« Voici la chair de ma chair, l’os de mes os » s’exclamait Adam devant Eve dans le jardin d’Eden, nous rapporte le livre de la Genèse 2, verset 23. Ce fût le premier coup de foudre dans l’histoire de l’humanité peut-on dire. Autrefois tout comme aujourd’hui, la question du mariage notamment des jeunes s’invite sur la place publique convoquant ainsi à la barre les mariés, les célibataires, les éducateurs des questions matrimoniales pour donner leur opinions des faits. A l’occasion de la Saint Valentin, une conférence publique a réuni les différents acteurs à Yagma, ce dimanche 13 février 2022.

« L’homme quittera sa mère et son père et s’attachera à sa femme et tous deux ne ferons qu’une seule chair » Genèse 2, verset 24. Sans doute, l’intention première de cette affirmation émanant de la ‘’bouche » de Dieu était, est et sera d’amener les hommes et les femmes à s’unir par le lien sacré du mariage pour assurer la pérennité de la descendance humaine. Aussi, bien évidemment, pour éviter certaines dérves…

Aujourd’hui, le problème du mariage se pose avec acuité chez les jeunes qui se demandent parfois s’ils doivent vivre en couple ou pas, surtout dans un monde où tout semble ne plus fonctionner selon les repères de la norme, infidélité par ci, vie chère par là. N’est-ce pas ce qui amènent certains à dire que : « se marier, c’est se mettre la corde au cou ? » L’union matrimoniale jadis considérée comme un cadeau du ciel pour soulager l’homme dans ses angoisses quotidiennes, pour lui permettre de partager ses joies et ses peines se présente aujourd’hui pour certains comme périlleuse.

Face à cette situation décevante pour certains qui prennent de l’âge sans avoir une compagnie de vie, l’Eglise n’entend pas rester indifférente. La fête de la Saint Valentin retient l’attention des jeunes, des couples et aussi des serviteurs de Dieu. D’où le thème de la conférence : « Vivre pleinement son célibat dans l’espérance de jours meilleurs ». « A travers ce thème, explique l’abbé Kisito Nikièma, nous avons voulu donner des pistes pour assumer pleinement et joyeusement son célibat dans l’espérance de jours meilleurs. »

Les fidèles présents à la conférence

La cherté de la vie et le chômage, un frein au mariage

A entendre les uns et autres sur les principales causes du célibat, l’on se rend compte que les avis sont divergents sur la question. Si pour certains, le non engagement des jeunes s’explique par la cherté de la vie, d’autres par contre soutiennent que les parents et la religion sont les principales causes. « La cherté de la vie de nos jours fait que certains hommes ne veulent pas ou ont peur de s’engager dans le mariage ou la vie de couple. En plus de cela il y a la question du chômage des jeunes. Nombreux ont la volonté mais comme on le dit, la volonté seule ne suffit pas. Il faut des moyens financiers pour pouvoir entretenir la famille (santé, scolarité….) », a relevé une participante.

« La famille et la religion sont des obstacles au mariage », ajoute un autre témoignage. Selon ce dernier, il faut attaquer le problème matrimonial à la racine qui n’est rien d’autre que la famille considéré comme la première cellule d’épanouissement des enfants. De son témoignage l’on retient que les parents sont souvent les premiers à déterminer les critères ou le modèle d’homme que leur fille doit épouser. De ces critères on peut citer un homme prêt à porter c’est-à-dire qui a déjà une situation professionnelle stable… « Nous n’expliquons pas à nos filles ce qu’est réellement le mariage. Nous agissons à leurs places et de façon égoïste parce qu’on pense à tout ce qu’elles pourront nous offrir en se mariant avec les hommes riches », avance ce témoignage.

« Quand je courtisais ma femme, je n’avais que mon vélo et je gérais une station essence. Qu’est-ce que je n’ai pas entendu venant de la famille de madame : tu n’as pas trouvé mieux que ça ? Les hommes sont finis ? Il y a des hommes plus riches que celui-là. » Selon notre troisième intervenant, sa femme l’aimait et lui faisait pleinement confiance.

« Aujourd’hui, dit-il, je vous avoue que ma femme est la plus heureuse de toutes les femmes du monde », dit-il dans un grand éclat de rire. Il ajoute que l’une des difficultés du mariage réside aussi dans la religion et l’ethnie. « Certains parents osent dire que leur enfant ne se mariera pas à tel homme ou fille de telle religion ou ethnie. Ils dirons au prétendant que s’il veut épouser leur fille il faut se convertir ».

Réagissant à l’intervention, certaines femmes ont répondu que certains hommes sont ingrats. Dans leur souffrance, la femme va l’épauler et dès lors que son étoile apparaît, il la quitte pour une autre. A ces problèmes s’ajoutent les liens ancestraux, les esprits succubes et incubes ainsi que bien d’autres.

Face à ces problèmes, que faire ?

D’après certains témoignages, le recours au maraboutage est un véritable fiasco et même quand ça réussit ça ne peut durer dans le temps. Par contre d’autres pensent que c’est la prière adressée soit à la Vierge Marie, soit aux saints qui leur ont permis de rencontrer leurs « âmes sœurs » ou de maintenir leurs foyers.

Les abbés Kisito Nikiéma (à gauche) et Jules Pascal Zabré (à droite)

Mais qu’en est-il de ceux qui prient inlassablement et qui n’obtiennent toujours pas gain de cause ?

Avant de répondre à cette préoccupation, le conférencier du jour, l’abbé Kisito Nikièma a fait savoir que le problème du mariage peut-être en partie liée au déséquilibre statistique dans la population, c’est-à-dire le pourcentage entre les garçons (48%) et les filles (52%). Au regard de ce pourcentage sur 100 filles, il y a au moins 7 qui ne vont pas se marier.

« Il n’y a pas de potion magique dans la prière « la prière n’est pas une réponse instantanée de Dieu à nos souffrances et cela est une grosse erreur que commettent nombre de fidèles chrétiens catholiques », a déploré le prédicateur en réponse aux prières sans suite favorable. Pour ce fait, il s’est référé au texte de l’apôtre Jacques, chapitre 2, verset 2-4 pour convaincre son auditoire.

« Vous ne possédez pas parce que vous ne demandez pas. Vous demandez et vous ne recevez pas parce que vous demandez mal afin de dépenser pour vos passions…. » dit ce passage de la Bible. « Il faut ordonner votre vie de prière pour que la prière ne soit pas pour vous un calvaire. Aussi, il faut éviter d’être des mendiants impénitents de Dieu », recommande-t-il à ses fidèles.

Quant au recteur du sanctuaire, l’abbé Jules Pascal Zabré, il estime que les chrétiens souffrent d’une crise de patience, de confiance envers leur Créateur, Dieu. Il a précisé que « Nous passons plus notre temps à demander qu’à rendre grâce ». A l’entendre, la prière n’est pas égocentrique, elle est plutôt un moment d’oblation de soi au profit des autres c’est-à-dire accepter offrir ses souffrances à Dieu en signe d’action de grâce et surtout de s’oublier soi-même pour prier pour les autres. « Le chrétien doit cultiver l’amour de la patience et laisser Dieu agir sans pourtant lui forcer la main » a-t-il conclu.

Dofinitta Augustin Khan

Lefaso.net

Source: LeFaso.net