Un consortium d’organisations, dont le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) et ses partenaires, a organisé un dialogue démocratique sur les 100 premiers jours du président Damiba, ce mardi 24 mai 2022 à Ouagadougou. Les questions politique, administrative, économique et sécuritaire étaient au centre des échanges.

« Evaluation des 100 premiers jours du président Damiba ». C‘est sous ce thème que le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), en collaboration avec ses partenaires défenseurs des valeurs démocratiques, a organisé son traditionnel dialogue politique.

Une vue des participants au dialogue démocratique

Selon le directeur exécutif du CGD, Dr Thomas Ouédraogo, il s’agit d’engager un dialogue démocratique autour des acquis et insuffisances des 100 premiers jours du régime actuel. « C’est globalement un bilan que nous avons pu faire avec l’ensemble de ces panelistes pour voir dans quelle mesure on peut apprécier les forces et les insuffisances de la gouvernance depuis ces 100 jours en vue de déboucher sur des recommandations pour permettre d’asseoir la tranquillité de plus d’un Burkinabè aujourd’hui menacé et particulièrement inquiet de l’avenir du pays », a-t-il indiqué.

Pour la gouvernance économique, Élie Kaboré, journaliste à l’Economiste du Faso, a noté une régression par rapport à l’année 2021. Il a regretté « un grand décalage entre les faits et les valeurs » prônées par le président de la transition aux premières heures de sa prise de pouvoir. Comme preuve, il a brandi « le fait de nommer des directeurs généraux en cascade, sans recrutement ». Cet état de fait, de son avis, remet en question l’engagement de la transition pris dès le début.

Pour le directeur exécutif du CGD, Dr Thomas Ouédraogo, la gouvernance actuelle gagnerait à s’ouvrir à l’ensemble des Burkinabè

Comme autre argumentaire, Élie Kaboré a confié que pour la plupart des nominations, il y a des gens fichés par les journalistes d’investigation. Il s’est posé la question sur l’enquête de moralité qui devrait s’effectuer avant les nominations.

« La transition doit être une opportunité pour booster le traitement des dossiers de crimes économiques en instance », selon Élie Kaboré

Du contrôle de l’appareil militaire par le civil…

En ce qui concerne la gouvernance politique et administrative, le Pr Augustin Loada a indiqué que « c’est un exercice impossible », le fait d’évaluer les 100 premiers jours de la junte militaire au pouvoir, « car on ne peut pas être objectif ». Par contre, dit-il, on peut les comparer aux 100 premiers jours de la gouvernance de l’ex-président Roch Kaboré en 2016 et 2021.

Sur le plan administratif, le Pr Loada a regretté de n’avoir pas pu accéder aux décrets et lois qui devraient être publiés dans le Journal officiel (JO). « Du point de vue politique et administratif, il n’y a pas beaucoup de choses qui se sont passées », a-t-il indiqué.

Dans sa communication, il a relevé des restrictions des droits civils et politiques pendant ces trois mois de transition. Pour le constitutionnaliste, « la démocratie, c’est aussi le contrôle de l’appareil militaire par le civil ».

Selon le Pr Augustin Loada, la junte militaire n’est pas révolutionnaire et charismatique comme elle l’a annoncé.

« L’insécurité s’est aggravée »

Quant à la gouvernance sécuritaire, c’est un tableau peint en noir que le capitaine de police à la retraite, Alissi Ouédraogo, a présenté. Pour lui, l’enthousiasme du début s’est transformé en questionnement. « L’insécurité s’est aggravée », a-t-il affirmé, après avoir énuméré les différentes attaques terroristes du 24 janvier au 9 mai 2022. Et il lance une alerte : « La transition n’aura pas droit à l’erreur ».

Le capitaine de police à la retraite, Alissi Ouédraogo, a rappelé que le peuple attend des actes concrets

Ce dialogue démocratique, faut-il le rappeler, a vu la participation de plusieurs figures politiques du Burkina Faso. Des étudiants, acteurs de la sécurité et de la défense n’ont pas manqué à l’appel. La police des échanges était assurée par le Pr Serge Théophile Balima, consultant au compte du CGD.

Le 16 mai 2022, cela fait exactement 100 jours que le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba a pris le pouvoir après avoir renversé le président Roch Kaboré qui était réélu pour un second mandat le 25 novembre 2020. En ce jour 24 mai 2022, la junte militaire comptabilise quatre mois jour pour jour au pouvoir.

Cryspin Laoundiki

Lefaso.net

Source: LeFaso.net