La suspension du trafic sur la Route nationale numéro 1(RN No1) reliant Ouagadougou à Bobo-Dioulasso ou inversement, pèse déjà de tout son poids sur le quotidien des populations de la ville de Boromo. Les activités économiques au sein de la gare de Boromo, du petit commerce, en passant par la vente des poulets flambés et autres, permettant à la population de tirer des revenus, tout semble à l’arrêt depuis l’entrée en vigueur de la mesure d’interdire momentanément le trafic sur l’axe reliant les deux principales villes du Burkina Faso, que sont Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Une interdiction qui n’est pas sans conséquences sur la vie des populations de la cité de l’Eléphant.

« En tout cas, ce n’est pas facile. Il n’y a pas de clients, rien ne marche. Tout est calme », s’est exprimé ce mercredi 24 août 2022 Soumata Alombo Doé, vendeuse réputée de poulets grillés à Boromo. Le calme dont elle parle n’est pas seulement l’absence de clients autour de son commerce. Il est aussi relatif au lourd silence qui règne sur le principal axe routier du Burkina Faso, surtout au niveau de Boromo qui, d’habitude grouille de monde et de toutes sortes de véhicules transitant par cette ville soit pour rallier Bobo-Dioulasso ou Ouagadougou.

Soumata Doé, en temps normal, elle peut vendre une trentaine de poulets, mais depuis la suspension, elle peine à vendre le tiers.

Soumata Doé n’est nullement opposée à la décision de suspendre le trafic sur la première route nationale. Toutefois, elle affirme avoir perdu sa clientèle depuis l’instauration de ladite décision. « Depuis hier à aujourd’hui (ndlr : les 23 et 24 août 2022), j’ai vendu seulement six poulets alors que avant je pouvais vendre au moins une trentaine par jour. Seuls quelques rares clients de la ville de Boromo passent acheter. Il n’y a pas le marché », a-t-elle expliqué le visage un peu serré.

Madame Doé n’est pas la seule à broyer du noir dans cette situation. Comme elle, les vendeuses d’eau, de fruits et autres amuse-gueules qui s’agglutinent autour des compagnies de transport, à leur arrivée à la gare de Boromo, pour arracher quelques pièces d’argent aux voyageurs sont au chômage. Elles ont disparu de la circulation contribuant de ce fait à tuer l’ambiance générale ainsi que la vie économique dans ce milieu du transport interurbain.

De longues files de véhicules de part et d’autre de la RN1 attendent la reprise du trafic routier.

Autres endroits, même constat. Les restaurants et les débits de boissons tournent au ralenti. Généralement fréquentés par des voyageurs, ces lieux sont devenus quasi déserts depuis l’arrêt du trafic sur la R N 1.

Les conséquences négatives de la situation ne sont pas ressenties uniquement par les populations de la ville de Boromo. Il en est de même pour certains passagers bloqués dans la cité de l’Eléphant. C’est par exemple le cas des chauffeurs des camions remorques et citernes qui ne peuvent ni avancer ni rebrousser chemin.

En effet, le témoignage de Nassirou Hamza, conducteur de camion-citerne en provenance du Niger pour Bamako, est éloquent à ce propos. « Pour manger, c’est un problème. Tout a augmenté d’un coup. Le plat de nourriture que nous achetons d’habitude à 500 francs est vendu actuellement à 1000 francs CFA. En plus de cela, nous sommes sous la pression des patrons qui appellent tous les jours pour savoir quel jour le trafic va pouvoir reprendre », fait comprendre ce chauffeur qui n’a pas voulu se faire prendre en image.

En attendant impatiemment la réouverture de la voie, Nassirou Hamzaa a installé son lit dans un coin de la ville de Boromo.

Ce genre de situation, reconnaît Nassirou Hamza, n’est pas spécifique au Burkina Faso. « Ce n’est pas ici seulement qu’on rencontre ce genre de problème en temps de pluies. C’est un peu partout en Afrique. Là où on circule, si c’est temps de pluies, nous faisons face à de pareilles situations », a-t-il déclaré.

En plus du ralentissement de l’activité économique dans la ville de Boromo, il faut noter l’encombrement dont la cité fait l’objet. Presque tous les espaces de la ville sont transformés en lieu de stationnement des différents véhicules contraints d’observer un arrêt de circulation.

L’espace du centre culturel de Boromo transformé en lieu de stationnement pour les véhicules.

En rappel, le gouverneur de la région de la région de la Boucle du Mouhoun a décidé le dimanche 21 août 2022 de la fermeture de la Route Nationale N°1. Cela fait suite à la montée des eaux de la rivière le « Grand Balé » qui est sortie de son lit pour submerger la chaussée à la hauteur du village de Hèrèdougou situé entre Boromo et Pâ, sur près de trois kilomètres. Il faut donc espérer rapidement la baisse des eaux, dans les tout prochains jours, afin que le trafic routier reprenne, sinon les approvisionnements dans les autres contrées pourraient prendre un coup.

Yacouba SAMA

Lefaso.net

Source: LeFaso.net