Depuis ce lundi 30 août 2021, les élèves du lycée Philippe Zinda Kaboré et leurs parents ont pris d’assaut les 12 sites d’enregistrement identifiés par la direction provinciale de l’éducation nationale pour les accueillir après la fermeture du lycée Philippe Zinda Kaboré. Si l’opération se passe relativement dans de bonnes conditions, quelques doutes subsistent néanmoins, surtout du côté des élèves du second cycle qui habitent des quartiers où il y a plus de CEG que de lycées. Ce vendredi 3 septembre 2021, nous avons sillonné quelques sites d’enregistrement pour constater le déroulement de l’opération.
Fermé depuis le 24 mai 2021 après une série de manifestations, le Lycée Philippe-Zinda-Kaboré ne sera pas rouvert pour l’année scolaire 2021-2022. Ainsi en ont décidé les autorités de l’enseignement. Les élèves seront dispatchés dans 74 établissements publics de la ville de Ouagadougou. Le lundi 30 août 2021, les enregistrements des élèves ont commencé. Ils prendront fin le vendredi 10 septembre 2021. En attendant, élèves et parents se démènent pour se trouver une place.
Ce 3 septembre 2021, il est un peu plus de dix heures lorsque nous franchissons les portes du lycée Philippe Zinda Kaboré en cette matinée. Dans la cours, nous constatons une certaine affluence. Certains élèves sont accompagnés de leurs parents. D’autres se suivent par petits groupes. Ils sont venus récupérer leurs bulletins de notes ainsi que leurs numéros matricules afin de pouvoir s’enregistrer et espérer être affectés dans un des 74 établissements d’enseignement publics identifiés pour les accueillir après la fermeture du lycée Philippe Zinda Kaboré, l’un des plus grands et des plus anciens du pays.
- Aïcha Barry, parent d’élève
Une fois en possession de ces différentes pièces, ils devront se rendre sur un site d’enregistrement, en fonction des établissements sur lesquels ils auront porté leur choix. Sur ce site, ils ont la possibilité de choisir trois établissements par ordre de préférence. Et c’est en fonction de la capacité d’accueil de ces établissements qu’ils y seront acceptés ou affectés ailleurs. Si certains ont déjà leur petite idée sur leurs choix, d’autres, par contre, sont un peu perdus parce que ignorant la situation géographique exacte des différents établissements à proximité de leurs lieux d’habitation.
Aicha Barry, parent d’une élève en classe de 2nde, est venue accompagner sa fille. Malgré le fait qu’elles habitent le quartier Saaba, leurs choix se sont porté sur les lycées Bogodogo et Nelson Mandela, situés dans l’arrondissement 2. « Il est vrai que c’est assez loin de chez nous mais ma fille dit que l’enseignement est bien dans ces lycées c’est pourquoi elle veut être orientée là-bas. Même si nous n’apprécions pas la fermeture de l’établissement, je pense que le fait de nous aider à trouver la place ailleurs pour nos enfants c’est déjà bien », soutient-elle.
Rasmané Sawadogo est élève en classe de 2nde C. Pour l’année scolaire 2021-2022, il doit fréquenter la classe de 1ere D. Il est venu récupérer son bulletin afin de se faire enregistrer. Il déplore le fait que dans plusieurs arrondissements, il y ait plus de CEG que de lycées, ce qui complique le choix de plusieurs élèves. « Moi, je suis de l’arrondissement N°11. Et dans notre arrondissement, il n y a que des CEG et un seul lycée public qui est le lycée municipal Rimvougré. Je passe en classe supérieure, mais je ne suis pas sûr d’être affecté dans le seul lycée de notre arrondissement. Donc, il faut que je m’enregistre là où j’ai plus de chances, même si j’habite très loin de là-bas », confie-t-il.
- Rasmané Sawadogo est élève en classe de 2nde C
Au lycée municipal Bambata, ce n’est pas la grande affluence au niveau des enregistrements. Nous trouvons sur les lieux, deux parents venus accompagner leurs enfants. Si le premier « duo » a pu se faire enregistrer, le deuxième est reparti bredouille. Pour cause, l’élève Mariam Saré, accompagnée par son père, avait déjà repris la classe de 2nde et a échoué au baccalauréat. Compte tenu du fait que l’on ne peut reprendre deux classes dans le même cycle, elle ne pourra pas se faire enregistrer. Elle devra chercher une place dans un autre établissement, afin de retenter sa chance au baccalauréat.
Crainte du dépaysement et des effectifs pléthoriques
Même s’ils sont heureux de trouver un point de chute suite à la fermeture de leur lycée, plusieurs élèves craignent d’avoir du mal à trouver leurs marques une fois dans leur nouveau lieu d’apprentissage. Abdoul Fatao Sabaté, élève en classe de Tle D, affirme que les premiers mois risquent d’être difficiles, parce que les élèves seront dépaysés dans leurs nouveaux établissements et peuvent avoir du mal à s’adapter.
- Daouda Sana, élève
Quant à Daouda Sana, il regrette déjà ses camarades de classe. Il soutient qu’au lieu de fermer le lycée, il aurait préféré que les réformes à la base des manifestations soient mieux expliquées aux élèves afin d’avoir leur adhésion. Sadia Nikièma elle, craint que les classes ne soient trop pleines et que cela n’altère la qualité de l’enseignement. « Nous savons tous que dans les établissements publics, les élèves sont déjà nombreux dans les classes. Donc, si nous les élèves du Zinda nous allons nous ajouter à eux, j’imagine déjà combien nous serons par classe. Ce ne sera pas facile pour les professeurs et pour nous aussi », lâche-t-elle.
L’opération d’enregistrement se poursuivra jusqu’au 10 septembre 2021. Une commission se penchera ensuite sur les affectations des élèves dans les différents établissements.
Armelle Ouédraogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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