Au lendemain de la fête de l’assomption, le 15 août 2021, le site qui abrite la construction de l’abattoir frigorifique de Pouytenga a connu un rebondissement. Un propriétaire terrien du nom de Idrissa Kaboré dit ne pas accepter ce qu’il qualifie de coup de force. Il a rencontré les journalistes le 16 août 2021 à Nimpoungou, site actuel abritant la construction de l’abattoir. Face aux hommes de médias, Idrissa Kaboré dénonce une exploitation « abusive et injuste » de son espace qui accueille la construction de l’abattoir.

L’affaire de construction de l’abattoir de Pouytenga refait surface. Nimpoungou est un site à problème, relate de nombreux habitants rencontrés sur place à Pouytenga. Selon Idrissa Kaboré, propriétaire terrien, l’espace qui accueille la construction actuelle de l’abattoir à Nimpoungou lui appartiendrait. Il déclare : « Le maire de Pouytenga me fait la force. Il a ordonné la construction de l’infrastructure de l’abattoir sur mon site sans m’informer ni m’aviser ».

Le plaignant, Idrissa Kaboré

Pour lui, sur huit hectares de terre exploitables pour l’abattoir, sept hectares qui lui appartiendraient ont été exploités à son insu. « Le terrain appartient à mes grands-parents. Nous cultivons ici depuis des années et voici que j’ai même planté des arbres pour protéger le terrain », a-t-il soutenu son propos. « Un jour à ma grande surprise, le maire Larba Prosper Yaméogo a ordonné la construction d’un abattoir sur mon site. Je ne suis pas du tout d’accord », s’indigne le jeune de la quarantaine.

M. Kaboré ajoute que l’ASCE-LC est venue faire un constat, et qu’il a aussi déposé une plainte contre le maire. Selon lui, il était de bon ton qu’il s’adresse aux hommes de média afin qu’ils portent l’information à l’opinion nationale.


« Le terrain appartient à Idrissa Kaboré », selon le MBDHP/Kouritenga

Seydou Kaboré est le président du MBDHP section Kouritenga. Il était également présent sur le site. Il soutient que le maire de Pouytenga est responsable de la situation. A ce propos, il affirme : « Le terrain appartient à Idrissa Kaboré. On lui a fait la force parce qu’il est impuissant. On l’a exproprié de son terrain pour construire l’abattoir. Nous attendons vraiment que les autorités fassent quelques choses pour lui. Le défenseur des droits de l’homme dit qu’il faut que la lumière soit faite sur cette affaire qui lie le propriétaire terrien et le maire de Pouytenga.


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Les bouchers, bénéficiaires de l’abattoir, contestent également le site de Nimpoungou. « Nous demandons au président Roch Kaboré d’avoir pitié de nous. Il y a maintenant six ans que le maire nous fait souffrir », fait savoir Issa Balma, le président de l’association des bouchers, qui martèle : « Tant que l’abattoir sera à Nimpoungou, nous n’allons pas mettre nos pieds. Nous avons demandé que l’on construise l’abattoir à Zoorin, à côté du marché à bétail. L’abattoir actuel en construction est l’abattoir du maire. Aucun boucher n’ira y travailler. »

Même son de cloche chez le Raminsemnaba Naaba du secteur n°1 de Pouytenga. Selon sa majesté, le maire a détourné leur sésame. « Larba Prosper Yaméogo a volé notre abattoir pour amener à Nimpoungou. Nous n’irons pas là-bas. On s’en remet à Dieu », a-t-il déclaré.

Le Raminsemnaba Naaba du secteur n°1 de Pouytenga

« Je ne reconnais pas une autre personne détentrice d’un terrain quelconque »

Le maire Larba Prosper Yaméogo, lui, voit les choses autrement. « L’abattoir en construction est sous-régional. Il n’appartient pas à la commune de Pouytenga. D’ailleurs, ce n’est pas pour les petits bouchers », a-t-il confié. Se prononçant sur la plainte du propriétaire terrien, il rétorque : « Au début du projet, nous avons rencontré un conseiller villageois de développement. C’est lui qui a touché les vieux du village de Nimpoungou. Ils ont tous donné leur accord pour le démarrage du projet de construction. Je ne reconnais pas une autre personne détentrice d’un terrain quelconque ».

Le maire de Pouytenga, Larba Prosper Yaméogo

Du reste, le maire de Pouytenga reconnaît avoir reçu l’ASCE-LC. Il dit aussi être au courant de la plainte déposée par le plaignant.

En attendant une sortie de crise, Idrissa Kaboré déclare qu’il fait l’objet de menaces de mort par suite de sa plainte déposée en justice. Il persiste que le terrain appartient à lui et à sa famille. Et il souhaite l’arrêt immédiat du chantier en cours. Il termine en disant qu’il préfère vivre un jour comme un lion que de vivre cent ans comme un mouton.

Gérard BEOGO

Source: LeFaso.net