Le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) a perdu son duel qui l’opposait au Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) dans la commune de Pabré. Après la délibération du Conseil d’Etat ce 9 juillet 2016, Amidou Simporé du CDP reste le maire mais décide de tendre la main à son challenger Fernand Ouédraogo, celui-là même qui avait introduit au Tribunal administratif une action en annulation du procès-verbal de la mise en place du conseil municipal. Avant le délibéré, plusieurs personnes ont été entendues la veille.

Lors de la convocation des conseillers pour le vote du maire, de ses adjoints et des présidents de commission, le 20 juin dernier, le préfet de Pabré avait procédé à l’installation du président de séance, Zaongo Gabriel et de deux secrétaires de séance Kaboré Thérèse et Ouédraogo Pauline. Or le code électoral en son article 254 est clair : « La séance pendant laquelle il est procédé à l’élection du maire et des adjoints est présidée par le plus âgé des membres et le secrétariat est assuré par le plus jeune conseiller sachant lire et écrire ». Pourquoi le préfet de Pabré a-t-il désigné deux secrétaires au lieu d’une seule ? La question reste posée mais pour Nacoulma Souleymane, 1er adjoint au maire pour le compte du CDP, il n’y a aucun problème à ce niveau. « Trop de sucre ne gâte pas la bouillie » nous dira-t-il.

Au cours de l’audience, les deux secrétaires de séance Kaboré Thérèse et Ouédraogo Pauline ont déclaré que le président de séance Zaongo Gabriel a proclamé les résultats du vote du maire qui donnaient Amidou Simporé du CDP vainqueur avec 23 voix contre 21 voix pour le MPP de Fernand Ouédraogo. Celui-ci a nié avoir proclamé les résultats et les conseillers du MPP soutiennent que leur candidat était à égalité avec son challenger donc à 22 voix partout. Ces propos provoquèrent murmures et rires dans la salle.

Après le vote des maires, le président de séance dit avoir suspendu, quitté la salle pour appeler le préfet et l’informer de la situation. Pour les adversaires du MPP, il avait tout simplement démissionné. Il a été reproché au préfet également de n’avoir pas été constant dans ses propos. La main gauche dans le dos, la voix peu audible, il a indiqué que les conseillers du MPP ont demandé dix minutes de suspension pour se concerter après le vote. Et à son arrivée sur les lieux tard dans la soirée, il a discuté avec le président de séance pour lui demander de retourner en salle. Cette version des faits est bien différente de celle qu’il aurait donné au tribunal administratif où il disait n’avoir vu le Zaongo Gabriel car « la cour était vaste ».

Après la sortie de Zaongo Gabriel, un autre président de séance a été désigné. Il s’agit de Prosper Ouédraogo. Pour le MPP, ce dernier ne pouvait conduire les opérations de vote car n’étant pas le plus âgé. Pour l’avocat de la SEA et de la SCPA Legalis, la présence de ce dernier en tant que président de séance est une situation légale et il avait la qualité et la compétence de signer le procès-verbal. Appelé à s’exprimer, Ouédraogo Prosper a maintenu que le CDP avait remporté ces élections et qu’il n’y a pas eu de match nul comme le prétendent les conseillers du MPP.

Avant la fin de l’audience, Sawadogo Tempoko est invitée à témoigner. Conseillère municipale pour le compte de Le Faso Autrement, elle confie avoir été invitée, la veille du vote du maire, dans la cour d’un chef coutumier à Ouagadougou. Là, on lui aurait demandé de voter pour le MPP en échange d’une récompense. « Sur place, je ne pouvais pas dire non, car nous avons tous du respect pour ce chef », a-t-elle avoué. De retour à Pabré, Tempoko déclare qu’elle a reçu la somme de 250 000 F CFA. Mais après le vote du maire et la victoire du MPP, elle a été sommée de rendre l’argent car les donateurs voulaient faire leur compte. Chose qu’elle dit avoir fait.

Lefaso.net

Source: LeFaso.net