La ménopause est une étape incontournable dans la vie d’une femme. Elle survient généralement entre 49 et 55 ans avec des désagréments difficiles à supporter pour les femmes qui, le plus souvent, n’y sont pas préparées. Pour mieux comprendre ce qu’est la ménopause et comment mieux vivre avec, nous avons rencontré Pr Der Adolphe Somé, maître de conférences agrégé et gynécologue obstétricien au Centre hospitalier universitaire Souro Sanou de Bobo-Dioulasso. Lisez plutôt !
Lefaso.net : Professeur, en termes simples, qu’est-ce que la ménopause ?
Pr Der Adolphe Somé : La ménopause, c’est un ensemble de signes découlant de l’incapacité de la femme à procréer du fait de l’arrêt de l’activité des ovaires. Quand les ovaires chez la femme ne fonctionnent plus, ne produisent plus d’ovules, en ce moment il y a un certain nombre de signes que la femme ressent qui annoncent la ménopause, puis la ménopause définitive. Donc la définition médicale que nous avons de la ménopause, c’est l’arrêt total et définitif des règles pendant au moins 12 mois chez une femme dont les ovaires ne fonctionnent plus.
Quelle est la tranche d’âge concernée par la ménopause ?
En moyenne, on dit 49 ans, mais la ménopause peut aller jusqu’à 50-55 ans ; ça dépend des femmes. Au Burkina Faso, entre 49-55 ans, les femmes sont ménopausées. Avant 45 ans, à 35 ans, on dit que c’est une ménopause précoce.
Justement, parlant de ménopause précoce, qu’est-ce qui l’explique ?
Il y a les facteurs acquis, c’est-à-dire provoqués, et il y a les facteurs naturels. En ce qui concerne les facteurs acquis, une femme peut avoir ses ovaires détruits de façon accidentelle lors d’un traitement. Par exemple si vous avez un cancer et on doit vous envoyer des rayons au niveau du bassin, ça peut bousiller les ovaires. Au cours d’une intervention chirurgicale, pour une raison X ou Y, on peut être amené à enlever vos ovaires. Ça ne devrait pas être fréquent, mais il y a des cas rares comme ça et vous êtes ménopausées, quel que soit l’âge que vous avez.
Maintenant de façon naturelle, une femme de moins de 35 ans qui ne voit pas ses règles, il faut aller chercher les causes. Ça peut être inné, ça peut être héréditaire. Il n’y a pas à ma connaissance des causes évidentes comme ça à donner.
Vous parliez tantôt de signes qui annoncent la ménopause. Quels sont ces signes ?
Il y a des signes avant-coureurs qui se manifestent avant l’arrêt total des règles, notamment pendant les quatre années qui précèdent l’arrêt total des règles. Les femmes ressentent un certain nombre de signes et ces signes sont variables d’une femme à l’autre. Le premier dont les femmes se plaignent, ce sont les bouffées de chaleur. Ce sont des signes neurologiques ; la femme a des sensations de chaleur, elle se dévêtit quand elle est couchée, après brutalement elle a froid, elle se recouvre, elle grelotte, elle transpire…
Il y a aussi la nervosité. La femme qui, habituellement, était gentille, bien dans le foyer, s’énerve contre tout le monde ; elle crie sur tout le monde. Donc il y a une variabilité de son esprit due à la diminution des hormones secrétées par les ovules en croissance qui manquent.
On a également les changements des règles qui viennent, qui se coupent un mois, deux mois, qui reviennent, etc. Mais quand ça se coupe pendant 12 mois, on dit que c’est la ménopause confirmée.
Quand c’est confirmé, on a des problèmes au niveau de la peau. On a une peau ridée, la barbe qui pousse, la voix qui change, parce qu’elle n’est plus couverte par les hormones féminines. Il y a des difficultés sexuelles du fait des modifications liées à l’appareil génital. C’est essentiellement ça.
Existe-il des traitements pour soulager les femmes qui souffrent de ces symptômes ?
Bien sûr ! Aujourd’hui en médecine tout se traite. Le rôle du gynécologue-obstétricien, de la sage-femme, c’est d’amener la femme à avoir une qualité de vie acceptable. Malheureusement pendant très longtemps, les médecins gynécologues-obstétriciens et les sages-femmes ne se préoccupaient que de l’accouchement, parce qu’il y avait très peu de gens pour s’occuper des femmes qui accouchent.
Ce qui fait que les autres aspects de santé de la femme n’étaient pas tellement mis en avant. C’est un peu comme le cancer du col utérin et du sein dont on parle aujourd’hui. Les gens ont l’impression que c’est devenu plus fréquent, alors que c’était la même chose, peut-être même pire par le passé.
Donc autant on s’occupe de la petite fille en pédiatrie, autant on doit s’occuper de la femme âgée aujourd’hui. L’autre facteur est que par le passé, les femmes mouraient trop tôt en couches, très peu de femmes atteignaient 50 ans. Aujourd’hui les femmes vivent jusqu’à 70-80ans, il faut donc s’occuper de la santé de la femme âgée qui est spécifique. Nous sommes en train de voir si on peut créer un service de consultation uniquement pour les femmes ménopausées.
Il y a des médicaments, il y a des prises en charge. On a les possibilités aujourd’hui de permettre à la femme ménopausée d’avoir une qualité de vie acceptable.
Dans vos services, les femmes consultent donc de plus en plus pour les désagréments liés à la ménopause ?
Oui bien sûr. C’est peut-être parce qu’on est en ville. Parce qu’au village, la tradition veut que la femme accepte ce qui lui arrive. Mais en ville, les esprits sont beaucoup plus libérés et la femme se prend en charge. Personnellement, je constate qu’au niveau de la consultation externe à l’hôpital, les motifs de consultation pour ménopause sont fréquents. Dans les privés aussi, c’est fréquent.
A la ménopause, la sexualité s’arrête-elle pour la femme ?
Jamais ! Les rapports sexuels, c’est jusqu’à la veille de la mort.
Est-ce que ce n’est pas douloureux ?
Ça fait mal, mais ça fait partie de la prise en charge de la ménopause. L’un des signes de la ménopause, c’est le fait que les organes génitaux ne ratatinent. La vulve est modifiée, parce que les hormones, l’estradiol qui est secrété par les ovaires ne vient plus. Les ovaires ne travaillent plus et donc le vagin doit être entretenu autrement. C’est l’un des objectifs de consultation. Si la femme désire poursuivre sa vie sexuelle, c’est son droit et nous avons des moyens pour ça.
Avez-vous quelques conseils à donner aux femmes pour leur permettre de mieux vivre la ménopause ?
Pour mieux vivre sa ménopause, il faut venir nous (médecins, sages-femmes, ndlr) voir et nous allons vous accompagner.
Entretien réalisé par Justine Bonkoungou
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
Commentaires récents