L’une des conséquences de la maladie à coronavirus est sans doute les nouvelles mœurs qu’elle impose à certaines organisations sociales. C’est le cas avec des partis politiques qui se voient obligés de miser sur le télétravail et de revoir leur réorganisation…

« Nous devons tous rassembler nos énergies pour faire barrière à la pandémie. Les dernières mesures prises par le chef de l’Etat sont bonnes et gagneraient même à être renforcées. Avant les dernières mesures gouvernementales, nous avons décidé du report de notre Congrès ordinaire initialement prévu en fin mars et qui est appelé à prendre des décisions importantes en cette année électorale. Cela, en même temps que la suspension des activités de structuration et de formation du parti. Cependant, nous nous adaptons à la situation et le parti poursuit ses entrevues de coordination des informations et de ses actions sous forme de télétravail par mail, moyens numériques et réseaux sociaux, en dépit de la faiblesse de la bande passante internet dans notre pays. (…). Le 20 mars, le président du Faso a annoncé des mesures complémentaires à celles prises auparavant par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. Bien avant cela, l’APP/Burkindi a pris la mesure de la situation et pris des mesures conservatoires au nom du principe de précaution, au vu de ce qu’il se passait notamment en Chine, en Corée, en Iran et en Europe. En plein travail de mobilisation, d’installation des structures et de formation des militants sur toute l’étendue du territoire national en cette année électorale, nous avons, rapidement et courageusement, pris la décision de suspendre tous nos regroupements politiques sur toute l’étendue du territoire national, les sorties dans les provinces, les villages et les secteurs, les AG (assemblées générales) comme les réunions hebdomadaires de cadres dirigeants du parti », explique le vice-président chargé de l’orientation politique et de la cohésion nationale de l’Alternative patriotique panafricaine/Burkindi, Issoufou Tao.

« Nous avons fermé ou réduit au strict service nécessaire, tous les sièges du parti également sur toute l’étendue du territoire national, et mis à la disposition des militants obligés de se rendre au siège de Ouagadougou par exemple, un dispositif de désinfection des mains. Nous avons également mis sur pied, une cellule santé du parti dirigée par le docteur Issa Diallo, en vue de réfléchir sur la manière de relayer au mieux en interne et au sein de la population en générale, les recommandations de lutte contre le coronavirus édictées par les services de santé, en lien avec les responsables du parti chargés de la communication. La cellule santé a aussi pour mission de faire des propositions d’actions complémentaires à suggérer aux services de santé du pays. Par exemple, des spots-vidéos sur le Covid-19 et les gestes barrières. (…). », présente-t-il.

Pour ce qui est de l’agenda politique, M. Tao le présente autrement en faisant observer que c’est l’ensemble de la vie sanitaire, sociale, économique, financière et politique qui connaît un bouleversement au niveau mondial et en lançant un appel aux militants et sympathisants à être des « relais utiles » auprès de la population pour faire respecter les recommandations sanitaires rappelées dans le dernier message à la Nation du chef de l’Etat.

« C’est un combat à la fois individuel et collectif. Un parti politique patriotique digne de ce nom, œuvre d’abord à défendre, en toutes circonstances, la vie et la santé des citoyens, ensuite les rassembler autour de valeurs qui élèvent la patrie pour la construction et le progrès de la nation au bénéfice de toutes et de tous », défend le vice-président de l’APP/Burkindi, Issoufou Tao.

A l’Union pour le progrès et le changement (UPC), les efforts sont également consacrés à la lutte contre la pandémie. « Au niveau de l’UPC, nous avons suspendu toutes les réunions périodiques. Lorsque nous avons des informations, nous les partageons à travers le groupe WhatsApp (parlant des membres de l’équipe dirigeante, ndlr). Au niveau du siège, nous avons mis en place un dispositif pour limiter l’accès. Nous avons également pris des précautions pour que l’accès des lieux soit strictement soumis au lavage des mains au savon dès l’entrée, l’usage du gel hydro-alcoolique, etc. Actuellement, le personnel y est réduit ; ce sont des élèves et étudiants qui viennent pour étudier et profiter du wifi et tout cela, dans le strict respect des mesures en vigueur (nombre de personnes limité, lavage des mains, distance à observer…) », explique le directeur du siège national de l’UPC, Jean-Léonard Bouda.

A l’en croire, le « nouveau combat » du parti, c’est contre le coronavirus. « Franchement, actuellement, ce que nous sommes en train de faire, c’est la sensibilisation de nos militants et de leurs familles. On leur demande également de sensibiliser autour d’eux ; autant que possible, que les gens restent chez eux, qu’ils évitent les sorties ou, à défaut, respecter strictement les mesures. Toutes les sections du parti ont reçu des instructions dans ce sens », explique M. Bouda.

Pour le premier responsable du siège du parti donc, l’agenda politique du « lion » est constitué à la lutte contre le Covid-19. « Nous étions également en plein processus de renouvellement de nos structures. Tout est donc arrêté, car nous voulons des militants en bonne santé », précise M. Bouda.

A l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS), l’actualité ces derniers jours a vite désarticulé un grand rendez-vous : le congrès, instance suprême du parti qui devrait plancher notamment sur la présidentielle à venir. « L’UNIR/PS porte à la connaissance de ses militants et de l’opinion publique que son congrès extraordinaire initialement prévu pour les 27, 28 et 29 mars 2020 a été reporté au 30 et 31 mai 2020 à la Maison de la culture et de la jeunesse Jean-Pierre-Guingané », lit-on dans un communiqué rendu public le 17 mars 2020 par la direction politique nationale du parti.

Au lendemain du message du président du Faso avec sa batterie de mesures, et suite à l’évolution du Covid-19 au Burkina Faso, le parti a corsé le dispositif également à son siège. Désormais, le travail via les moyens modernes de communication est privilégié.

« Le président l’Union pour la renaissance/Parti pankariste (UNIR/PS), informe l’ensemble de ses militants et partenaires, que conformément aux directives prises par les autorités dans le cadre de la lutte contre la propagation de la pandémie de la maladie à coronavirus (Covid-19) au Burkina Faso, les mesures suivantes sont prises pour compter de ce lundi 23 mars 2020 : l’accès du siège est interdit aux militants et aux visiteurs jusqu’à nouvel ordre ; un service minimum dans les conditions sanitaires édictées continuera à recevoir toute correspondance destinée au parti ; il est demandé aux usagers du siège de privilégier la communication via Internet (mails, WhatsApp, SMS et réseaux sociaux) et téléphone. Je tiens au respect strict de ces consignes et exhorte les militants à suivre les consignes de sécurité sanitaire que le parti se fera le devoir de donner par tous les canaux d’information propices. La lutte contre la pandémie du Covid-19 est l’affaire de tous et l’UNIR/PS entend jouer pleinement sa partition dans ce combat », relève-t-on dans le communiqué signé du président du parti, Me Bénéwendé Stanislas Sankara, par ailleurs vice-président de l’Assemblée nationale.

L’Organisation des peuples africains-Burkina Faso (OPA-BF, dont Me Ambroise Farama est le président) a également fait les frais de l’irruption de la pandémie. Ainsi, on assiste au report du congrès d’investiture de son candidat, initialement annoncé pour le 4 avril 2020. Pour la direction politique nationale de l’OPA-BF, « en situation d’urgence, il faut savoir où se trouvent les priorités ».

« Cette crise sanitaire a, en peu de temps, remis en cause l’ordre mondial actuel.

Sur le plan politique, les efforts d’intégration sont remis en cause, du fait des mesures de cloisonnement et d’exclusion, laissant apparaître les limites d’une mondialisation qui globalise la consommation et non les solutions. (…). Notre pays n’est pas épargné par la nouvelle plaie. Au-delà des mesures officielles, l’OPA-BF appelle chaque Burkinabè et chaque personne installée au Burkina ou de passage, à faire preuve de responsabilité face aux risques que représente le Covid-19, et à mettre en application les mesures de prévention et de thérapie recommandées. J’exprime ma haute considération à l’endroit des acteurs professionnels nationaux exposés en première ligne aux risques du fait de leur engagement, ainsi qu’aux partenaires sociaux qui ont mis un bémol à l’expression de leurs revendications
», a étayé le président du parti, Me Ambroise Farama, dans un communiqué en date du 18 mars 2018.

O.L.

Lefaso.net

Source: LeFaso.net