La Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) a publié le 19 novembre 2019 le rapport 2019 sur les pays les moins avancés (PMA). Ce rapport exhorte entre autres les PMA dont fait partie le Burkina Faso à non seulement utiliser l’aide extérieure pour transformer la structure de leurs économies, mais surtout à veiller à ce que les financements extérieurs répondent aux priorités de leurs plans nationaux de développement.

Représentant plus de 13% de la population mondiale, les pays les moins avancés (PMA) qui sont les plus pauvres du monde génèrent à peine 1% du PIB mondial avec une faible participation à l’économie mondiale. De plus, ils sont fortement tributaires de l’aide extérieure. Ce financement extérieur dont sont dépendants les PMA n’est malheureusement pas toujours orienté vers leurs priorités de développement.

En effet, selon le rapport 2019 de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), en 2017, seulement 32% des initiatives des donateurs avaient des objectifs directement tirés des plans nationaux de développement.

Le défi pour les pays les moins avancés est donc de veiller à ce que les financements extérieurs, quelle que soit la provenance, soient dédiés aux priorités de leur développement national. Selon le rapport de la CNUCED, cette approche est le meilleur moyen de gérer leur dépendance à l’égard de l’aide et à terme d’y échapper. « Pour atteindre les objectifs de développement durable et échapper à la dépendance à l’égard de l’aide, les PMA ont besoin d’un financement extérieur axé sur la transformation structurelle de leur économie. », foi de Mukhisa Kituyi, Secrétaire général de la CNUCED.

Le rapport souligne également que si ces dernières années l’on a assisté à une augmentation des sources de financement extérieur, cela n’est pas allé de pair avec un accroissement significatif du financement du développement. Cette diversité de sources s’est plutôt traduite par une augmentation du nombre d’acteurs et d’instruments et a entrainé une opacité et une complexité accrues pour les PMA.

Le rapport indique aussi que la composition sectorielle de l’Aide publique au développement continue d’être favorable aux secteurs sociaux qui absorbent 45% de l’aide totale, alors que les secteurs de l’infrastructure économique et de production n’en reçoivent respectivement que 14% et 8%.

En outre, le financement du développement moderne se caractérise par un nombre croissant d’instruments complexes et une diminution de la concessionnalité (part du financement obtenu à des taux bonifiés). Résultat, les PMA ont de plus en plus recours au financement par l’emprunt, ce qui a fait doubler l’encours de leur dette extérieure qui est passé de 146 milliards de dollars à 313 milliards entre 2007 et 2017. Actuellement, un tiers des PMA sont en situation de surendettement ou courent un risque élevé de surendettement.

Les PMA invités à renforcer la gestion de leur financement du développement

Pour inverser cette tendance, le rapport 2019 du CNUCED a fait de nombreuses recommandations. Il exhorte ainsi les PMA à renforcer la gestion de leur financement du développement. Cela pourrait se faire en établissant ou en renforçant les mécanismes de coordination de l’aide.

Le rapport recommande également aux PMA d’adopter des politiques pour gérer convenablement leurs relations avec les acteurs du développement traditionnels et émergents, notamment les donateurs traditionnels et émergents, les Organisations non gouvernementales, les philanthropes, les entités du secteur privé participant à la coopération au développement et les sources de financement du développement provenant d’autres pays en développement.

En outre, le rapport préconise aux PMA de se concerter avec les sources de financement pour aligner les programmes, projets et activités financés sur les plans et priorités nationaux de développements et faire respecter la responsabilité mutuelle dans les pratiques, la collecte de données, l’établissement de rapports, les normes de transparence et de suivi.

Toujours selon le rapport, les PMA devraient renforcer la capacité de leurs Etats à canaliser les ressources vers la transformation structurelle et aussi travailler à mobiliser davantage de ressources internes pour avoir une plus grande marge de manœuvre budgétaire. Cela passe par des réformes des politiques nécessaires pour élargir l’assiette fiscale et accroitre les recettes.

Les donateurs appelés à s’aligner sur les priorités des pays bénéficiaires

Pour ce qui est de la contribution des donateurs, notamment les donateurs traditionnels, le rapport indique qu’ils devraient respecter les engagements existants visant à consacrer entre 0,15% et 0,2% de leur revenu national brut à l’aide publique au développement en faveur des PMA contre seulement 0,09% actuellement.

Le rapport invite également les donateurs à s’aligner sur les priorités des pays bénéficiaires en orientant leurs allocations d’aides en fonction des plans de développement nationaux des PMA et en utilisant les systèmes nationaux existants.

Les donateurs devraient aussi accroitre la transparence dans la sélection et la mise en œuvre des projets.

Quant à la communauté internationale, la CNUCED l’exhorte entre autres à contribuer au renforcement de l’Etat dans les pays les moins avancés en proposant des programmes de renforcement des capacités et de formation, notamment en matière de planification du développement, d’analyse financière et de compréhension de l’architecture changeante de l’aide.

La communauté internationale devrait aussi donner la priorité à une représentation et à une voix adéquates des PMA dans les forums sur l’aide et le financement du développement, afin que leurs préoccupations et intérêts spécifiques soient pris en compte.

Synthèse de Justine Bonkoungou

Lefaso.net

Source: LeFaso.net