Depuis le Canada où il réside, l’ancien président du Faso et Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, a donné sa lecture sur la situation nationale et de la sous-région, au cours d’une émission de la télévision BF1. Il qualifie la gouvernance actuelle du Burkina de « catastrophique » face au terrorisme.
Yacouba Isaac Zida était l’invité de l’émission 7 infos de la télévision BF1, le dimanche 12 septembre 2021. Il est revenu sur les circonstances de son exil au Canada, après la période de transition qu’il a géré en tant que Premier ministre et président (21 jours). « J’ai été forcé de quitter le pays, au vu des menaces qui pesaient sur moi et sur ma famille », a-t-il déclaré.
En direct, il a fait savoir qu’il ne bénéficie d’aucun avantage d’ancien chef d’Etat. « Mais je n’en fait pas un problème, car le Burkina a beaucoup de problèmes à gérer », a-t-il ajouté.
L’ancien numéro deux du RSP (Régiment de la sécurité présidentielle) assure n’avoir jamais demandé de poste pour la gestion du pouvoir et il s’explique. « Je n’ai jamais demandé un poste quelconque. En tout cas pas pour moi. Je reconnais avoir demandé au président Kaboré, dans sa villa à la Patte d’Oie, de nommer Auguste Denise Barry comme ministre de la Sécurité parce qu’il peut rendre beaucoup de services au Burkina ».
« Le renseignement ne fonctionne pas »
En tant que militaire, Yacouba Isaac Zida n’a pas manqué de se prononcer sur la situation sécuritaire du Burkina Faso. Et il n’y est allé du dos de la culière. « Le renseignement ne fonctionne pas. Je ne sais pas si le président du Faso reçoit des notes chaque matin, mais nous sommes toujours surpris des évènements. Nous ne faisons que de la réaction. Le renseignement ne fonctionne pas, l’équipement en quantité n’est pas adapté. »
Cependant, il a fait des recommandations. « Il nous faut travailler à couper les sources de financements des terroristes. Il nous faut œuvrer à la réconciliation nationale. À la cohésion sociale. Il faut réorganiser. Il faut équiper les hommes. Il faut motiver les soldats. Il faut raviver la flamme patriotique chez le soldat. »
Pour Yacouba Isaac Zida, les soldats burkinabè sont réduits à se défendre et l’ennemi les harcèle jusqu’à ce qu’ils soient fatigués. « Pourquoi ce ne sont pas nos soldats qui courent derrière les terroristes ? », s’est-il interrogé.
Le choix de la majorité présidentielle
À en croire l’ancien Premier ministre de la transition, le MPS (Mouvement du peuple pour le salut) dont il est le président d’honneur, n’a pas trahi le peuple en rejoignant la majorité. Ce choix se justifie. « Si je peux dire que j’ai des griefs contre le chef de l’Etat parce qu’il m’a fait vivre des injustices pour des raisons politiques, je ne peux le haïr plus que je ne hais les terroristes. Je suis donc prêt à m’allier à tout Burkinabè pour lutter contre le terrorisme. C’est pour cela que le MPS a rejoint la majorité présidentielle. Nous avons notre contribution à apporter dans la lutte. »
Une lutte, qui selon Zida, semble prendre le dessus. « La gouvernance actuel est catastrophique. Le pays est confronté à un problème de sécurité auquel il n’arrive pas à faire face », a-t-il déclaré. Et il est convaincu que « sans sécurité, on ne peut pas parler de développement ».
Coups d’Etats en Afrique
Après le coup d’Etat au Mali, son pays voisin, la Guinée, a emboîté le pas le dimanche 5 septembre 2021. Yacouba Isaac Zida a pointé du doigt la passivité des organisations sous régionales et continentales.
Pour le cas de la Guinée, il charge la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union africaine (UA). « Tout le monde déclare qu’on est pour la démocratie. Et quand la démocratie est menacée dans un pays, ils ne montent pas au créneau, on ne les entend pas. Le protocole de l’Union africaine sur la démocratie et la bonne gouvernance condamne clairement le tripatouillage constitutionnel. Cependant, lorsque Alpha Condé modifiait la Constitution pour avoir un troisième mandat, personne n’a levé la voix. Si aujourd’hui, de manière hypocrite, ils condamnent la junte au pouvoir en Guinée, je pense que cela ne fait pas sérieux. Il faut que nos pays revoient leur manière de faire ».
Pour ou contre un coup d’Etat ? Yacouba Isaac Zida fait son choix. « Un coup d’Etat par principe est une mauvaise chose, car il est un recul du processus démocratique mais si le coup d’Etat militaire vient en réponse à un coup d’Etat constitutionnel, alors il est à saluer ».
Synthèse de Cryspin Laoundiki
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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