La ministre de la femme de la solidarité nationale, de la famille et de l’action humanitaire, Laurence Ilboudo/Marchal n’est visiblement pas contente de certaines affirmations contenues dans le rapport « Les femmes dans la crise, survivantes et héroïnes » de l’ONG Oxfam rendu public le 4 juin 2020. Et elle n’est pas passée par quatre chemins pour le faire savoir au cours d’une conférence de presse qu’elle a animé conjointement avec le représentant-pays par intérim de l’ONG ce vendredi 19 juin 2020.

C’est pour, dit-elle, lever toute équivoque et apporter des clarifications aux affirmations mentionnées dans le rapport « Les femmes dans la crise, survivantes et héroïnes » de l’ONG Oxfam, que la ministre de la femme, de la solidarité nationale, de la famille et de l’action humanitaire a voulu cette conférence de presse.

A en croire Laurence Ilboudo/Marchal, pour gérer au mieux la crise humanitaire que connait le pays, le gouvernement et ses partenaires apportent une réponse multisectorielle. Et cette réponse a permis d’atteindre des résultats importants dans le secteur de la protection des personnes déplacées internes, en particulier des femmes. Pourtant déplore-t-elle le rapport publié par l’ONG Oxfam ne mentionne pas les acquis importants engrangés grâce aux efforts communs du gouvernement et des partenaires humanitaires.

Et même si elle reconnait que de nombreux défis en terme de protection demeurent, le rapport d’Oxfam relève selon elle, « des atteintes aux droits fondamentaux des femmes qui pourraient occasionner le discrédit dans les sites d’accueil des personnes déplacées internes ». Pourtant, selon la ministre, ses agents y font de leur mieux, malgré l’insuffisance de moyens.

Le présidium à la conférence de presse

De son côté, Papa Sosthène Konaté, Représentant-pays par intérim d’Oxfam, estime que le rapport ne nie pas les efforts du gouvernement et des acteurs humanitaires dont Oxfam fait partie. « Si des faits désobligeants ont été révélés, l’objectif du rapport n’est cependant pas de vouloir jeter un discrédit sur l’action du gouvernement et des acteurs humanitaires », a-t-il laissé entendre. Il ajoute par ailleurs qu’en mettant l’accent sur les besoins des femmes, Oxfam a voulu sonner l’alerte pour une meilleure mobilisation des acteurs et cerner les insuffisances de la réponse du gouvernement et de ses partenaires.

Papa Sosthène Konaté, Représentant-pays par intérim d’Oxfam

Le rapport fait cas des viols et du harcèlement sexuel dont sont victimes les femmes. Il est aussi fait mention de pratiques de corruption lors de l’enregistrement sur les listes, sans oublier le détournement de l’aide, selon les propos de femmes déplacées à Dori et Kaya. Ces points auraient fait les choux gras de certains médias, au grand dam de la ministre de la Femme qui voit là une accusation contre ses agents sur le terrain.

Les journalistes à la conférence de presse

« Tous les jours, on nous attaque. Mes agents travaillent jour et nuit, ils n’ont pas de repos. Je suis obligée de faire des rotations pour qu’ils soient là. Mes agents sont au côté des populations qui souffrent. Dans les endroits les plus reculés du Burkina, ils sont là. Qui en parle ? On peut m’insulter, mais ce que mon agent n’a pas fait, et on dit qu’il a fait, je refuse. Il y a eu des détournements de vivres comme on l’a dit. Pourquoi vous pensez que ce sont les agents de l’assistance humanitaire qui le font ? Il y a des ONG qui font de la distribution directe (…) Pourquoi pense-t-on que ce sont les vivres de l’Etat qui sont détournés et pas les vivres des ONG ? Pourquoi pense-t-on que les acteurs des ONG ne peuvent pas détourner et que c’est seulement ceux de l’Etat qui peuvent détourner ? », s’est-elle indignée.

Néanmoins, malgré les griefs qu’elle a contre le rapport d’Oxfam, Laurence Ilboudo/Marchal salue le travail de l’ONG qui fait ressortir le ressenti des femmes.


Lire aussi : Rapport d’étude sur « Les femmes dans la crise au Burkina Faso, survivantes et héroïnes » : Seulement 3% du financement humanitaire sont alloués à l’eau et à l’assainissement


Justine Bonkoungou

Source: LeFaso.net