Le projet « Engagement Féminin » a organisé le samedi 23 janvier 2021 à Ouagadougou, un panel sur les problèmes que les femmes artistes rencontrent dans leur carrière. Elles étaient quatre femmes à répondre à l’invitation à l’institut Goethe. Il s’agit de Safoura Kaboré, comédienne burkinabè ; Carmelita Siwa, danseuse béninoise ; Moinsaada Mohamed, danseuse comorienne, et Edoxi Lionelle Gnoula, comédienne burkinabè.

« Gérer sa carrière et ou porter des projets en tant qu’artiste ou actrice culturelle africaine : quels sont les blocages ? » C’est sous ce thème que s’est tenu le panel du projet Engagement Féminin sur la condition de la femme actrice. Les quatre participantes n’ont pas manqué d’égrener des chapelets de blocages dont elles sont victimes du fait qu’elles sont femmes. La première à se jeter à l’eau est Moinsaada Mohamed des îles Comores.

La danseuse a expliqué que son premier problème est sa famille. Ensuite, du fait de sa foi musulmane, son goût pour la danse est rejeté par la communauté. Elle a expliqué que dans son pays, une femme qui danse est mal vue, même au niveau de l’Etat. Ainsi, les projets qu’elle porte sont rejetés par les structures administratives. Quand il s’agit des hommes, cela passe comme une lettre à la poste.

Moinsaada Mohamed, danseuse comorienne

La vie de couple, un frein pour la femme artiste

Edoxi Gnoula, comédienne burkinabè, a relevé que le mariage est un blocage pour les projets des femmes artistes. La vie de couple freine des élans surtout quand il bat de l’aile. Elle a expliqué que l’on a beau avoir des idées, du talent, s’il n’y a pas de stabilité au niveau sentimental, ce n’est pas évident que la réussite soit au rendez-vous.

Carmelita Siwa du Benin est sur la même longueur d’onde que ses collègues. Elle a relaté que dans son pays, le système est régi par les hommes pour les hommes. C’est un système qui apprend que la femme est faite pour le foyer. C’est pourquoi, être artiste et femme dans ce pays relève de l’audace. Ces avis sont également partagés par la comédienne Safoura Kaboré. Elle est revenue sur les relations sentimentales qui n’aboutissent pas à cause du manque de temps.

Le public au cours du panel

Comment faire pour exister

Les femmes ne comptent pas se contenter des blocages. Elles se fraient des chemins. Dans la famille de Moinsaada Mohamed, tout le monde lui a tourné le dos. Son père et sa mère l’ont presque reniée. Mais elle dit avoir tenu bon pour vivre son rêve. Elle a expliqué avoir refusé de coucher avec des hommes pour voir réaliser ses projets. Son refus a mis fin à certaines ambitions mais elle en est fière. Elle est convaincue que la femme est capable de tout avec persévérance.

Edoxi Gnoula a relevé que lui et son homme se sont entendus avant de se marier. Il est clair que sa condition de femme ne doit pas l’empêcher de vivre de son art. Carmelita Siwa a invité ses camarades femmes à redoubler de courage. Elle a suggéré que les artistes invitent les bonnes personnes à leurs spectacles. Selon elle, quand ils verront que c’est bon, ils financeront. Carmelita Siwa estime que les artistes doivent apprendre à se construire elles-mêmes.

C’est ce que Moinsaada Mohamed a compris. Elle a indiqué que la plupart des hommes qui veulent la marier souhaitent qu’elle arrête la danse. Pour elle, dans ces conditions, quand on est femme, « en famille, tu obéis ton père, mariée, tu obéis ton mari ». Cela ne peut pas continuer selon elle. C’est pourquoi elle a choisi de suivre sa voie. Cette position est unanimement adoptée par les artistes. En initiant cette activité, Bienvenu Bazié de Engagement Féminin dit avoir voulu encourager les initiatives féminines en Afrique. C’est la journaliste Sonia Kocty qui a modéré le panel.

Dimitri OUEDRAOGO

Lefaso.net

Source: LeFaso.net