Dans une cinquantaine de jours, la commune urbaine de Ziniaré, située à une quarantaine de kilomètres au nord-est de Ouagadougou, va accueillir, et pour le compte de la région du Plateau-central, la fête de l’indépendance 2021 sous le thème : « Réconciliation nationale et cohésion sociale : devoir et responsabilité de tous pour un développement durable du Burkina Faso ». Ziniaré a la double particularité de clore la célébration tournante entre les régions et de se tenir en plein processus de réconciliation nationale. Pour ce faire, son Conseil municipal, hôte et épicentre des festivités, entend apporter pleinement sa touche pour marquer d’une pierre blanche, cet évènement national. Dans cette interview qu‘il nous a accordée dans les locaux de la mairie, Pascal Compaoré aborde les différents aspects liés aux préparatifs et aux festivités.
Lefaso.net : La commune de Ziniaré boucle, le 11 décembre 2021, la boucle de la célébration tournante des festivités de l’ascension du pays à l’indépendance. Peut-on dire, sur le plan organisationnel, que la commune de Ziniaré sera au rendez-vous ?
Pascal Compaoré : Je dirai, enfin, Ziniaré ! Juste pour dire que c’est avec fierté et honneur que les forces-vives de la commune de Ziniaré, de la région du Plateau-central en général, ont accueilli cette annonce. Il faut dire que le moment fort du départ de cette célébration dans notre région a été la reprise du flambeau, le 11 décembre 2020 (à Banfora pour le compte de la région des Cascades, ndlr). Ça a été un moment très mémorable, lorsque le lendemain, 12 décembre, nous sommes arrivés à Ziniaré avec le flambeau. Les forces-vives de la région (du Plateau-central) attendaient impatiemment le flambeau, pour s’assurer qu’effectivement, Ziniaré allait abriter cette célébration.
A ce stade, on peut dire que pour ce qui est du ressort de la commune de Ziniaré, nous avons essayé de faire le maximum. Nous avons trois rôles majeurs à jouer. Le premier rôle, c’est la mobilisation et l’appropriation sociale du 11-décembre. À cet effet, nous avons effectué des sorties dans la commune, rencontré les forces-vives de la commune, pour leur donner des informations. Nous sommes passés par des canaux, notamment la presse, pour informer et sensibiliser la population à une adhésion massive aux festivités. Le second rôle, c’est la mobilisation foncière pour que les activités entrant dans le cadre de l’investissement puissent se faire.
Il s’agit de la mobilisation au niveau de la ville de Ziniaré, pour la cité du 11-décembre, la salle polyvalente, la Place de la nation, les voies à bitumer. À ce jour, nous pouvons dire que nous avons fait le maximum. Le troisième rôle qui nous est dévolu, c’est de faire un plaidoyer au niveau du Conseil municipal, pour que des activités soient inscrites pour accompagner la célébration du 11 décembre et à ce niveau, un certain nombre d’activités ont été inscrites. Le Conseil municipal a accepté que nous puissions trouver un siège flambant neuf pour la police municipale.
Ensuite, pour la construction de trois salles de classe, que nous allons baptiser École du 11-décembre. Il s’agit aussi de travailler à ce que nous puissions avoir des monuments dans la cité, la ville de Ziniaré, pour au moins marquer la célébration. Il s’agit enfin de rendre la ville plus attrayante, à travers une décoration, et le Conseil municipal a accepté que nous allouions une enveloppe pour cela. Donc, pour vous dire que les trois rôles que nous nous sommes fixés pour donner un cachet particulier à ces festivités, nous les avons, à ce stade, assumés. Nous ne pouvons pas dire à cent pour cent, mais nous pouvons dire que nous les avons faits avec assurance. Aussi, nous pouvons dire que nous sommes presque prêts pour accueillir les festivités.
Lefaso.net : La grosse difficulté partagée par les populations des villes d’accueil du 11-décembre, c’est à la fois la finition des grands travaux et la qualité des infrastructures. Pensez-vous que Ziniaré sera au rendez-vous des grands travaux, le jour-J ?
Inquiétude somme toute légitime. Quand on vit surtout l’actualité liée à la qualité des infrastructures publiques, les populations ont de quoi s’inquiéter. Et nous en avons aussi fait notre leitmotiv. Au cours de toutes nos rencontres, nous avons toujours exprimé notre inquiétude sur ce volet. Mais, je peux vous rassurer que quand on regarde les cahiers de charges et les spécifications techniques, je pense que les entreprises devraient jouer ce rôle-là ; parce que sur un chantier, il y a non seulement l’entreprise, mais aussi les maîtres d’ouvrage, les cabinets de suivi. On a aussi les procédures relatives aux passations de marchés publics, qui devront être respectées. Aussi, le chargé de suivi du marché doit être de rigueur. Vous savez que lorsqu’on n’a pas compétences, c’est difficile d’aller dire à une entreprise qu’ici, ce qu’elle fait n’est pas bien. On n’aura qu’une lecture ou un regard de profane. Pour dire qu’un ouvrage est de qualité, ce n’est pas par un simple regard ou des appréciations de façade qu’on peut le savoir. Ça demande de la technicité. Qu’à cela ne tienne, il y a des comités de veille, des organisations de la société civile, le comité régional de suivi des équipements/infrastructures, la faîtière des opérateurs économiques… qui jouent ce rôle de veille sur cet aspect. Mais, à ce stade, je ne peux pas dire avec certitude que les ouvrages que nous aurons, seront des ouvrages de qualité ou pas. Pourquoi je dis cela, parce qu’il y a des structures habilitées pour suivre cet aspect lié à la qualité. Nous n’avons qu’un seul souhait : avoir des infrastructures de qualité.
Le ministre en charge des infrastructures nous a rassurés que les délais ne sont pas forcément ceux du 11-décembre ; parce que les entreprises ont des délais qui vont au-delà. Il y a certains travaux qui courent jusqu’en février, mars 2022. Donc, au 11 décembre 2021, on verra qu’il y a des chantiers qui ne sont pas encore terminés, mais on ne doit pas s’alarmer pour cela, on doit plutôt chercher à comprendre le délai qui est imparti dans les cahiers de charges. Mais, je suis d’accord avec tous les citoyens que nous devons veiller à ce qu’on ait des ouvrages de qualité. Et à ce sujet, nous pensons que les entreprises doivent d’abord être des entreprises citoyennes. Si elles sont des entreprises citoyennes, c’est sûr qu’elles vont nous offrir des ouvrages de qualité, durables. C’est le souhait de toute la population de Ziniaré, du Plateau-central.
Lefaso.net : Est-ce dire, en clair, que l’actualité des infrastructures qui s’écroulent a accru l’alerte de vos administrés ?
Depuis le 23 septembre 2020, où j’ai rencontré les forces-vives de la commune de Ziniaré, l’inquiétude a été posée et l’interpellation a été ferme : avoir des ouvrages de qualité, car, si nous sommes la dernière région à bénéficier de cette célébration tournante, qu’au moins, cela se ressente dans la qualité des infrastructures. Et madame le gouverneur a eu plusieurs rencontres avec les entreprises, j’y ai personnellement participé, j’ai vu le ton ferme qu’elle a eu avec les entreprises, pour insister davantage sur la nécessité de livrer des infrastructures de qualité. J’ai donc la certitude que ce qu’elles sont en train de faire, doit répondre à nos attentes. Mais, tout compte fait, nous ne devons pas dormir sur nos lauriers, nous devons veiller à ce que ces entreprises travaillent à répondre aux attentes des populations.
Lefaso.net : En matière de bitume des artères, de combien de kilomètres de route bénéficiera la ville de Ziniaré dans le cadre de ces festivités ?
Au départ, on nous a dit que nous sommes très ambitieux, parce que nous sommes allés avec une proposition de 89 kilomètres de route à bitumer dans la ville de Ziniaré. J’ai toujours dit, ce n’est pas au maire de Ziniaré on va demander des propositions et ça va faire défaut. J’en ai toujours. Je suis donc allé avec une proposition de 89 kilomètres. Au finish, on a attribué 36 kilomètres. On nous a dit que ça doit aller au-delà, mais officiellement, nous sommes à ce chiffre. Je pense que c’est bon à prendre. Car, comme on le dit, si on ne dit pas merci pour le peu qu’on a eu, on ne peut pas dire merci pour le plus qu’on aura. Nous disons donc merci au gouvernement et au président du Faso pour cela. On se dit qu’avec ça, la mobilité sera facilitée et la ville de Ziniaré aura un autre visage pour accueillir les milliers de personnes.
Lefaso.net : Dans le cadre des investissements du 11-décembre, il est souvent reproché l’insuffisance de passerelle entre les structures centrales et le Conseil municipal de la ville d’accueil. Qu’en est-il ?
Effectivement…, mais à ce niveau, je pense que la mairie est au cœur de toutes les décisions qui se prennent. Là, je le dis parce que chaque mardi, les entreprises ont une réunion de travail et la mairie y a un point focal, qui me rend compte. Les décisions et les difficultés remontent à la mairie. Nous sommes donc associés à toutes les décisions, nous suivons de bout en bout ce qui se passe. Les entreprises sur le terrain, dès lors qu’il y a des difficultés, nous reviennent pour la conduite à tenir. Notre mairie est donc pleinement associée.
Lefaso.net : Ziniaré a la particularité d’être le chef-lieu de la région. En tant que maire au cœur de la célébration, avez-vous une organisation commune avec les maires des communes du Plateau-central ?
Il faut d’abord dire que chaque maire plaide pour sa collectivité. Le plaidoyer se faisait dans ce sens. Ceci étant, il y a des investissements prévus dans toutes les communes urbaines et rurales de la région. Je pense donc qu’à ce niveau, il n’y a pas de problème, il y a cette synergie-là. Jusque-là, vous ne constaterez pas que des populations d’une commune se sont levées pour revendiquer tel ou tel autre investissement ; parce que nous avons travaillé en synergie et à faire en sorte que ce qui doit revenir à chaque commune puisse lui revenir. Mais, la réalité aussi est qu’on ne peut pas avoir des investissements dans toutes les 20 communes de la région. Les activités qui se tiendront dans la ville de Ziniaré et les investissements qui s’y feront vont profiter à toute la région. C’est vrai que chacun voudrait qu’il y ait une activité dans sa commune, mais comme on l’a dit, chaque commune avait la possibilité d’inscrire un budget, une ligne pour pouvoir réaliser quelque chose. D’ailleurs, madame le gouverneur a envoyé une note pour que chaque commune puisse inscrire quelque chose pour accompagner le 11 décembre. Donc, il y a quelque chose qui est fait, en synergie avec les autres communes, pour que la fête ne soit pas seulement à Ziniaré, qu’elle se passe dans la région du Plateau-central.
Lefaso.net : Pas de grognes enregistrées à ce sujet, jusque-là. Le fruit des concertations !
Il faut aussi dire cela. Il faut souligner que la première autorité, madame le gouverneur, a joué un grand rôle de sensibilisation et d’information. Il faut vraiment la féliciter pour cela, car c’est elle qui a été le leader. Même la rencontre avec les forces-vives, dont je vous faisais cas, c’est elle qui l’a patronné. Quand nous avons pris le flambeau, elle a fait le tour de plus de quinze communes, elle a participé à tous les niveaux. Elle a œuvré à ce qu’il y ait une large concertation avec les forces-vives et c’est cela qui a même inspiré la mise en place de la structure des opérateurs économiques de la région. Ces acteurs économiques ont aussi joué un rôle de plaidoyer auprès du gouvernement, pour que nous puissions avoir des investissements à la hauteur de nos ambitions. Effectivement, il y a donc eu beaucoup de concertations pour permettre aux populations de s’approprier le 11 décembre 2021.
Lefaso.net : Êtes-vous satisfait donc de l’engagement des forces-vives ?
Il faut dire que nous attendions les forces-vives, précisément sur un point : la cité des forces-vives. Et à ce niveau, il faut leur tirer le chapeau. Sur 687 parcelles attribuées, les forces-vives de la commune de Ziniaré occupent plus d’une centaine de parcelles. C’est donc dire qu’elles se sont engagées, elles se sont dit que c’est la terre natale et que chacun doit s’y mettre. Quand vous regardez également la cité, faites une comparaison, et vous verrez que rarement une cité des forces-vives n’a eu, à deux mois de l’évènement, ce stade d’évolution. Nous pouvons assurer que la plupart des villas seront achevées d’ici au 11 décembre. Les gens se sont vraiment engagés à faire en sorte que nous puissions réussir notre pari. C’est l’une des régions où on a une cité avec une si grande superficie. C’était ambitieux, mais nous avons osé et les forces-vives se sont vraiment mobilisées.
Lefaso.net : La proximité de Ziniaré de Ouagadougou ne va-t-elle pas enlever un peu de goût aux festivités ?
Je pense que Ziniaré en elle-même se fait désirer de par cette proximité avec la capitale. Comme on le dit, c’est le vendeur de tabac qui fait publicité, sinon le vendeur de miel n’a pas besoin de publicité. Ziniaré est, de par le nom, attractive. C’est à un jet de pierre de Ouagadougou, et avec le développement du transport urbain (surtout la déserte par SOTRACO), les festivités de Ziniaré seront de l’inédit. Donc, je pense que Ziniaré va battre le record en terme de participation, de mobilisation. La proximité est un atout. De ce fait, nous sommes en train de travailler à renforcer toutes les infrastructures d’accueil pour pouvoir permettre aux gens d’être à l’aise. Nous avons à cœur cela. C’est la dernière célébration tournante et nous tenons à marquer les esprits, en termes d’accueil, d’hospitalité, d’infrastructures, etc.
Lefaso.net : Lors des journées de redevabilité de votre Conseil municipal en juillet 2021, et parmi les préoccupations soulevées par les populations dans le cadre de ce 11-décembre, il y a ces aspects liés aux mœurs. Comment avez-vous pris en compte ce volet ?
Effectivement, voilà un pan social, très important de la célébration du 11-décembre qu’on ne doit pas occulter. La lutte contre les grossesses non-désirées, les maladies sexuellement transmissibles et autres, est un aspect sur lequel on a également mis l’accent. Effectivement, fort de ce que nous avons entendu à travers certaines localités qui ont abrité les festivités, nous avons attaché notre ceinture sur cette question. À cet effet, nous nous sommes appropriés tous les canaux pour communiquer et sensibiliser autour de cette préoccupation.
Des médias, aux lieux de culte avec les leaders religieux, en passant par les coutumiers, les organisations de la société civile, les structure partenaires, les responsables d’établissements. À ce jour, dans le cadre de la responsabilité sociale des entreprises, il y a eu la mise en place d’une enveloppe commune pour accompagner cette sensibilisation. Il y a le CRIGED (Centre de recherche et d’intervention en genre et développement) à travers l’ex-ministre Nestorine Sangaré qui est en train d’abattre un grand travail de sensibilisation ; d’abord avec le personnel des entreprises (elle fait le tour) et à travers la ville.
Nous avons aussi organisé, au niveau du Conseil municipal, des émissions radios (les radios ont une émission qu’on appelle les infos du 11 décembre) par lesquelles nous passons des messages de sensibilisation. Il y a aussi les compétitions sportives. Par exemple, nous avons la finale de la super coupe, le 23 octobre, dont le thème est d’ailleurs : réussir avec la jeunesse, le 11 décembre 2021, dans un engagement responsable.
C’est un thème interpellateur et tout ceci constitue des cadres de sensibilisation, d’interpellation, d’informations. Nous travaillons à ce que Ziniaré 2021 soit du jamais vu, dans le sens positif et plein du terme. Donc, un grand travail est en train de se faire à ce niveau. Tout ceci se passe aux côtés également de l’antenne régionale du Plateau-central du SP/CNLS/IST, qui a élaboré un plan pour cela, que nous avons validé et que nous sommes en train de dérouler. Donc, tous les acteurs sont mobilisés autour de cet aspect également. Mais comme on aime à le dire, une chose est d’écouter, une chose est de comprendre et d’accepter et une autre chose est de participer. Donc, nous espérons que les jeunes ont entendu, ils ont compris et vont participer effectivement et activement à ce que nous sommes en train de faire pour une population en bonne santé ; parce qu’il ne faudra pas qu’après le 11 décembre, on ait plus d’enjeux sanitaires que d’opportunités pour notre population et notre commune.
Lefaso.net : Quelle est la symbolique que vous voulez pour les festivités de Ziniaré ?
Je constate que cette célébration coïncide avec la dynamique de réconciliation nationale. Je prie Dieu, et j’ai foi que cette célébration se fasse en présence des deux présidents : le président Blaise Compaoré et le président Roch Kaboré. Je l’espère vivement. C’est notre rêve, pour concilier les cœurs, les esprits pour un lendemain meilleur pour notre pays. Quand on dit « Ziniaré », ça signifie étymologiquement « du jamais vu ». Ce nom n’est pas un fait du hasard. Des devanciers ont posé des actes allant dans ce sens jusqu’à ce que le nom puisse rester. Donc, ces deux personnalités, Blaise Compaoré et Roch Kaboré, qui vont s’asseoir ensemble, je pense que ce sera vraiment du jamais vu. Même s’il arrivait que cette image allait être reversée au Forum national sur la réconciliation nationale, cela n’enlèvera en rien cette image de Blaise Compaoré et Roch Kaboré, assis côte-à-côte, en train de se parler et comme on l’a vu dans d’autres pays. Cela est possible.
Lefaso.net : Qu’avez-vous en conclusion ?
C’est d’inviter la population à la mobilisation et à faire en sorte que le 11 décembre soit vraiment « du jamais vu ». Les festivités seront lancées d’ici là. C’est donc inviter chacun à réserver l’hospitalité légendaire aux participants et dire à toute la diaspora, aux partenaires, à la population burkinabé que Ziniaré les attend et les accueille. Nous sommes prêts pour cela et nous demandons au Bon Dieu de préserver notre pays des forces du mal, de donner santé et épanouissement aux Burkinabè et à tous ceux qui vivent sur le sol burkinabé. Nous souhaitons que ce 11 décembre, qui se tient dans un contexte de réconciliation nationale, puisse vraiment apaiser les cœurs, rapprocher les gens, réconcilier les populations (j’inclus dans la réconciliation, le retour des déplacés internes dans leurs localités, leurs terres). Que cette festivité fasse rayonner le pays, réconcilier le pays avec lui-même et faire en sorte que tout le monde puisse vivre le vent de lendemains meilleurs.
Interview réalisée par Oumar L. Ouédraogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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