« Convergence macro-économique au sein de l’UEMOA : états des lieux et perspectives ». C’est sous ce thème que le département des politiques économiques et de la fiscalité de l’UEMOA a rencontré les hommes de média. C’était ce lundi 23 septembre 2019 à Ouagadougou, au cours d’un déjeuner de presse.

Présentée comme l’ensemble des mesures et dispositions permettant aux économies des différents Etats de se rapprocher, la convergence, selon Félicien Arigbo, directeur de la Surveillance multilatérale, vise une harmonisation des politiques économiques de l’espace communautaire. « Au niveau des Etats membres, nous essayons de voir que les politiques des uns ne gênent pas les autres. Il y a un certain nombre de critères de convergences (indicateurs) qui ont été définis et pour parvenir à ces critères, nous avons des programmes pluriannuels, une sorte d’engagement qui permet aux Etats membres de définir le trajet pour arriver aux objectifs qui sont fixés en matière de convergence », a expliqué le directeur de la surveillance multilatérale.


Au nombre de cinq, les critères de convergence sont répartis en deux catégorie dont trois de premier rang et deux de second rang.

Au titre des critères de premier rang, figurent, le critère clé à savoir le ratio du solde budgétaire global, dons compris, rapporté au PIB (différence entre les ressources et les charges) dont le déficit ne doit pas dépasser 3%. Son non-respect, selon Félicien Arigbo, est susceptible de déclencher le mécanisme de sanction.

A cela, s’ajoutent le taux d’inflation annuel (variation globale du niveau des prix au cours d’une année) qui doit être inférieur ou égale à 3% et le ratio de l’encours de la dette publique intérieure et extérieure rapporté au PIB nominal (inférieur ou égal à 70%). Quant aux critères de second rang, ils sont relatifs au ratio de la masse salariale sur les recettes fiscales (inférieure ou égale à 35%) et le taux de pression fiscale (supérieure ou égale 20%).


6,7% en perspective

Si en 2018, l’activité économique de l’Union s’est caractérisée par un taux de croissance de 6,6% comme en 2017, elle pourrait être marquée par une croissance de 6,7 % dans un contexte de maitrise des prix et un déficit budgétaire en dessous de la norme communautaire. « La mobilisation des recettes intérieures s’améliorerait et le rythme d’endettement est projeté en baisse. Tous les Etats membres respecteraient le critère clé, avec une réduction du déficit de 1 point de pourcentage pour la plupart », nous rapporte le rapport de la surveillance multilatérale de juin 2019, soulignant que tous les Etats membres respecteraient les trois critères de premier rang.

Par ailleurs, pour des Etats comme le Mali et le Burkina Faso, la consolidation budgétaire en 2019 passe par une augmentation de leur pression fiscale de 4,2 et 2,7 points de pourcentage, dans un contexte d’insécurité. Dans ces deux pays, indique le rapport, le gain annuel de pourcentage de pression fiscale n’a pas excédé 2 points, ce qui dénote du caractère optimiste de cette consolidation budgétaire. Un résultant encourageant, selon le commissaire du département des politiques économiques et de la fiscalité intérieure, Mocthar Diagne.

« Nous atteindrons en 2019, 6,7%. C’est le taux de croissance le plus élevé en Afrique. Nous avons également mis les moyens, notamment un cadre macro-économique assaini, des politiques budgétaires confirmées, des institutions aptes à porter ces politiques. L’UEMOA est dans une phase de développement réel », a-t-il noté, précisant que cette croissance pourrait être plus distributive.


En effet, la commission de l’UEMOA entend réorienter les politiques économiques pour que cette croissance ait plus de portée pour le plus grand nombre de pays. Cela, en tenant compte d’un certain nombre de difficultés telles que la faible diversification et vulnérabilité des économies aux chocs, les difficultés d’approvisionnement en énergie électrique, les coûts des matières premières, le niveau insuffisant des recettes, l’insécurité, l’instabilité socio-politique, la bonne gouvernance.

« Il s’agira de la réorienter dans les secteurs porteurs tels que l’agriculture qui occupe la plus grande majorité de la population, de faire en sorte que l’économie soit plus diversifiée ; qu’on transforme le maximum de nos productions agricoles sur place. C’est cela qui nous permettra d’impliquer le plus grand nombre dans ce partage des bienfaits de la croissance constatée », a soutenu M. Diagne.

Nicole Ouédraogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net