Les acteurs du monde rural étaient réunis à Manga ce samedi 24 avril 2021 à l’occasion de la 22e Journée nationale du paysan (JNP). Au regard de la situation actuelle, les réflexions ont été axées autour du thème : « Impacts socio-économiques des crises sécuritaire et sanitaire dans les secteurs productifs du monde rural : quelles stratégies de résilience ? « . Les 400 producteurs présents ont également eu un face-à-face avec le chef de l’État, Roch Kaboré, afin de poser leurs préoccupations et faire des recommandations pour un meilleur rayonnement du secteur agricole. 87 d’entre eux ont vu leurs efforts récompensés, à travers des décorations.
La Journée nationale du paysan (JNP) constitue une tribune d’expression du monde rural, en ce sens qu’elle offre aux producteurs l’occasion de poser leurs préoccupations aux décideurs afin que celles-ci soient prises en compte dans la planification du développement. En 22 éditions, la JNP a permis d’engager des réformes stratégiques au profit du monde rural. Il s’agit notamment de la mise en place d’un fonds de développement de l’élevage (FODEL), de l’opérationnalisation du Fonds d’Intervention pour l’Environnement (FIE), de l’opérationnalisation de l’assurance agricole, de la création de la centrale d’approvisionnement en instants et matériels agricoles, de l’instauration de la carte professionnelle agricole, etc.
- Les producteurs ont échangé à bâton rompu avec le chef de l’État
Pour la 22e édition de la JNP, les acteurs du monde rural ont voulu réfléchir autour du thème : « Impacts socio-économiques des crises sécuritaire et sanitaire dans les secteurs productifs du monde rural : quelles stratégies de résilience ? ». Le choix d’une telle thématique s’explique selon le ministre de l’Agriculture, des Aménagements hydro-agricoles et de la Mécanisation, Salifou Ouédraogo, par le fait qu’en plus des changements climatiques, les producteurs sont désormais confrontés à un environnement marqué par des attaques terroristes qui engendrent des déplacements massifs de population. « Cette situation se traduit par la limitation de l’accès aux marchés intérieurs et internationaux et de l’accessibilité des ménages aux produits alimentaires », a-t-il précisé.
Lassina Traoré est un producteur-éleveur de la région de l’Est, une zone à fort défi sécuritaire. Présent à cette 22e édition de la JNP, il affirme que les crises sécuritaire et sanitaire impactent négativement ses activités agricoles et pastorales. « Nous avons des difficultés pour trouver de quoi nourrir nos animaux puisque c’est en brousse que nous allions chercher le fourage. Et à cause de l’insécurité, nous avons peur d’y aller puisque les terroristes se cachent dans les forêts. Aussi, avec le coronavirus qui a conduit à la fermeture des frontières, nous ne pouvons plus exporter nos animaux ou nos productions », a-t-il décrit leur calvaire. Lassina Traoré nourrit ainsi de grands espoirs en cette JNP et espère que des solutions idoines en sortiront.
- Lassina Traoré, producteur-éleveur
Les recommandations des acteurs du monde rural pour une meilleure résilience du secteur
Au cours du face-à-face avec le président du Faso, Roch Kaboré, les producteurs ont eu l’occasion de poser leurs préoccupations. Celles-ci portent sur la dégradation du couvert végétal et des terres agricoles du fait de l’exploitation minière, le dysfonctionnement des services fonciers ruraux, la commercialisation des pesticides non homologués et leurs conséquences sur la santé, les recommandations issues des fora régionaux et sectoriels présentées.
Pour améliorer cette situation, les producteurs ont formulé entre autres recommandations, l’allocation d’au moins 30 milliards de FCFA d’ici 2023 au Fonds de développement agricole, la reconnaissance de la Centrale d’Achat des Intrants et Matériels Agricoles (CAIMA) comme Association d’utilité publique et lui accorder des garanties pour un crédit documentaire d’au moins 50 milliards de FCFA.
- 87 producteurs et productrices ont vu leurs efforts récompensés
Autres recommandations, il s’agit de sécuriser les infrastructures stratégiques de mobilisation et de distribution d’eau existantes et en cours de réalisation et assurer la protection des cours et retenues d’eau contre la pollution, l’ensablement et les pratiques néfastes. Les producteurs et productrices ont aussi préconisé l’amélioration de la sécurité dans les zones de production et espaces de conservation, les zones pastorales et aires classées, la réalisation des unités de transformation, de comptoirs d’achat des fruits et légumes dans les zones qui en manquent, une meilleure répartition des projets et programmes dans le secteur agro-sylvo-pastoral, la disponibilisation des intrants et à coûts réduits, la mise en place d’espaces de conservation.
- Le président du Faso en compagnie des producteurs
A l’issue des différents échanges, le chef de l’État a instruit les ministres en charge du développement rural de prendre les dispositions nécessaires pour une mise en œuvre effective des différentes recommandations.
Après Manga 2021, rendez-vous est pris pour 2023 pour la 23e édition de la Journée nationale du paysan.
Armelle Ouedraogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
Commentaires récents