Le deuxième congrès des avocats de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) s’est ouvert, ce mardi 21 septembre 2021 à Ouagadougou, sous le thème « Justice et corruption ». Placée sous les auspices du président du Faso, président en exercice de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UEMOA, cette rencontre réunit durant 72 heures, les avocats des barreaux des huit pays membres de l’Union.

Précédemment prévu en 2020 et reporté à cause du covid-19, ce deuxième congrès sera l’occasion pour les participants d’échanger sur des sujets d’intérêt commun. Cette année, les débats portent sur le thème « Justice et corruption ». « C’est un thème transversal ; cela veut dire qu’il y a beaucoup de dispositions à prendre. Mais la première base reste le comportement de l’homme à dire non à la corruption et pouvoir avancer. Le reste sert à encadrer les brebis galeuses », a déclaré le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, qui a patronné la cérémonie d’ouverture.

Les bâtonniers et anciens bâtonniers de l’espace UEMOA étaient présents

La corruption, un défi pour le monde des affaires

Pour le bâtonnier de l’Ordre des avocats du Burkina, Me Paulin Salembéré, par ailleurs président du comité d’organisation du congrès, la seule évocation de la corruption fait tourner les regards, à tort ou à raison, vers la justice, « non pas forcément qu’elle soit le milieu où elle prospère le plus, mais compte tenu du rôle qu’elle tient dans la traque des acteurs de la corruption et la place qu’elle occupe dans l’amélioration de la gouvernance démocratique ».

Selon le bâtonnier de l’Ordre des avocats du Burkina, Me Paulin Salembéré, la corruption est un défi pour l’environnement des affaires

Pour le bâtonnier, la corruption est un défi pour l’environnement des affaires au sein de l’espace UEMOA. « Pourtant, regrette-t-il, il existe peu d’études qui ont documenté les effets de cette pratique quant au rendu d’une justice équitable ».

Une plaie qui alimente « les réseaux mafieux et terroristes »

Selon le président de la Conférence des barreaux de l’UEMOA, Me Serge Koffi Dogbéavou, l’avocat de l’Union doit être un modèle de probité, d’éthique et de rigueur car « il a pour mission de participer à la croissance des pays de l’espace et d’œuvrer à l’émergence du continent tout en le sortant de la corruption ». A l’en croire, la corruption est une plaie qui fragilise « les structures économiques, creuse des inégalités sociales, mine le fonctionnement des institutions et alimente les réseaux mafieux et terroristes ».

Apporter des valises au juge…

Le thème de ce deuxième congrès est également une sorte d’autocritique du secteur de la justice qui se laisse pourrir par la corruption au lieu de la combattre. « Certains d’entre nous apportent des valises au juge… Certains d’entre nous couvrent des actes de blanchiment d’argent, conseillent à leur clients d’ajouter à leurs honoraires des moyens de corruption. Nous le dénonçons, nous le crions et pourtant nous sommes nombreux à être de ceux qui ont fait de la corruption un moyen de défense par lequel nous gagnons souvent des dossiers dits juteux. Il est temps d’écouter notre conscience et faire preuve de discernement. On peut tout fuir mais jamais sa conscience », a déclaré Me Serge Koffi Dogbéavou.

Me Serge Koffi Dogbéavou, président de la Conférence des barreaux de l’UEMOA

Pour rappel, c’est en août 2018 que la Conférence des barreaux de l’espace UEMOA, réunie à Ouagadougou, a institué le congrès des avocats. Ainsi, Lomé, la capitale togolaise accueillait la première édition du Congrès en 2019.

HFB

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Source: LeFaso.net