Le foncier au Burkina Faso continue de faire des gorges chaudes. Les hostilités entre les promoteurs immobiliers et les habitants sont récurrentes. C’est le cas dans le village de Ouidtenga, à la sortie sud de Ouagadougou. Pour expliquer la situation, l’Association Sidinwa pour le développement du village de Ouidtenga a tenu, le 19 février 2022, une conférence de presse à Ouidtenga, au secteur 49 de l’arrondissement 11 de la capitale. Les conférenciers ont étalé les multiples difficultés rencontrées avec les différentes sociétés immobilières présentes dans la localité, dont la société IMMOREX.

Depuis les réformes agraires de 2012, plusieurs promoteurs immobiliers se sont lancés dans une course effrénée pour l’acquisition de terres, foulant parfois les règles en la matière. Chose qui a occasionné de nombreuses difficultés et des confusions encore ressenties. Ouidtenga en est l’un des exemples. Selon le secrétaire général de l’association Sidinwa, Isidore Bougouma, cinq sociétés immobilières sont actives depuis des années à Ouidtenga, parmi lesquelles IMMOREX, qui est la pionnière. C’est surtout avec cette dernière que les habitants rencontrent le plus de problèmes, dit-il.

Isidore Bougouma, secrétaire général de l’association Sidinwa.

Selon le secrétaire général, la société IMMOREX a acquis certains terrains « dans des conditions qui n’ont pas été toutes irréprochables selon les normes et les procédures, ce qui a empêché la mise en œuvre des projets de la société ». Selon Isidore Bougouma, certains terrains ont été « usurpés et vendus par des personnes qui ne sont nullement propriétaires, et à l’insu des vrais propriétaires. Ainsi, des jeunes ont vendu des terrains de leurs pères, des oncles ont vendu tout ou une partie des terres de la grande famille, sans autorisation ». Par conséquent, certains habitants ignorant que leurs terrains avaient déjà été vendus, les ont revendus à nouveau à d’autres sociétés immobilières, créant une confusion importante.

« Il y a eu des cas où des gens n’ont pas vendu leurs terres, et on est venu leur dire : voilà de l’agent, on a vendu ta terre… Prends l’argent et considère que c’est vendu », a témoigné l’un des habitants expropriés, Gabriel Sawadogo. En plus de cela, il est à noter que la société IMMOREX aurait acquis des terrains en « l’absence des représentants des responsables locaux ».

Alors que beaucoup de familles ont signé des accords de cession à l’amiable avec un autre promoteur, la société a lancé un projet sur une superficie revendiquée de 666 hectares, « dont près de 80% sont sur les terres de Ouidtenga ». Pourtant, selon M. Bougouma, « il y a une quarantaine de propriétaires terriens dont les terrains sont intégrés aux 666 hectares, mais qui n’ont jamais discuté avec IMMOREX pour quelque transaction que ce soit ». Une situation qui crée un véritable contentieux entre le promoteur et les habitants de la localité.

Gabriel Sawadogo, propriétaire terrien exproprié.

Un bras de fer ardent

Afin de sortir de cette situation désobligeante, la population a identifié des pistes de solutions qu’elles auraient soumises à la société IMMOREX. Ainsi, pour le cas des terres vendues à deux promoteurs par une même famille, l’un des promoteurs garderait les terres, donnerait une contrepartie révisée à la baisse à la famille et donnerait une partie du reste de la contrepartie à l’autre promoteur en guise de dédommagement.

Villageois présents à la conférence.

Mais l’entreprise serait restée ferme en refusant toute négociation. Selon Isidore Bougouma, la société IMMOREX a « refusé toutes les propositions de recherche de solutions à l’amiable, refusé d’aller sur le terrain pour une clarification des situations litigieuses et même organisé des expéditions armées pour détruire des implantations de bornes d’autres promoteurs ». La société aurait même saisi la justice et le dossier serait toujours en cours.

Les populations de Ouidtenga en appellent donc aux autorités afin que ces dernières trouvent les solutions idoines à ces multiples difficultés qu’elles rencontrent.

Abdoul Rachid Sow (Stagiaire)

Lefaso.net

Source: LeFaso.net