Après son guide en période de conflits et celui sur les élections, l’Association des journalistes du Burkina (AJB) vient de mettre à la disposition des professionnels des médias, un guide sur la redevabilité et le contrôle citoyen dans les secteurs de l’éducation, de la santé et des infrastructures. La présentation du document a été faite dans la matinée de ce mardi 28 décembre 2021 au Centre national de presse Norbert Zongo, à Ouagadougou.

Ce guide vise à accompagner les journalistes dans le traitement de l’information relative au domaine de la redevabilité et du contrôle citoyen, notamment ceux qui souhaitent se spécialiser sur des questions comme le budget de l’Etat, la santé, l’éducation, les infrastructures, les marchés publics.

En éditant ce guide, l’AJB entend donc raviver continuellement auprès des professionnels des médias, les nombreuses difficultés que rencontrent les populations en termes d’accès à l’éducation et à la santé, l’immense gâchis que constituent de nombreuses infrastructures mal ficelées, tombant en ruines quelques années seulement après leur réalisation, les soupçons de corruption qui pèsent constamment sur les marchés publics.

Ce référentiel devra aider les journalistes dans leur rôle en tant qu’acteurs de la redevabilité et du contrôle citoyen, savoir rechercher l’information pertinente et traiter l’information de manière appropriée et, partant, à être des acteurs-clés de la bonne gouvernance par la lutte pour la transparence dans les domaines de la santé, de l’éducation, des infrastructures et des finances publiques.

Jean-Claude Méda (à gauche) et le président de l’AJB, Guézouma Sanogo, ont présenté le guide.

« Ce guide n’est pas un manuel de journalisme. C’est une tentative volontariste de matérialiser une pratique et une démarche à l’intention des journalistes. (…). On a évité d’en faire un document pédagogique », a expliqué le président d’honneur de l’AJB, le journaliste à la retraite, Jean-Claude Méda, celui-là qui a conduit la rédaction du guide. Il a, dans sa présentation, montré pourquoi les notions de contrôle citoyen et de redevabilité sont d’actualité, et de par aussi le fait que les gouvernants ont tendance à minimiser leur devoir de redevabilité vis-à-vis des populations et une tendance à utiliser les ressources publiques (fruit des impôts) à des fins personnelles et sans être inquiétés par la justice.

« L’AJB a travaillé ces cinq dernières années avec des acteurs de l’administration publique et des organisations de la société civile. La collaboration s’est nouée autour des questions d’éducation, de santé, d’infrastructures publiques, de marchés publics et de budget de l’État (collecte des ressources et dépenses) au sein du projet du gouvernement burkinabè et de la Banque mondiale. Le projet s’est mis en place au lendemain de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et l’AJB y a été associée aux côtés d’organisations de la société civile telles que le REN-LAC (Réseau national de lutte anti-corruption), le CIFOEB (Centre d’Information, de Formation et d’Études sur le Budget), le CNOSC (Conseil national des Organisations de la société civile). Pendant cinq ans, nous avons créé une zone de partage d’informations entre les journalistes et des acteurs pouvant constituer des sources d’informations à même d’intéresser les journalistes. Pour sûr, l’expérience reste à être évaluée. (…). Les journalistes se sont familiarisés avec les concepts et pratiques de redevabilité, de contrôle citoyen, notamment dans les domaines des marchés publics, du budget de l’Etat et dans les secteurs de l’éducation et de la santé. En plus des formations thématiques comme par exemple le data journalisme, le fact-checking et ils se sont renforcés dans les genres majeurs que sont le grand reportage et l’investigation », ont fixé les initiateurs du guide.

Le document est donc une capitalisation des leçons tirées des actions menées dans le cadre de ce projet, PGEPC (Projet de gouvernance économique et de participation citoyenne), et à même de renforcer le travail des journalistes en matière de redevabilité et de contrôle citoyen dans les secteurs de l’éducation, de la santé et des infrastructures.

Le guide est subdivisé en huit parties, dont des volets consacrés aux engagements pris par l’Etat, aux principes d’éthique et de déontologie, à la compréhension des concepts, la démarche journalistique, à des cas pratiques et à des conseils pratiques.


« Nous sommes dans un Etat qui investit beaucoup dans les domaines sociaux, dans l’éducation, la santé et les marchés publics. Il n’est pas rare d’entendre que des infrastructures se sont écroulées. Nous sommes dans un Etat où il y a beaucoup de soupçons de corruption. (…). Il est donc nécessaire que le journaliste s’investisse davantage dans la recherche et dans l’investigation afin d’alimenter le débat sur la bonne gouvernance. (…). Il y a des organisations de la société civile qui récoltaient des informations mais qui ne savaient pas quoi en faire. Ce guide mettra les journalistes en relation avec les organisations de la société civile pour une diffusion des informations. En côtoyant les journalistes, les organisations de la société civile ont compris qu’il est tout de même nécessaire de partager les informations avec les journalistes pour qu’ils les portent à l’opinion publique, si l’objectif réel est de changer les pratiques », a commenté le président de l’AJB, Guézouma Sanogo.

La production de ce guide s’inscrit dans la dynamique du PGEPC, en partenariat avec la Banque mondiale et le gouvernement burkinabè. Dans le cadre de ce projet, lancé en 2017, l’AJB (https://www.facebook.com/ajbburkina) a mené plusieurs actions, dont une série de formations des journalistes sur le budget, le contrôle citoyen, la redevabilité, les marchés publics et les techniques relatives au grand reportage, à l’enquête, au fact-checking et le data journalisme.

O.L

Lefaso.net

Source: LeFaso.net