Les autorités en charge de la sécurité routière sont passées manifestement à la vitesse supérieure, avec cette opération pour lutter contre l’incivisme et l’insécurité routière. On ne peut que applaudir des deux mains et pourquoi pas aussi des pieds lorsqu’on sait ce qu’était devenue la capitale Ouagadougou en matière de circulation routière.
On n’a pas besoin forcément de statistiques ou de sondages pour se convaincre du fait que Ouagadougou, la capitale burkinabè est l’une des villes, où le respect du code de la route et de la signalisation routière, ne veulent pas dire grand chose pour les usagers.
En effet, sortir le matin de chez soi et y retourner sain et sauf, sans avoir été victime d’un accident de la route ou en être témoin relève d’un véritable miracle.
La gendarmerie nationale donnait des chiffres de 2226 cas d’accidents avec 576 cas de décès en 2011 et 1378 cas en 2014 avec 341 décès. Une hausse de 13,3% des cas d’accidents a été constatée de 2013 à 2014 à Ouagadougou. Des chiffres qui font froid dans le dos et donnent le vertige.
Quant aux causes, elles sont connues et sont pour la plupart le fait de l’homme : excès de vitesse, surcharges, consommation d’alcool, acrobaties sur la voie publique, non-respect du code de la route et de la signalisation routière (verticale et horizontale) pour faire court.
L’étroitesse des voies, une autre cause des accidents de la circulation, ne vient qu’après les raisons mentionnées tantôt.
Malgré la sensibilisation permanente des autorités en charge des questions de la sécurité routière, le phénomène ne fait que prendre de l’ampleur. Il fallait donc passer à autre chose au risque que personne ne puisse circuler un jour à Ouagadougou.
Même si l’événement malheureux récent, qui a conduit à la mort du policier, Rasmané Doussoungou dans l’exercice de ses fonctions ,semble être l’incident de trop qui a conduit à cette opération d’envergure d’environ 1500 engins toutes cylindrées confondues saisis en seulement trois jours, on ne peut que se satisfaire du fait que l’autorité ait finalement pris la pleine mesure de la situation en décidant de passer à la vitesse supérieure.
L’espoir est permis
L’incivisme qui se manifeste plus ou moins bruyamment de nos jours au Burkina Faso, puise ses racines dans certaines injustices criardes vécues ou constatées sous la quatrième République. Aussi, on peut penser que le citoyen face à l’arbitraire de l’État et des gouvernants manifeste à sa manière, son mécontentement parce qu’il ne se sent plus lié au pacte social ou républicain. Alors, il développe des comportements antirépublicains dont l’incivisme sous plusieurs formes.
Cependant, on ne peut pour le bien de l’ensemble de la communauté, tolérer que de tels comportements perdurent. Cela est aussi valable pour celui qui brule un feu tricolore, un drapeau, frappe son enseignant comme on en a connu ces derniers temps.
Comme un seul homme, la Nation doit dire non, trop c’est trop ! Car nous sommes condamnés à vivre ou à périr ensemble. En effet, il n’y aura pas de destin individuel pour quiconque, quelle que soit sa provenance ou son rang social dans une situation de chaos généralisé.
S’il est vrai que le désordre d’avant et d’après insurrection explique en partie ce que traverse le pays, il est plus que temps que les Burkinabè empruntent un autre chemin .Après avoir élu un nouveau président du Faso pour dit-on, un Burkina Faso nouveau.
Chaque citoyen doit pouvoir être la conscience de l’autre surtout dans les lieux publics. Aussi, celui qui brule un feu tricolore doit être fermement interpellé sur sa mauvaise conduite par les citoyens témoins. L’adulte qui voit plus jeune que lui se comporter mal, doit pouvoir lui faire la leçon de morale. Comme au bon vieux temps. Lorsque la morale n’agonisait pas encore au Faso.
Mais évidemment, pour que cette sorte de solidarité citoyenne positive contre l’incivisme sous toutes ses formes soit efficace, il faut que les plus anciens donnent l’exemple. Eux-mêmes se doivent d’être exemplaires pour espérer avoir une parcelle d’autorité face aux plus jeunes.
Cela est aussi valable pour les gouvernants et certaines institutions dont les citoyens n’ont plus aucune confiance. Le salut général réside dans le changement des comportements et des mentalités de tous et de chacun de nous, personnes physiques ou morales. L’objectif final étant de toujours viser le bien et ce qui est positif pour un mieux vivre individuel mais aussi et surtout de la Nation.
Si à moyen terme la répression semble être le langage que comprend le Burkinabè, il faudra travailler à long terme à plus d’éducation des populations ; d’équité ; de justice sociale et lutter efficacement et simplement contre la pauvreté des populations. Le tout, dans une dynamique de réconciliation nationale. Car une Nation pauvre qui perd son temps dans des querelles stériles, n’aura que ses yeux pour pleurer au réveil, ou lorsque « les portes de l’enfer vont s’ouvrir »comme dirait le Pr Laurent Bado.
Angelin Dabiré
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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