Depuis début mars, le Covid-19 sévit au Burkina Faso. Pour barrer la route à cette maladie, les autorités avaient entrepris une série de mesures dont la fermeture des maquis et boîtes de nuit. Si la réouverture des maquis est effective depuis le 15 mai 2020, même si elle est timide, les tenanciers de boîtes de nuit prennent toujours leur mal en patience. Et en attendant, c’est la croix et la bannière. Si certaines boîtes adoptent des stratégies pour survivre en attendant la réouverture effective, d’autres ont illégalement rouvert leurs portes.
Pour lutter contre la maladie à coronavirus, le gouvernement burkinabè a entrepris une batterie de mesures, notamment l’interdiction du rassemblement de plus de cinquante personnes. C’est ce qui a entraîné la fermeture des débits de boisson, des maquis et boîtes de nuit. Mais face à la tendance à la baisse des nouveaux cas confirmés, la réouverture des maquis a été autorisée depuis le 15 mai 2020. Mais pour les propriétaires et les travailleurs des boîtes de nuit, il faut encore patienter. Cette situation n’est pas sans conséquences.
Affluence timide dans les maquis
Faisant le tour de quelques maquis de la capitale, nous avons constaté une affluence qui diffère d’un lieu à l’autre. Mais tous nos interlocuteurs sont unanimes sur la morosité des recettes qui sont en deçà de l’avant-coronavirus. Cette situation s’explique notamment par le manque de moyens financiers des clients et le doute toujours persistant chez certains, qui évitent ces lieux « à risque ».
Pour le manager du maquis-bar « La Chine » au quartier Ouidi, Thomas Ahebla, depuis la réouverture des maquis, la situation n’a véritablement pas changé. Pour cause, certains clients préfèrent rester à la maison plutôt que de venir dans les maquis. Pour lui, les maquis emploient beaucoup de personnes ; donc les autorités devraient les aider à surmonter cette crise sans précédent. Côté rémunération, les employés du maquis « La Chine » ont reçu un demi-salaire au mois de mai, mais toucheront la totalité de leur paie en fin juin.
Toutefois, de mars à avril, c’est-à-dire pendant la période de fermeture, les employés n’ont pas reçu un centime.
Du côté du maquis « Le royaume des stars » à Pissy, les clients sont au rendez-vous mais les problèmes ne manquent pas. Selon l’assistant comptable, le problème se situe au niveau du paiement des salaires, au vu de la faiblesse des recettes. Employant une soixantaine de filles dont l’hébergement et les salaires sont à la charge de l’entreprise, « Le royaume des stars » a eu du mal à respecter ses engagements pendant les mois de fermeture. Les serveuses étaient au chômage technique.
Les tenanciers de boîtes de nuit broient du noir
Si les tenanciers des maquis commencent, un tant soit peu, à se frotter les mains, ceux des boîtes de nuit prennent toujours leur mal en patience et adoptent plusieurs stratégies pour compenser les pertes énormes.
Pour Bouba Sawadogo, le manager général de la boîte de nuit « Le Dubaï Mall » située à proximité du stade du 4-Août, la réouverture n’étant pas encore effective, il faut adopter d’autres stratégies pour survivre. « Ça fait plusieurs mois qu’on ne travaille pas, donc nous avons essayé de transformer la terrasse de la boîte de nuit en maquis pour pouvoir avoir à manger, sinon on va mourir de faim. C’est vrai que l’espace est petit mais c’est mieux que de rester à la maison sans rien faire », nous a-t-il confié. Pour lui, malgré la fermeture des boîtes de nuit, la totalité des salaires des employés a été payée. Il demande par ailleurs aux autorités de permettre la réouverture de leur lieu de travail, sans manquer de dénoncer la réouverture clandestine de certaines boîtes de nuit.
D’une boîte de nuit à l’autre, c’est l’ambiance morose qui prévaut. Un lave-mains à l’entrée, quelques chaises disposées dehors avec quelques inconditionnels et un écran géant diffusant un match de Premier League anglaise, c’est l’ambiance qui prévalait au « Zébié Night-Club », à la Cité An III. Pour le responsable, Rodrigue Blé, la traversée du désert a conduit certains de leurs employés à quitter temporairement la boîte pour les maquis, autorisés à rouvrir.
Concernant les salaires, il admet traîner des arriérés de paie depuis la fermeture. Rodrigue Blé espère donc, avec une éventuelle réouverture, pouvoir payer ces arriérés de salaires et les salaires actuels.
La seule doléance commune à ces différents acteurs du business de nuit, c’est la réouverture effective sans délai de leurs lieux de loisirs. Car, disent-ils ce sont des pères de famille, des mères qui y travaillent et beaucoup de personnes comptent sur ces derniers pour vivre.
Mamadou ZONGO (stagiaire)
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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