Une coalition de mouvements, composée du « Mouvement Faso kunawolo debout » et du « Mouvement burkinabè halala », a organisé une marche-meeting à Bobo-Dioulasso, le samedi 5 févier 2022. Cette sortie dans les rues de Sya se veut une invite à l’endroit des nouvelles autorités du Burkina, à décliner leur position par rapport à la politique française au pays des hommes intègres.
Sortis dans les rues de Bobo-Dioulasso pour manifester, les militants et sympathisants de cette coalition n’ont pas manqué de déplorer le coup d’Etat du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), qui a conduit à la chute du régime Kaboré. Ils disent être attachés aux valeurs démocratiques et à l’Etat de droit. Toutefois, ils prennent acte de la situation politique nationale. Ainsi, réunis à la place Tiéfo-Amoro pour la marche, les manifestants ont d’abord livré leur déclaration qui souligne, selon eux, « des insuffisances dans le premier discours à la Nation du chef de l’Etat, le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba ».
Le porte-parole de la coalition, Issiaka Porgo, estime que pour un premier discours aux allures de programme, dans un contexte où le peuple réclame la rupture après l’insurrection et la résistance au putsch, ce discours devrait viser d’autres attentes fortes des populations, au-delà de la question sécuritaire. C’est pourquoi, les manifestants exigent la révision des accords militaires entre le Burkina et la France, tout en proposant à la junte de nouer une coopération avec la Russie sur le plan militaire.
- Les manifestants ayant répondu à l’appel de la coalition de mouvements à Bobo-Dioulasso.
« Il faut que le MPSR nous donne sa position sur la politique de domination française dans notre pays. Car une prise de position ferme sur la question va rassurer les populations qui sont déjà sur les barricades contre l’impérialisme française », a souligné le porte-parole. Il poursuit en interrogeant le MPSR en ces termes : « A quand le départ de l’armée française et cette domination monétaire qu’est le franc CFA ? ». Les manifestants se demandent également si le Burkina Faso devrait continuer à payer les dettes coloniales contractées par les différents régimes passées qui, selon eux, aliènent l’indépendance et la souveraineté du pays.
Pour eux, le chef de l’Etat devait plus présenter à son peuple, un programme « plus ambitieux qui va dévoiler un système éducatif et sanitaire au service du développement du pays, mais aussi décliner les mesures à prendre pour mettre fin aux privatisations des entreprises ». D’où leur invite à l’endroit des autorités « à travailler à nationaliser les entreprises stratégiques à l’économie du pays ». Par ailleurs, Issiaka Porgo a souligné que le discours de Paul Damiba devrait montrer les stratégies mises en place pour assurer le contrôle des ressources naturelles et leur exploitation en faveur du peuple et du développement du pays.
- Les manifestants disent non à la présence des bases militaires françaises au Burkina.
Dans leur déclaration, les manifestants invitent le pouvoir du MPSR à trouver des solutions à la question de l’employabilité des jeunes ainsi qu’à celles liées au foncier et à la mécanisation de l’agriculture. « Ce sont des préoccupations urgentes qui intéressent les populations des villes et des campagnes. La réponse à ces fortes attentes aurait suscité une adhésion massive de l’ensemble des populations », a laissé entendre Issiaka Porgo. Pour finir, il a invité le pouvoir actuel à prendre en compte les préoccupations du peuple, au risque de faire « un retour en arrière ».
Romuald Dofini
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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