Le directeur général de la santé publique a lancé officiellement le programme de supplémentation en micronutriments multiples aux femmes enceintes au cours des soins prénataux dans le cadre du renforcement de la nutrition maternelle. C’était ce jeudi 24 juin 2021 à Ouagadougou, en présence du représentant adjoint de l’Unicef au Burkina Faso.
C’est le district sanitaire de Yako dans la région du Nord et celui de Ziniaré dans la région du Plateau central qui débuteront l’expérimentation de la supplémentation en micronutriments multiples aux femmes enceintes au cours des soins prénataux. Il s’agira pendant deux ans, de remplacer le fer acide folique habituellement donné aux femmes enceintes lors des consultations prénatales par des comprimés contenant quinze vitamines et minéraux à savoir le fer, l’acide folique, les vitamines A, D, E, B1, B2, B6,B12, C, la niacine, le zinc, le sélénium, le cuivre et l’iode.
Ce supplément permet de combler les autres carences associées à l’anémie liée au fer à savoir l’insuffisance d’iode, de zinc qui sont des micronutriments indispensables au bon déroulement de la grossesse et au développement optimal du fœtus. Elle est une recommandation récente de l’OMS visant à actualiser la composante nutrition dans le paquet d’interventions de soins prénataux.
- Une vue des participants au lancement du programme
A en croire Dr Emmanuel Seini, directeur général de la santé publique, représentant le secrétaire général du ministère de la Santé à la cérémonie de lancement, la supplémentation en micronutriments multiples fait partie des interventions nutritionnelles vitales à haut impact pendant la période critique des 1000 jours qui vont de la grossesse à l’âge de deux ans de l’enfant.
Selon les chiffres, la prévalence du retard de croissance est de 24,9% chez les enfants de moins de cinq ans, la malnutrition globale touche 9,1% des enfants et l’annuaire statistique de 2020 montre une proportion de 9,8% de nouveau-nés qui ont un faible poids de naissance, ce qui est préoccupant selon Dr Seini. A cela s’ajoute le fait que selon l’enquête sur les micronutriments de 2014, la prévalence de l’anémie chez les femmes enceintes est de 72,5%.
- Dr Emmanuel Seini, directeur général de la santé publique
Comme le souligne donc James Mugaju, représentant adjoint de l’UNICEF au Burkina Faso, « Il est primordial d’agir pendant les 1000 jours de la période de grossesse à l’âge de deux ans de l’enfant pour répondre aux besoins accrus de la mère, du fœtus et du jeune enfant en particulier dans un contexte d’insécurité alimentaire précaire dans lequel il est difficile d’avoir accès à une alimentation diversifiée pouvant apporter tous les nutriments requis. »
En outre, toujours selon M. Mugaju, les études menées dans les pays à revenus faibles et moyens ont montré que la supplémentation en micronutriments multiples réduisait le risque d’insuffisance pondérale à la naissance de 14%, le risque de naissance prématurée de 7% et le risque de retard de croissance inter-utérin de 6% en moyenne par rapport au supplément de fer acide folique seul. Cette supplémentation était associée en plus à une mortalité néonatale plus faible d’environ 15% chez les nouveau-nés.
- James Mugaju, représentant adjoint de l’UNICEF au Burkina Faso
Ce programme financé par la Fondation Bill et Melinda Gates avec l’appui de l’UNICEF permettra donc d’améliorer l’état nutritionnel des femmes enceintes et allaitantes et des enfants de moins de 5 ans. Au moins 44 518 femmes enceintes sont attendues chaque année dans le programme pour les deux districts. Le programme comprend essentiellement quatre interventions que sont la supplémentation en micronutriments pendant la grossesse et au cours de la période post-natale, le renforcement du conseil nutritionnel, la sensibilisation des femmes enceintes pour l’observance de la prise des micronutriments multiples et le suivi des femmes enceintes.
- Photo de famille
Mis à en œuvre à petite échelle dans les districts sanitaires de Yako et de Ziniaré, le programme de supplémentation en micronutriments multiples aux femmes enceintes et allaitantes pourrait être mis à l’échelle du pays après l’évaluation de la phase pilote.
Justine Bonkoungou
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
Commentaires récents