Déjà préoccupés par le contexte national, les Burkinabè sont confrontés, de nos jours, à la hausse des prix des céréales qui impactent négativement le quotidien de certaines familles.

Au Burkina Faso, le coût de la vie augmente sans que le pouvoir d’achat n’en fasse autant. En effet, depuis quelques mois déjà, les prix des céréales, denrées de base dans l’alimentation des Burkinabè, sont en hausse sur l’ensemble des marchés. Même tendance pour les légumineuses. Prudence au regard du contexte national, choix délibéré des commerçants ou aléas climatique ? A chacun d’en juger.

Ce mercredi 23 février 2022, nous, nous sommes rendus à Toésin yaar afin de nous imprégner des réalités du terrain. Il est 9h30 mn. Le vacarme habituel causé par l’afflux incessant des clients est au rendez-vous. Au moment où les commerçants se frottent les mains, cette inflation des prix pèse sur le panier de la ménagère notamment « les gagnent peu ». Réceptives à nos questions, certaines clientes ne cachent pas leur désarroi.


« Avec la flambée des prix de céréales, on ne peut plus rien acheter. L’impact de cette situation est ressenti dans nos familles », dénonce Adjaratou Sankara. Dame Ilboudo qui faisait ses achats est elle aussi consternée par cette hausse des prix. « Pour nous les veuves, nos peines sont encore plus graves. S’il faut s’occuper des enfants, entretenir la maison et encore faire face à cette inflation, qu’est-ce que nous allons devenir ? », s’interroge-t-elle.

Cependant, il convient de relativiser ce sentiment. Pour Issaka Soré, vendeur de céréales, ce n’est pas de gaieté de cœur si les commerçants ont procédé à une augmentation des prix de céréales. « Cette situation est indépendante de notre volonté. La campagne agricole n’était pas bonne en 2021. Contrairement à ce qui se dit, nous ne réalisons pas de bénéfices sur nos ventes », se dédouane M. Soré.


Le bulletin hebdomadaire d’information sur le marché agricole au Burkina Faso (14 au 20 février 2022) de la Société nationale de gestion du stock de sécurité alimentaire (SONAGESS) confirme ce que tout le monde redoutait. La hausse de prix des céréales est une triste réalité. A travers ce bulletin, la société donne la situation des prix des céréales dans le pays au cours d’une semaine donnée. Ainsi, les prix les moins élevés ont été relevés sur les marchés d’Orodara pour le maïs blanc (194 F CFA/kg), Boromo pour le sorgho blanc (178 F CFA/kg) et Titao pour le mil local (236 F CFA/kg) au cours de la semaine.

Dans la période concernée, le bulletin révèle en outre que les prix au consommateur les plus élevés sont observés sur les marchés de Dori pour le maïs blanc (301 F CFA/kg), Seytenga pour le mil local (357 F CFA/kg) et le sorgho blanc (321 F CFA/kg). Si ces prix sont sensiblement les mêmes que ceux de la semaine précédente, il convient de préciser qu’ils sont en forte hausse par rapport à la même semaine de 2021.


Selon le bulletin de la SONAGESS, les prix moyens au détail du mil local et du sorgho blanc en hausse de 32% et ceux du maïs de 36%. A titre illustratif, les prix moyens enregistrés sur les marchés de détails pour le maïs blanc étaient de 240 F CFA/kg ; 299 F CFA/kg pour le mil local et 242 F CFA/kg pour le sorgho blanc.

Le bulletin consent à dire que sur certains marchés de collecte, les prix au producteur sont aussi élevés avec des variations annuelles de 42% pour les prix du maïs et sorgho blanc, et de 24% pour celui du mil local. Les plus élevés sont observés sur les marchés de Manga pour le maïs blanc (253 F CFA/kg), Bogandé pour le mil local (323 F CFA/kg) et Zabré pour le sorgho blanc (278 F CFA/kg).

Les facteurs explicatifs de cette hausse sont-ils liés à la production céréalière de la campagne agricole 2020-2021 dans notre pays ? Les estimations étaient à 4 709 489 tonnes, soit une baisse de 9,07% par rapport à la campagne précédente.

Les bourses risquent de prendre davantage un coup si rien n’est fait pour soulager les 16 millions de consommateurs Burkinabè. Les lignes commencent déjà à bouger dans ce sens. Dans un communiqué rendu public ce jour, le secrétaire général du ministère du commerce assurant l’expédition des affaires courantes, Boubacar Traoré, a annoncé la suspension de l’exportation de la farine de céréales (mil, maïs, sorgho) sur toute l’étendue du territoire national ainsi que la suspension de la délivrance des autorisations spéciales d’exportation des céréales.

Aïssata Laure G. Sidibé

Lefaso.net

Source: LeFaso.net