C’est parti pour cinq autres années d’aventure entre le Burkina Faso et Roch Marc Christian Kaboré. Comme le prétend-il lors de sa campagne, sera-t-il un nouveau contrat de paix et de cohésion sociale ? En tout cas les Burkinabè n’en attendent pas moins de lui. Mieux, ils espèrent une rupture complète avec l’insécurité, la vie chère et le chômage. Au micro d’une équipe de Lefaso.net, ce 27 novembre à Ouagadougou, quelques personnes donnent leurs attentes et celles des Burkinabè en général.


Michel Zango, rencontré à Ouidi

Je trouve la réélection du président Roch Marc Christian Kaboré objective du fait que ce nouveau mandat permettra au Burkina de consolider des acquis et de corriger plusieurs imperfections rencontrées au premier quinquennat. Pour un président qui a fait son premier mandat, cela ne peut pas le permettre de finir tout ce qu’il a commencé. Mais avec un second mandat, il pourra le faire et bien. Le premier mandat a introduit pas mal de changement, particulièrement dans le domaine des infrastructures, toute tendance confondue.

Donc il y a eu du positif. Maintenant pour les cinq prochaines années, les défis qui attendent le président, c’est concernant l’insécurité qui est un sujet très délicat. Je pense en particulier aux autres villes où il ne fait pas bon vivre à cause de ce phénomène. Je n’ai pas une idée de stratégie magique à proposer mais j’estime qu’en tant que président de tous les Burkinabè, il doit tout donner pour y parvenir. J’attends alors qu’il fasse son travail correctement pour que le pays puisse aller de l’avant.


Tindanogo Ouédraogo, rencontré à Tampouy

Je pense que la réélection du président permettra une consolidation des acquis engrangés avec lui. Si un nouveau président venait, c’est vrai que c’est une continuité, mais il y aura démarrage tardif des choses. Les cinq prochaines années doivent alors être meilleures aux cinq autres années en matière de sécurité surtout. A l’Est, au Centre-nord et au Sahel, il y a beaucoup de déplacés. Les préoccupations des Burkinabè de ces zones là c’est la sécurité. Mais tout comme eux, ici aussi personne ne se sent en sécurité.

C’est pourquoi lorsqu’on a une nouvelle d’attaque chacun à peur. Même si la peur a diminué, elle est toujours là et le président est appelé à porter un regard très attentif à ce sujet d’insécurité. Sinon à part cela c’est un président qui travaille bien et qui aime sa population. Il ne peut pas faire toutes les choses à la fois parce que beaucoup de choses sont prioritaires mais sur les questions de lutte contre la pauvreté, les famines et le chômage, il a fait des efforts.


Francis Ouédraogo, vendeur dans une boutique

Selon moi, pour les cinq années passées, comme il a succédé à une transition, c’était normal qu’il ait des difficultés. Mais la période n’a pas été totalement un échec. Il y a eu des avancées significatives qui sont des signaux d’espoir. Les cinq prochaines années à venir nous pensons qu’il pourra faire mieux et que les Burkinabè sortiront satisfaits.

Pendant ces cinq années moi je souhaiterais qu’il mise sur l’éducation qui n’est pas en phase avec les besoins en matière d’emploi. Un coach en développement personnel a dit que le système éducatif actuel est comme les télécentres en son temps ; c’est un système démodé. Donc nous, nous voulons du réel, du concret parce que ce qu’on nous enseigne à l’école, dès que nous sortons on ne rencontre pas ça sur le terrain. Il faut donc changer la façon de nous former à l’école.


Joachin Simporé, fonctionnaire à la retraite

Je souhaite juste bonne chance au président dans sa nouvelle fonction. C’est la population qui a jugé que le passé a été normal en lui renouvelant sa confiance dès le premier tour. Donc moi je lui souhaite bon vent. Cependant je trouve qu’il a comme défis, les dossiers brulant de la sécurité, de la réconciliation nationale et d’autres sujets à caractère économique comme la lutte contre le chômage, le sous-emploi et la lutte contre la pauvreté. Donc c’est au président de faire un effort considérable pour que son mandat soit un succès.

Il faut le dire, sur les questions de la réconciliation nationale, il a dit lui-même qu’il sera le président de tous les Burkinabè et c’est sur cet aspect qu’il est très attendu en dehors du dossier sécuritaire. Je dirai simplement qu’il doit incarner les aspirations du peuple burkinabè. Il faut donc qu’il respecte ce qu’il a promis dans son programme de campagne.

Quant à la question de la grogne sociale, c’est parce que dans la fonction c’est comme s’il y avait des supers fonctionnaires. Alors que tout le monde est important au même titre. Je pense que c’est à lui de trouver la sagesse qu’il faut pour pouvoir gérer tout cela. C’est donc une question de responsabilité, mais aussi de l’entourage. S’il est mal entouré il va de soi qu’il échoue en partie son mandat malgré sa bonne foi.

Aminata (noms d’emprunt), vendeuse de yaourt

Notre préoccupation c’est que le pays soit en paix. Il y a bien sûr d’autres préoccupations mais la priorité c’est la paix. En matière de commerce, le marché est devenu morose. Nos enfants n’ont pas d’emploi. Donc les charges s’augmentent alors que ce que nous gagnons dans ce commerce diminue au fur et à mesure.

Depuis 6 heures du matin je n’ai pu vendre qu’un kilogramme et demi de lait. Alors qu’auparavant j’avais tout au plus une heure pour vendre un kilogramme et demi de lait. Donc c’est également un souci mais comment une autorité peut agir sur de telles choses moi je ne vois pas. Donc s’il y a la paix le reste viendra. Le Burkina Faso est si grand, les préoccupations sont énormes. Le président ne peut pas tout régler, néanmoins il doit tout faire pour préserver la cohésion sociale.

Alidou Oubda, menuisier à Nonsin

Moi ma préoccupation ce sont les impôts qu’on soumet aux marchants qui n’arrivent même pas subvenir correctement à leur besoin. Je suis menuisier, c’est à peine si je vends un tabouret par semaine. Mais avec ça, l’on soumet mes produits à des impôts. D’autres personnes dans ma situation sont soumises aux mêmes conditions. Par la suite on trouve que certains fuient les impôts.

C’est vrai qu’il y a des personnes de mauvaise foi mais de façon générale chacun veut contribuer pour le développement de son pays. Nul ne veut se dérober mais si les préoccupations en famille sont énormes et le marché sur lequel tu comptes, il n’y a pas grand-chose, comment tu vas t’y prendre ? C’est vraiment une préoccupation majeure pour nous qui souhaitons qu’il y ait vraiment une relance de l’économie de sorte à ce que cela profite à tous.

Etienne Lankoandé

Lefaso.net

Source: LeFaso.net