Jusque-là, la question des religieuses et des coutumes était sous le couvert du ministère en charge de l’Administration du territoire et des libertés publiques. Ces éléments , dont on ne parle pas assez, car qualifiés de « questions très sensibles ». Sans doute, le contexte d’insécurité, son impact sur les religions et les gardiens des coutumes et traditions ont fini par imposer l’érection d’un département en bonne et due forme, brisant ainsi le tabou. Ainsi, après le Sénégal, le Mali…., le Burkina officialise les questions de religions et de coutumes.

En tout cas, de nombreux Burkinabè pourraient enfin trouver leur satisfaction, eux qui, depuis longtemps, pensent que la question des religions, du moins, leurs pratiques, doit être posée pour limiter les dérives. A côté de ceux-ci, voire parmi eux, cette opinion qui dit également ne pas comprendre que pour un pays aux us et coutumes aussi riches que le Burkina, l’on feint de les ignorer dans les institutions et la formulation des politiques publiques. C’est chose faite avec ce gouvernement Dr Ouédraogo Albert.

Le Burkina rejoint ainsi le Sénégal, pays à forte pratique religieuse, qui s’est doté de ce poste, pour la première fois, en janvier 2010, avec le président Abdoulaye Wade. La création de ce département au Sénégal répondait à un contexte de relations tendues entre l’Eglise catholique et le chef de l’Etat.

Le Mali le fera deux ans plus tard, précisément en août 2012. La création d’un ministère des Affaires religieuses et du Culte arrivait également à un moment où les revendications des milieux islamiques du pays étaient vives. Le pays connaissait une autre étape de crise avec les groupes terroristes.

Au Sénégal, le poste avait été confié à un journaliste tandis qu’au Mali, un jeune ingénieur statisticien de 47 ans, bien connu des cercles musulmans du pays, avait été chargé de ce département.

Au Burkina, c’est le président de l’Association pour la tolérance religieuse et le dialogue interreligieux (ATR/DI), Issaka Sourwèma , qui a la charge de ce département. Chef traditionnel du village de Dawelgué, dans la commune de Saponé (située à une cinquantaine de kilomètres au sud de la capitale Ouagadougou), Naaba Boalga, comme il est appelé, est également un homme des médias, à la plume qui ne passe pas inaperçue. Il a animé des chroniques sous des pseudonymes dans de grands médias de la place. Il a du reste été directeur des Éditions Sidwaya (quotidien d’État).

Issaka Sourwèma a aussi l’expérience de plusieurs postes de responsabilités au sein des départements ministériels, dont celui de chargé de missions au ministère du commerce, de l’industrie et de l’artisanat.

Il a, de ce fait, servi sous plusieurs ministres des pouvoirs Compaoré et Kaboré.

Sur les questions de coutumes, l’homme n’a jamais caché son intérêt pour qu’elles soient prises en compte, conséquemment, dans les politiques publiques. C’est certainement cela qui lui a valu la création de l’Association pour la tolérance religieuse et le dialogue inter-religieux.

Ce département ministériel arrive donc à un moment où de nombreux Burkinabè se convainquent qu’il faut véritablement s’appuyer sur les leaders religieux dans le combat contre le phénomène terroriste. Les attaques enregistrées ont parfois ciblé des fidèles (tueries dans des églises et mosquées).

Les us et coutumes sont également évoqués comme devant être pris en compte, notamment dans cette quête de paix et de cohésion sociale, mais également dans le processus de développement.

On se souvient qu’en avril 2018, le président du Faso Roch Kaboré recevait à Kosyam (palais présidentiel), les ministres des Affaires religieuses et du culte du G5 Sahel. Ils étaient venus s’entretenir avec le Chef de l’Etat dans le cadre de la réunion des ministres des Affaires religieuses et du culte du G5 Sahel qui devait se tenir les 26 et 27 avril 2018 à Ouagadougou. « La question de la radicalisation est une affaire idéologique et il faut une riposte idéologique », avaient estimé les hôtes.

Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net

Source: LeFaso.net