L’annonce, en cette soirée de lundi, 9 mars 2020, de l’apparition de premiers cas de coronavirus sur le territoire national a sonné comme un coup de trop pour le Burkina, déjà éprouvé par les multiples attaques terroristes et leurs conséquences sociales surtout.

C’est un cocktail de crises que traverse le Burkina aujourd’hui : menaces sécuritaires, crise humanitaire, mouvements sociaux, puis, coronavirus. Largement suffisant pour exiger des Burkinabè, un élan commun dans un esprit de challenges. Plutôt qu’il en soit ainsi, ces préoccupations nationales sont des aspects par lesquels, l’autorité de l’Etat et la dynamique commune sont mises à rude épreuve. Ce qui se manifeste entre autres par la méfiance qu’expriment des citoyens vis-à-vis des informations relayées par l’exécutif sur les questions nationales. En atteste, si besoin en était encore, la récente actualité autour du drame de Barga.

Quid des perceptions diffusées çà et là sur l’actualité du coronavirus au Burkina ? Sur ce dernier sujet, les mesures gouvernementales subissent toutes les critiques, voire la foudre, de citoyens. Des Burkinabè restent persuadés que cette pandémie est, à la limite, saisie et manipulée par leurs dirigeants comme une aubaine pour étouffer des préoccupations…

C’est la ration de la crise de confiance qui prévaut entre eux et leurs gouvernants. Comment parvenir et incarner donc l’unité d’action tant prônée, sans un réel engagement derrière ceux-là qui ont été choisis pour présider aux destinées du pays et dans une atmosphère qui donne l’impression que nombre de Burkinabè ne se retrouvent pas dans la République ?

« La crise de confiance entre gouvernants et gouvernés a atteint un seuil record. Je ne comprends pas le président (Roch Kaboré), il regarde et laisse les gens faire. Il fallait vraiment un signal fort en limogeant ses proches indélicats. Cela pouvait instaurer une confiance entre lui et le peuple. Mais quand les gens ont l’impression qu’il travaille plutôt à leur faire profiter le pouvoir et à les protéger, il est difficile de faire l’unité des Burkinabè autour de quoi que ce soit », se lâche un membre de l’Alliance des formations et partis politiques de la majorité présidentielle (APMP).

Un sentiment qu’on peut jauger avec ce point de vue de ce citoyen pour qui, « le seul point positif, c’est que nous avons réussi à chasser Blaise (Compaoré), sinon tout est pire qu’avant : insécurité, politisation de l’administration, promotion des médiocres, corruption… ».

L’exécutif doit donc, aux yeux du citoyen, revenir à son statut de serviteur du peuple au lieu de donner l’impression qu’il se sert plutôt de son peuple. En d’autres termes, la hantise de la gouvernance clanique et d’impunité perçue par le citoyen, comme faisant partie des mœurs de ses dirigeants, doit s’amenuiser. Les grandes batailles se gagnent ensemble.

Mais elles ne sauraient se gagner dans une société où les membres sont dans une position de tête-bêche. Ceux qui président donc aux destinées du pays se doivent aujourd’hui d’œuvrer au rassemblement et à l’unité des Burkinabè. C’est un chantier primordial sur lequel, le président Roch Kaboré et son équipe sont attendus, devant l’histoire. Il n’y aura aucun mérite, si de leur gouvernance, les Burkinabè sortent plus divisés qu’auparavant. Car, dans un environnement mondial où la dynamique est aux grands ensembles, il n’y a pas de place pour les peuples qui s’émiettent !

O.L.

Lefaso.net

Source: LeFaso.net