Le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD) a organisé, le jeudi, 17 décembre 2020 à Ouagadougou, un atelier de présentation des expérimentations et des résultats des solutions locales innovantes en matière de développement au Burkina.

« Le monde est confronté à d’énormes défis qui sont, en eux-mêmes, non seulement complexes, mais aussi dynamiques et nous invitent à une relecture de nos modes d’interventions », a campé à l’ouverture des travaux, le Conseiller en prévention des conflits et résilience du PNUD, Martin B. Mbanda, représentant le représentant-résident de l’institution au Burkina. Il note qu’au Burkina, on assiste de plus en plus à une dégradation des conditions de vie des populations, une situation exacerbée depuis 2015 par différentes crises d’ordre essentiellement sécuritaire.


« L’augmentation du niveau de pauvreté qui s’en est suivie est devenue complexe à la suite des conflits communautaires, à la violence, aux catastrophes naturelles et aux attaques armées, et dont les conséquences désastreuses sont entre autres les déplacements massifs des personnes, la destruction du tissu social, le repli identitaire, etc. bref, la perte et une remise en cause des acquis de développement. Et, comme pour couronner le tout, l’avènement de la crise sanitaire relative à la Covid-19 qui est venue encore fragiliser cet état de fait », présente Martin B. Mbanda.

Le Conseiller en prévention des conflits et résilience du PNUD, Martin B. Mbanda, à l’ouverture de l’atelier

Tous ces évènements annihilent les efforts de développement et obligent à se dépasser, à innover dans les approches afin de disposer de portefeuille de solutions à même de répondre aux problèmes auxquels sont confrontées les populations, poursuit le conseiller Mbanda. C’est pour répondre à ces challenges que le PNUD a mis en place des Laboratoires d’accélération des objectifs de développement durable (ODD) pour impulser l’innovation dans le développement. Ce qui devra ainsi garantir une amélioration durable et soutenable des conditions de vie des populations.

Des solutions participatives

Les laboratoires d’accélération sont une offre qui travaille avec les populations, l’administration publique et le secteur privé afin de « ré-imaginer » le développement pour le 21e siècle. L’initiative Laboratoires d’accélération se veut donc une démarche par apprentissage et tire profit des solutions locales existantes. Par cet atelier, il s’est agi pour les participants de discuter d’innovation pour accélérer un développement durable.

De façon précise, susciter l’intérêt des participants à la prise en compte de l’innovation dans les réponses aux défis du développement, des échanges autour des réalisations et mettre en relation les innovateurs et acteurs intéressés pour répondre aux besoins réels, pressants et parfois complexes des populations. La cartographie des solutions a porté sur les domaines de l’environnement, de la gouvernance et de la résilience.

« S’appuyant sur le cycle d’apprentissage, le PNUD Burkina, à travers son Laboratoire a, au cours de l’année 2020, entrepris des expérimentations de solutions locales innovantes avec des promoteurs actifs sur le terrain. Au nombre de trois, ces solutions ont été développées par des organisations de la société civile et des universitaires dans les régions de la Boucle du Mouhoun, du Centre et du Centre-Nord. Ces solutions adressent les défis de la cohésion sociale, de l’amélioration de la productivité agricole et animale, de l’insertion socio-professionnelle des jeunes et de la maîtrise de l’eau des pluies pour une gestion et planification stratégique de la production agricole », explique le représentant, Martin B. Mbanda.


L’exercice de cartographie de solutions dans les divers domaines a, indique-t-il, permis aussi l’identification de plus d’une dizaine de solutions ayant un fort potentiel en matière de contribution à l’atteinte des ODD d’ici à l’horizon 2030.

Selon Dr Yacouba Yaro, directeur de CERFODES, consultant principal, l’étude a, au départ, ciblé sept régions du Burkina (le Centre, le Plateau-central, les Hauts-Bassins, la Boucle du Mouhoun, le Centre-Ouest, les Cascades et le Nord). Mais au finish, ce sont trois régions qui ont permis de retenir onze solutions (sur 50 cernées au départ). « Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’autres solutions dans les autres régions », précise Dr Yaro, encourageant d’éventuels innovateurs à mettre le cap sur le chemin déjà déblayé par le PNUD.

Une méthode d’approche pour répondre efficacement aux vraies questions

« Ces solutions retenues couvrent l’ensemble du territoire. Le Burkina fait face à des défis, à des besoins énormes. Donc, il fallait voir est-ce qu’il y a une solution par rapport à chaque problème identifié au niveau des communautés. Nous avons ainsi découvert qu’il y avait beaucoup de solutions. Le deuxième élément important, c’était de voir si la solution peut vraiment être étendue à l’échelle nationale.

Dr Yacouba Yaro, principal consultant

C’est là que certaines solutions n’ont pas pu être retenues, je vous parlais par exemple du ‘’bandji  », qui est une solution locale au niveau des Cascades et bien d’autres solutions qui ont été découvertes et sont spécifiques à ces régions, elles ne peuvent pas être exportées. Le troisième élément, c’est l’innovation. Par rapport à un problème donné, c’est de savoir si la démarche utilisée par les promoteurs, les communautés, comportent des éléments innovants qui font qu’on quitte le champ du classique pour pouvoir aborder le problème avec une autre façon », a restitué le consultant principal.

Des explications de la chargée de l’exploration dans les Laboratoires d’accélération, Eudoxie Zongo, on retient que les approches qui existent donnent certes des résultats, mais ne permettent pas aujourd’hui de répondre ou de trouver des solutions aux questions de développement. D’où la pertinence de cette démarche du PNUD.

Eudoxie Zongo, présentant les résultats de l’étude.

« Si vous prenez une solution qui répond à un seul défi, le terrorisme par exemple, sans pour autant répondre à la préoccupation économique ou à l’augmentation de revenus (des populations), peut-être qu’on va encore retomber dans le terrorisme, parce que l’un nourrit l’autre. D’où l’idée de trouver un paquet de solutions pour permettre de garantir une vie meilleure aux populations. On a cartographié plusieurs types de solutions ; des solutions matérielles et des solutions immatérielles. Il ne sert à rien par exemple d’investir dans le matériel en oubliant l’immatériel qui est la dynamique du changement (changement de comportements, de mentalité). Ce sont donc deux types de solutions qui ont été identifiés. La méthode d’approche a donc évolué pour efficacement répondre aux vraies questions », convainc Eudoxie Zongo, qui a conduit la présentation des résultats.

O.L

Lefaso.net

Source: LeFaso.net