principal challenger-vainqueur, avant même la proclamation officielle des résultats. J’ai été très, très touché par ce fair-play parce qu’en tant que jeune, je n’étais pas sûr qu’à sa place, j’allais pouvoir poser cet acte. Au niveau de la jeunesse, nous avons eu du mal à comprendre tout de suite son geste. Mais, en tant que militants disciplinés, nous nous sommes soumis parce que c’était difficile pour nous, au tout début, de comprendre son geste.
C’est par la suite que nous avons compris. C’est vraiment un homme responsable…et tout acte qu’il pose, c’est après une réflexion approfondie et son amour pour la Patrie est tel que le pays se trouve au-dessus de ses ambitions personnelles ». Preuve donc qu’il a choisi, note-t-il, la bonne destination politique ; parce qu’ayant toujours cru qu’on s’engage en politique, pas pour soi mais plutôt pour l’intérêt général. « Si c’est pour des ambitions personnelles, mieux vaut ne pas s’engager en politique », estime-t-il. A la jeunesse, M. Zagré recommande d’investir la vie politique ; ne pas laisser les autres décider de ce que sera la Patrie. Ce, d’autant que ce sont les jeunes qui, demain, vivront et seront appelés à assurer la relève. Aux côtés d’autres jeunes à l’Assemblée nationale, Léonce Zagré se considère en mission au regard non seulement des attentes de la jeunesse mais également de la nécessité à travailler à expliciter le rôle du député, jusque-là souvent mal compris par une bonne partie des populations.
Un parcours scolaire imposé !
Comme de nombreux jeunes burkinabè, Léonce Zagré indique que sa vie n’a pas été un fleuve tranquille. « Mais, je n’ai jamais baissé les bras. Partout où je suis, je fais l’effort d’aimer ce que je fais, même si ce n’est pas le métier de rêve », a-t-il confié. Plus brillant en mathématiques et en physiques au premier cycle du secondaire, M. Zagré est orienté dans une série littéraire, malgré un BEPC obtenu avec l’entrée en 2nde. N’étant vraiment pas prédisposé à la série A (série littéraire), il ne lui restait que le chemin du privé. Là encore, la force des choses va s’imposer. « En partance pour mon inscription, je me suis retrouvé à la Place de la nation face à un homme politique, très bien connu à l’époque, dont je préfère taire le nom (il n’est plus de ce monde). J’étais avec un grand-frère et nous avons cogné son véhicule par l’arrière.
Le feu rouge s’est brisé. Donc, il a rapidement appelé la police nationale pour dire qu’il a été victime d’un attentat et rapidement, ils (des policiers, ndlr) sont venus lui faire changer de véhicule et il est parti. On s’est retrouvé avec le constat et la police nous a dit : ou vous payez le feu rouge ou on vend la moto pour l’acheter. Par hasard, l’homme politique en question était un voisin ; donc on est allé le voir par personne interposée mais il a dit que ce n’est pas une question de voisinage, etc., que la règle est qu’il faut simplement réparer ce qui est endommagé. A l’époque, les feux-arrière coûtaient environ 60 mille francs. C’est la somme qui devait servir à payer la scolarité qui a finalement été utilisée pour réparer le véhicule », se remémore le député.
Dès lors, il fallait repartir à la première option, c’est-à-dire au Lycée Vénégré où il avait été orienté et poursuivre avec la série A. « Je n’avais plus le choix. Naturellement, j’ai raté le BAC. C’était le premier échec de ma vie qui m’a beaucoup marqué. Ça m’a tellement choqué qu’à la reprise, je ne suivais plus les cours … », revit-il. Néanmoins, la démotivation ne l’empêchera pas d’obtenir le BAC série A4 avec la mention « Assez Bien ». Il poursuivra ses études à l’Université de Ouagadougou, à l’Unité de formation et de recherche en Sciences humaines (UFR/SH), au département de Sociologie.
Du rêve d’avocat au spécialiste en aménagement du territoire et développement local !
Nous sommes en 2001, soit un an après l’année académique invalidée à l’Université de Ouagadougou. En 2004, Léonce Zagré fait partie d’une « short List » de cinq étudiants sélectionnés (via un test) pour une formation au niveau de l’IRD (Institut de recherche pour le développement, un établissement public français à caractère scientifique et technologique). Il reçoit de ce fait, un appui au plan académique et financier pour la rédaction de son mémoire de fin de cycle. « Et la condition est qu’il fallait aussi des étudiants qui allaient être à mesure de soutenir leur mémoire en moins d’une année.
J’ai eu donc la chance d’être sélectionné sur la base de la présentation d‘un projet. On a rompu avec un stéréotype qui était qu’en département de socio (sociologie, ndlr), on ne peut pas soutenir en moins de deux ans. Après la maîtrise, j’ai voulu faire les sciences politiques, Droit ; parce que j’avais le rêve d’être avocat, j’avais une passion donc pour le domaine. Malheureusement, je n’ai pas été sélectionné. Je me suis retrouvé maintenant à l’UFR/SEG où j’ai été sélectionné pour la 3ème promotion de DESS en développement local et gestion des collectivités locales et territoriales », relate le député Zagré. La même année, il réussissait au concours d’entrée à l’ENAM (Ecole nationale de l’Administration et de la Magistrature), en développement local et aménagement du territoire, sur demande du Ministère de l’Economie et des finances pour le recrutement de la 1ère promotion des Conseillers en aménagement du territoire et en développement local. Il sera affecté à la Direction générale de l’aménagement du territoire et du développement local (DGAT/DLR), à l’issue de sa formation professionnelle.
C’est le départ pour une vie professionnelle rapidement promue à l’ascension car, il va adosser différentes responsabilités au sein de sa direction générale avant de gérer, sous la Transition, le Cabinet du ministre du développement de l’économie numérique et des Postes, Amadaou Nébila Yaro. « Dans la vie, on ne fait pas toujours ce qu’on aime. Cependant, il faut toujours aimer ce que l’on fait. Aujourd’hui, je suis très satisfait professionnellement ; parce que la décentralisation fait partie des questions d’actualité et se présente comme le moteur du développement. Donc, je me suis retrouvé par la force des choses, spécialiste de ces questions et je le vis vraiment avec passion.
Avec des amis de la même promotion, nous sommes arrivés à mettre en place un cadre de réflexion dénommé ‘’ Club des professionnels en aménagement du territoire et en développement local » qui nous permet d’apporter notre contribution, autant que faire se peut, aux réflexions d’ensemble. Et le Gouvernement Thiéba nous a donné raison en créant le poste de Secrétaire d’Etat chargé de l’Aménagement du territoire auprès du ministre de l’économie, des finances et du développement et en nommant une de nos promotionnaires (Pauline Zouré/Kaboré, ndlr) comme secrétaire d’Etat », apprécie Léonce Zagré.
Oumar L. OUEDRAOGO
(oumarpro226@gmail.com)
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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