Le ministère de l’Agriculture et des ressources animales et halieutiques, en collaboration avec ses Partenaires techniques et financiers (PTF), a animé une conférence de presse ce mardi 28 juin 2022 pour parler de la gestion de la situation alimentaire au Burkina Faso.

Le Burkina Faso fait face à une crise complexe et multidimensionnelle, a rappelé Abdoul Nasser Ibrahim de la FAO Burkina, représentant des PTF à cette conférence de presse. Cette situation a des conséquences sur plusieurs secteurs dont l’agriculture.

Avec une production céréalière en baisse de 10% sur les campagnes agricoles de ces dernières années, le Burkina Faso connaît une crise alimentaire. Selon Victor Bonogo, le président du Comité technique du Conseil national de sécurité alimentaire (CT-CNSA), quinze provinces font face à un déficit fourrager et neuf provinces font face à un déficit très prononcé.

Face aux difficultés que connaît le pays, les analyses établissent que 2 366 447 personnes avaient besoin d’assistance alimentaire immédiate entre mars et mai 2022. « Cette situation pourrait se dégrader sur la période de juin à août pour toucher 3 453 000 personnes », a prévenu Victor Bonogo.

Selon Victor Bonogo, les deux camions contenant des engrais détournés par des hommes armés en mi-juin ne sont pas ceux de leur dispositif

Le Burkina Faso enregistre une augmentation de 10% du nombre d’enfants âgés de 6 à 59 mois qui pourraient souffrir de malnutrition alimentaire aiguë sévère, soit plus de 18% par rapport à l’année dernière.

Au plan pastoral, l’indisponibilité de fourrage dans certaines localités, la réduction de la moitié des troupeaux du fait de l’insécurité, l’assèchement des points d’eau, l’apparition de la grippe aviaire et le renchérissement des prix des sous-produits agro-industriels constituent une menace à la sécurité alimentaire et nutritionnelle du cheptel, selon les conférenciers.

Actions de renforcement

L’État et ses partenaires ont élaboré un plan de réponse et de soutien aux personnes vulnérables à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition pour faire face à cette situation. Ce plan, faut il le rappeler, a été adopté en conseil des ministres du mercredi 18 mai 2022 pour soutenir les personnes vulnérables. Le coût est de 237 milliards 780 millions de francs CFA.

« Les réponses concernent l’assistance alimentaire aux personnes vulnérables, y compris les personnes déplacées internes et les ménages hôtes, la remise de numéraires dans le cadre du « cash for work » et du « cash inconditionnel », le soutien à la production agricole et animale, la prévention et la prise en charge des enfants de moins de cinq ans malnutris, des femmes enceintes et allaitantes malnutrition et le soutien à l’approvisionnement en eau potable », a précisé Victor Bonogo.

Une autre action en cours. Les points de vente de céréales de la Société nationale de gestion du stock de sécurité alimentaire (SONAGESS) sont activés depuis le 8 avril 2022, ont rappelé les conférenciers. Ils ont par ailleurs ajouté qu’au total, 100 000 tonnes de céréales y sont vendues à prix réduit de 6 000 francs CFA le sac de 50 kilogramme dans environ 400 points de vente répartis sur l’ensemble du territoire national.

Mesures d’accompagnement à la production agro-pastorale

Dans le cadre du mécanisme de subvention des intrants et équipements agricoles au profit des producteurs vulnérables, 5 000 tonnes de semences améliorées et environ 30 000 tonnes d’engrais seront fournies aux producteurs, a annoncé le CT-CNSA.

En dehors de ce mécanisme, Victor Bonogo a indiqué que la Centrale d’approvisionnement en intrants et matériels agricoles (CAIMA) s’emploie à mettre à la disposition des acteurs 73 000 tonnes d’engrais dont une importante partie est déjà acheminée dans les différentes régions.

Abdoul Nasser Ibrahim, représentant de la FAO au Burkina Faso, a parlé au nom des PTF

« De manière spécifique, le ministère en charge de l’agriculture et ses partenaires fournissent gratuitement aux personnes déplacées internes des semences, des engrais, ainsi que des noyaux d’animaux reproducteurs, des aliments pour bétail », a déclaré Victor Bonogo.

A en croire Abdoul Nasser Ibrahim, le gouvernement burkinabè innove dans le volet de communication dans cette gestion de la situation alimentaire. Il a félicité le dispositif qu’il a qualifié d’un des meilleurs de tous les pays membres du CILSS (Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel).

Le ministère en charge de l’agriculture, quant à lui, appelle à la solidarité nationale et internationale autour d’un financement et de la mise en œuvre du plan de réponse et de soutien aux personnes vulnérables.

Cryspin Laoundiki

Lefaso.net

Source: LeFaso.net