Alpha Housseny Nayete, Burkinabè soucieux et meurtri, adresse à travers les lignes qui suivent, un message au président Damiba et à la hiérarchie militaire du Faso.

Au soir du 24 Janvier 2022, ce fut un grand ouf de soulagement pour notre peuple quand le MPSR lit son grand discours libérateur. Ce fut un soulagement de voir la fin du régime du président Kaboré et de son gouvernement qui fut incapable et incompétent de nous garantir le droit premier, la survie à nos populations.

Six mois après, je ne connais pas personnellement un confrère qui atteste que le pays va mieux qu’au soir du 22 janvier 2022.

Néanmoins vous demeurez un des rares Burkinabè qui pensent que le pays se porte bien. Nous avions été aussi tous stupéfaits de voir le président demander des applaudissements pour le salut qu’il apporta au pays. Monsieur le président, c’est sérieux et tragique ce qui se passe au Burkina, je peux par ailleurs vous garantir que nous serions tous à la place de la révolution pour vous applaudir le jour nous nous sentiront en sécurité et personne ne nous demandera de le faire.

Par cette note, Monsieur le président, nous vous tenons aux mots, si toute fois vous aviez réalisé que vous ou votre groupe est incapable d’assurer ce que vous aviez dit dans votre premier discours, je pense qu’il serait préférable en intellectuel de juste démissionner et donner la place à un autre conseil qui pourra relever le défi.

Néanmoins croyez-moi tout Burkinabè voudrait que le MPSR réussisse dans sa mission. Si donc vous êtes sérieux pour cette mission il va donc falloir l’affronter de plein fouet puis la réconciliation suivra, puis les partages de postes juteux suivra.

Les défis urgents au Burkina ne demeurent pas multiples, le front de la sécurité et la lutte contre le terrorisme demeure la tâche primaire c’est d’ailleurs la justification de votre coup d’état.

A ce jour il est incompréhensible que la réconciliation devienne subitement une priorité pour le Burkina. Certes je ne connais pas vos motivations pour cette réconciliation mais je pense que notre peuple pourra acquérir sa réconciliation véritable le jour les bandits armés cesseront de nous inquiéter dans nos sommeils et dans nos marchés. Une chose est sûre l’oncle Yéro Boly qui est quelqu’un de très intelligent conviendra au fond de lui que la priorité au Faso en ce moment c’est bien la lutte contre le terrorisme.

Mr. le président ne tombez pas dans les erreurs des hommes du passé ou du moins pour les hommes du passé. Je dis bien les hommes du passé car le président Compaoré est le passé, votre ancien chef Zida est le passé, le General Diendéré est encore le passé pour nous les Burkinabè.

Le burkinabè nouveau à un futur qui ne dépend point de ces anciens leaders car ils sont expirés dans le temps quand bien mêmes des leaders et partis politiques veulent toujours briller sous leurs ombres. La victoire pour la patrie que Thomas Sankara faisait allusion était pour le futur, celui du Faso nouveau, le « allons de l’avant ». Aussi vous conviendrez avec moi que « … aucun char, aucun avion … ne vaut l’amour pour la patrie … qui nous fera gagner cette guerre » C’est donc dire que la seule bataille qui vaut la peine c’est celle qui est pour le Faso en entier.

Si donc vous êtes sérieux pour la fonction du président et le défi à garantir la sécurité au Burkina il va falloir donc mobiliser les hommes pour effectuer le travail. Je pense que à en croire aux écrits dans le livre « Armées Ouest-Africaines et Terrorisme : Réponses Incertaines ? » par Paul-Henri Sandaogo DAMIBA (Auteur) vous êtes l’homme de la situation actuelle au Burkina. Vous admettrez aussi donc avec moi que la rumeur de négociation avec les bandits armés est évidemment une erreur car nous avons tous appris que la table de négociation favorise toujours celui qui arrive en sourires. Ma sincère question Monsieur le président, qu’allez-vous dire à la table de négociation ? « SVP vous pouvez arrêter de nous tirer dessus ? Qu’est-ce que l’on peut vous donner pourque vous arrêtez de semer la terreur ? » Je doute fort que cette démarche soit une négociation soutenable et durable.

Venant du milieu de stratégie, je puisse me permettre de donner une idée. Il faudrait traquer ces bandits nuit et jour, arrêter et exterminer les pour qu’ils comprennent une fois que l’on a une armée capable de les retrouver quand on voudra. Si vous arrivez ensuite sur la table de négociation, ils comprendraient que la violation des termes de l’armistice peut entraîner des conséquences graves pour eux. C’est donc de la que la future négociation sera valide et valable.

Aussi en termes de gérance de risques il serait souhaitable de faire des convois de 3 ou 4 camions bien protégés pour les déplacements vers les zones à risques. Je pense qu’il est préférable d’avoir un camion qui arrive à bon port que de risquer une dizaine de camions. Nous avions entendu le gouvernement supporter que certains chauffeurs étaient complices. En gestion de risques, vous devriez même prévoir que le convoi subira des attaques à chaque voyage et donc prévoir la force nécessaire pour le sécuriser car même un seul cas de fatalité dans le convoi est une faille dans le plan de risque. Un convoi qui roule avec l’assomption d’absence d’attaques n’a à priori pas passé le test de risque en logistique militaire.

Finalement toute guerre se gagne par la logistique, les généraux Russes en Ukraine pourront vous le confirmer. Il va falloir rassembler les cartographes, les logisticiens et les hommes de terrains pour installer des bases militaires au Burkina de telle sorte que si on dépose la mine d’un stylo sur n’importe quel lieu de la carte du Burkina, le renfort peut se rendre à ce lieu en 1h.

Le jour que les bases seront installées de cette sorte avec les hommes prêts à l’attaque les terroristes et bandits ne pourront point s’échapper. On ne peut pas empêcher une attaque terroriste mais on peut toujours s’assurer que les forfaitaires sont mis aux arrêts après chaque attaque et ceci est juste pure logistique militaire.

Mr le président je vous souhaite succès comme tout Burkinabè car je suis fatigué de voir mon pays sur Breaking News, j’ai la fatigue du deuil de mes camarades, mes frères et sœurs. Je vous souhaite succès car je n’ai pas autre choix. Comme un adage peul le dit, le bœuf n’a de refuge que la forêt. Soyez donc ce refuge pour nous après le passage des Ouragans CDP, MPP et autres, cependant le choix et la capabilité de réussir sont dans vos mains. Je m’empresse de présenter mes sincères excuses si un de mes mots à donner l’impression de blesser, la langue française est difficile, j’apprends toujours et je ne suis qu’un apprenti du savoir.

A la hiérarchie militaire, je pense que le Burkina cherche refuge chez vous par l’intermédiaire du président Damiba et de son MPSR. L’histoire retiendra que le président Compaoré a instrumentalisé le corps militaire en sa faveur, le président Kaboré a failli de reconstruire une armée cohésive et capable, les politiciens ayant déçu notre peuple par leur querelle pour le beurre, donc l’armée toute entière restait et demeure notre dernier espoir.

Cette tâche que le pays vous a délégué est d’une importance énorme et je doute fort que les peuples l’en donnent plus d’une fois. Nous sommes reconnaissants de votre sacrifice et je suis convaincu que si l’armée est unie notre pays serait bientôt libre. La hiérarchie militaire, gendarmes on vous regarde depuis 6 mois et l’attente devient de plus en plus pénible. C’est l’armée qui est au pouvoir, c’est à l’armée de nous libérer car c’est bien cette sécurité tant attendue qui est « the way of life ».

Pour la patrie, nous vaincrons.

Alpha Housseny Nayete

Un Burkinabè soucieux et meurtri.

freehares@gmail.com

Photo d’illustration

Source: LeFaso.net