Si certains pensent que la grippe aviaire s’est rendormie, il est peut-être temps pour eux de se raviser. Nonobstant les mesures prises par l’Etat pour contenir la maladie, elle continue de déployer ses ailes et de se répandre sur tout le territoire. A la date du 1er février 2022, le Burkina Faso était à dix régions touchées sur les treize avec 73 foyers et 126 élevages affectés par la maladie. Pendant que la maladie avance à pas de géant avec la plus grande des sévérités, elle engendre du même coup beaucoup de victimes qui ne savent plus où donner de la tête.
La grippe aviaire continue avec son lot de frustrés. Chez les éleveurs qui sont les premiers concernés, c’est la croix et la bannière. Dans une interview que nous a accordé l’aviculteur Anatole Zabré, il disait que cette maladie était « le pire du pire » et craignait que si « l’on n’arrive pas à la contrôler , un véritable drame humain va frapper les éleveurs ».
Pour réduire les effets dramatiques de cette maladie, les autorités avaient annoncé un certain nombre de mesures. « Dès que nous avons eu connaissance de la maladie dans les localités, nous avons procédé aux arrêtés portant déclaration d’infection. Ces arrêtés donnaient la conduite à tenir en face de chaque foyer. Il y a ce que nous appelons le cœur du foyer qui est la zone de séquestration où on va procéder au recensement des volailles qui restent toujours vivantes, on procède à leur abattage, après à leur incinération plus enfouissement, l’établissement de procès-verbal d’abattage.
- Nana Abdoul Aziz
Ce procès-verbal d’abattage est signé d’abord par le propriétaire. Ensuite, il est signé par le chef d’équipe chargé de l’abattage. Enfin, par un responsable du village qui sera considéré comme témoin qu’il y a eu un abattage en lui faisant constater la volaille abattue, et en lui faisant contresigner les deux premières signatures. On fait des copies de ce procès-verbal, dont l’une est transmise au propriétaire, et l’autre à la direction générale du service vétérinaire pour que nous puissions comptabiliser l’ensemble des lieux où il y a eu des abattages sanitaires, évaluer le coût de l’indemnisation, et procéder à l’indemnisation des ayants droits » disait le Dr Adama Maïga, directeur général du service vétérinaire.
Nous avons rencontré les bouchers du grand marché Rood-woko de Ouagadougou qui se sont exprimés sur leurs situations en cette période critique. « Quand les clients arrivent et que tu montres les poulets, ils te parlent de la grippe aviaire. Ils nous lancent souvent : mon ami est ce que tes poulets ne sont pas malades ? Comme c’est la période de grippe aviaire, les consommateurs ont peur », nous confie Mohamed Zoungrana, boucher et éleveur. Cet état de fait crée inéluctablement une baisse de leurs chiffres d’affaires, disent-ils. « Avant, on pouvait vendre 20 ou 10 cartons de volailles pour les cérémonies. Maintenant, les gens préfèrent acheter de la viande de bœuf pour leur fête au lieu de payer les poulets », renchérit Abdoul Aziz Nana.
Les quelques consommateurs que nous avons approchés n’ont pas accepté de se prononcer sur la question. Mais vu les raisons avancées par les bouchers, certains consommateurs semblent encore réfractaires quant à la consommation de la viande de poulet parce qu’ils croient qu’elle pourrait les contaminer. Pourtant « ce n’est pas en consommant une volaille atteinte par la grippe aviaire que l’on peut avoir la maladie.
- Zoungrana Mohamed
Pour qu’elle tue il faut qu’elle touche une personne immuno- déficiente. Et même pour que cette personne en meurt, il faut qu’elle vive de façon permanente et continue avec la volaille malade. Les gens ne devraient pas s’alarmer quant à la consommation du poulet, ils n’en mourront pas. Ils peuvent continuer à consommer. En revanche, ce qui est déconseillé, c’est de manger la volaille morte parce que l’on ne sait pas toujours de quoi elle est morte. C’est cela qui peut entraîner la mort. Mais pour la volaille malade de grippe aviaire, il faut juste prendre des précautions, se protéger, bien manipuler, bien préparer et consommer sans problème », disait le Dr Adama Maïga.
Cette information n’est pas connue du grand public. C’est cela qui crée toujours le doute et l’inquiétude chez une grande partie des consommateurs. L’Etat gagnerait plus en communiquant sur les risques de cette maladie, afin de permettre aux consommateurs de continuer à se ravir les papilles et sauver l’état de certains vendeurs qui semblent trempés jusqu’au cou et qui risquent probablement le chômage.
COMPAORÉ Erwan (stagiaire)
SOW Rachid (stagiaire)
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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