38 ans après avoir dirigé la Haute-Volta (actuel Burkina Faso), l’ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo donne sa version de ce qui s’est passé entre 1982 et 1983. « Ma part de vérité », le mémoire du président, a été dédicacé ce samedi 25 janvier 2020 à Ouagadougou, en présence de plusieurs autorités du pays.
A la fin du Conseil national de la révolution (CNR) dirigé par le capitaine Thomas Sankara, beaucoup de versions ont été servies. Mais que s’est-il passé réellement entre 1982 et 1983 ? Entre coups bas, fuite d’informations et stratagèmes, l’ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo (7 novembre 1982-4 août 1983) fait des révélations dans son mémoire intitulé « Ma part de vérité ».
« Ma part de vérité a pour ambition de rompre la dictature sur le mensonge et de rappeler que le capitaine Thomas Sankara n’était qu’un homme quelles que soient les qualités qui l’habitaient », a déclaré l’auteur, Jean-Baptiste Ouédraogo (JBO). Selon Dr Dramane Konaté, qui a présenté l’ouvrage, « Ma part de vérité » est un livre de 260 pages divisé en quatre parties. On y trouve une dimension documentaire, politico-militaire et littéraire ».
- Le contenu de l’ouvrage est composé des photos
Le livre révèle les exécutions sommaires à la veille de la Révolution, le rôle qu’a joué le guide de la révolution libyenne, Mouammar Kadhafi dans la crise sociopolitique de la Haute-Volta (actuel Burkina Faso) entre 1982 et 1983, et l’assassinat avorté du président JBO.
« Il y avait plus d’ivraies que de bons grains… »
Que retenir du capitaine Thomas Sankara ? « Ma part de vérité » apporte quelques éléments d’éclairage sur cet homme adulé au-delà des frontières nationales. Il était un fin stratège, un charismatique, un manipulateur, dit l’auteur. « Mais savait-il qu’il était manipulé ? », s’interroge Dr Dramane Konaté.
- Les anciens amis et collaborateurs du président JBO ont fait des témoignages au cours de la cérémonie
En tout cas, chaque parole, chaque geste du capitaine Thomas Sankara était prémédité, a confié le président JBO. Pour lui, Thomas Sankara avait une double face comme une médaille. « La nouvelle génération qui ne l’a pas connu n’admire que la bonne face », a affirmé l’auteur du livre. Toutefois, JBO a tenu à rassurer que « l’honneur du capitaine Thomas Sankara sera saint et sauf ».
Sous la révolution (1983-1987), à en croire l’auteur de l’ouvrage, les adversaires sont réduits au silence, parfois au silence absolu, et par tous les moyens. « Il y avait plus d’ivraie que de bons grains dans cette révolution. Il y avait des héros mais aussi des victimes », a indiqué JBO.
- Le président Jean-Baptiste Ouédraogo
Le parrain de la dédicace, Edouard Ouédraogo, par ailleurs directeur de publication du journal L’Observateur Paalga, a rappelé que dans le livre, l’auteur a déclaré : « Je demeurerai l’un des personnages les plus controversés de l’histoire du pays ». Mais s’il y a un mérite qu’il faut reconnaitre à cet ancien président, c’est « le refus de la violence ».
« Preuve de courage et d’audace »
Durant la dédicace, sept (07) acteurs de cette période historique ont fait des témoignages. Dans son adresse au président JBO, Jean de Dieu Somda (ministre au moment des faits) a déclaré : « Votre plus grand succès, c’est de nous avoir évité une guerre civile ».
- Des figures politiques présents à la cérémonie
Quant au colonel Jean Claude Kamboulé (lieutenant au moment des faits), il a confessé publiquement que la chute du Conseil du salut du peuple (CSP) dirigé par JBO a été planifié chez lui. « Nous avons agi en tant que militaire sans aucune intention politique », a-t-il indiqué.
Selon le ministre de la Culture, Abdoul Karim Sango, par ailleurs patron de la cérémonie, l’auteur a fait « preuve de courage et d’audace », en parlant de Thomas Sankara de cette manière. Puisque « la vérité est source de la vérité », le ministre a rappelé que le livre n’expose pas seulement les actions négatives de Thomas Sankara.
- Le ministre de la Culture, Abdoul Karim Sango
En attendant le Tome II des témoignages du président Jean-Baptiste, « Ma part de vérité » est vendue à 10.000 FCFA l’exemplaire.
De l’avis du préfacier de cet ouvrage, Jean Marc Palm Domba, « Ma part de vérité » est un mémoire donc « On n’est pas obligé de partager son point de vue », a-t-il conclu.
Cryspin Masneang Laoundiki
LeFaso.net
Source: LeFaso.net
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