Elle est de retour. La coalition de plus de 50 syndicats qui avait battu le pavé le 7 mars 2020, puis avait décrété une grève générale du 16 au 20 mars 2020. Plusieurs mois après, les revendications n’ont pas bougé d’un pouce. Pis, la situation a empiré, l’autorité fait la sourde oreille, foi des membres. Au cours d’une conférence de presse ce 8 juin 2020, la coalition a annoncé que sa réaction ne saurait tarder.

Le 7 mars 2020, des syndicats avaient bruyamment donné de la voix par une marche meeting, suivi d’une une grève générale du 16 au 20 mars. Ils devraient encore battre le pavé le 17 mars, mais ont dû y renoncer à cause de la pandémie du coronavirus.

Leurs revendications touchent pratiquement tous les domaines. Elles vont contre la baisse du pouvoir d’achat, avec comme sous-point la question de l’IUTS, en passant par les atteintes aux libertés démocratiques et syndicales, l’arrêt du pillage des ressources nationales, la garantie du droit à la sécurité des populations, le respect et la mise en œuvre des différents engagements pris par le gouvernement vis-à-vis des syndicats des travailleurs. Ce concentré de revendications, est une base d’action « contre les dérives catastrophiques du pouvoir MPP et associés de plus en plus impopulaires et isolés », se convainquent les membres.

Le porte-parole de la coalition, Bassolma Bazié qui a lu la déclaration liminaire, a fait l’autopsie d’une société malade en tous points. L’insécurité rampante avec son lot d’attaques terroristes dans lesquelles périssent des civils, des agents des forces de défense et de sécurité, des exécutions sommaires et extrajudiciaires. Le système éducatif déjà moribond et qui prendra encore un coup avec les dernières décisions du gouvernement en ce qui concerne la fermeture des classes, et la reprise décidée uniquement pour les classes d’examen.


Une mesure non murit qui selon les conférenciers, « aura pour effet, d’impacter négativement les résultats des élèves puisqu’il est reconnu que les programmes ne seront pas achevés (…) de compromettre la suite des études de nombreux élèves qui vont passer en classe supérieur sans acquérir le niveau requis (…) d’alourdir la charge des parents qui, pour certains seront dans l’obligation de recourir » à d’autres moyens pour relever le niveau de leurs enfants.

Foi de Souleymane Badiel, secrétaire général de la fédération nationale des syndicats des travailleurs de l’éducation et de la recherche (F-SYNTER), l’année pouvait bel et bien être sauvée. A condition de prendre en compte les avis de tous les acteurs et de travailler à apaiser le climat social.

Le secteur de la santé demeure un grand corps malade, ont regretté les conférenciers. Selon eux, la pandémie du Covid-19 a révélé l’état lamentable du système de santé avec des infrastructures et des plateaux techniques très peu performants. « Elle a aussi montré la pertinence des luttes et des multiples interpellations des travailleurs de la santé. Non content de ne pas mettre en œuvre les engagements qu’il a pris avec le SYNTSHA dans le cadre du protocole signé depuis 2017, le gouvernement, à la faveur de la pandémie, a suspendu le processus de remboursement des salaires coupés en fin 2019 convenu avec les syndicats », a poursuivi le porte-parole de la coalition.

L’actualité au ministère de l’économie et des finances avec la révocation des agents n’est pas passée sous silence. Les syndicats dénoncent une décision arbitraire, une « extrême sévérité de la sanction qui ne prend pas en compte les circonstances de l’incident, comme le prévoit la loi et qui pêchent dans la procédure ». Une sanction également disproportionnée, en ce qu’elle a même visé ceux qui se sont investis pour arrêter la querelle.


« Ça ne saurait tarder, nous allons régir »

Malgré les marches meetings, les grèves générales et autres interpellations, les syndicats font l’amer constat du silence des autorités. « Silence du chef de l’Etat sur les manifestations de la coalition lors de ses deux adresses à la nation (…) depuis que notre coalition est née, malgré les actions qu’elle a menées (grève, marches-meetings sur l’ensemble du territoire) et les correspondances qu’elle a adressées aux autorités, elle n’a jamais été invitée à une quelconque rencontre, ni même reçu une quelconque réponse » », ont-ils constaté, qualifiant ce mutisme de stigmatisation et de mépris du mouvement syndical.

Le porte-parole de la coalition a donc annoncé que la conférence de presse de ce 8 juin 2020 sonnait comme le redémarrage des activités du mouvement syndical, même si elles n’étaient pas réellement aux arrêts. La situation l’exige. « Nous avons annulé la marche du 17 mars, le Covid-19 a été montré à l’opinion comme un mal qui imposait un certain nombre de décisions. De façon disciplinée, nous nous sommes soumis à cela. Mais si en face certains considèrent que de cette discipline, ils doivent en profiter (…) et prennent le coronavirus comme une forêt où eux ils entrent, saccagent les libertés et repartent s’y cacher, à un moment donné, il faut aussi donner du ton. Nous sommes en train de prendre des décisions. Ça ne saurait tarder, nous allons régir », a martelé Bassolma Bazié.

En attendant, la coalition a appelé ses militants aux quatre coins du pays à « renforcer la mobilisation et à rester à l’écoute pour des mots d’ordre dont la nature et les modalités de mise en œuvre » seront précisées ultérieurement.

Tiga Cheick Sawadogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net