Le Soum est l’une des quatre provinces de la région administrative du Sahel constitué de neuf départements. Depuis 2016(Human Right Watch, 2017), cette province est particulièrement menacée par la violence politique (au sens de Bosi, 2012).Il y a quelques jours un groupe armée aurait menacé d’occuper Djibo, le chef- lieu de la province.
L’auteur de cette réflexion escompte, d’une part, fouetter l’amour propre des soumois et en particulier celui des djelgobè afin qu’ils puisent dans leurs ressorts psychologiques les ressources nécessaires pour continuer à vivre d’autant que ceux qui menacent leur quiétude ont peur de vivre. D’autre part, il invite les uns et les d’autres de cesser de se faire réciproquement peur.
A l’autorité centrale et aux leaders d’opinions locaux de jouer leurs partitions en prospectant les axes ci-dessous énumérés dont il tire de son Interprétation des résultats de recherches empiriques. Jusque-là, nous avions progressivement assisté à une victimisation jamais égalée eu égard au pourrissement du contexte sociopolitique national ainsi que des excès langagiers de pêcheurs en eau trouble qui ont opté manifestement pour une agression idéologique.
La peur est un sentiment humain et comme pour tout sentiment, la peur peut prendre des proportions inquiétantes, et démesurées dans la vie d’une personne, et se transformer en une émotion paralysante comme la phobie, ou la frayeur, devenir obsessionnelle, et virer au cauchemar ou à la paranoïa. La stratégie des groupes armés consiste à : « infliger des dommages matériels, psychologiques et symboliques à des individus et/ ou à leurs biens dans le but d’obtenir le soutien ou l’opposition de publics variés à des changements politiques, sociaux et/ou culturels (Bosi, 2012) ». La rhétorique martiale en tant que réponse a montré ses limites en ce que la violence alimente la violence. Le point de la situation a été suffisamment documenté, il nous reste qu’à former le poing. Que faire face aux appétits d’un groupe armée ?
1. Mille poussins réunis font quand même peur à l’épervier
Les résultats d’une recherche que nous avons publiés en 2018 montraient plus généralement que lorsque dans une région administrative, une personne sur deux, au moins, affirme n’avoir pas peur des attaques armées, cela réduit de 7:3% la propension à la peur dans cette région, et ce comparativement aux régions où le taux de serénnité(n’a pas peur des attaques armées) n’excède pas les 49%( taux de sérénité au plan national).
2 Assurer l’effectivité de la présence d’un poste de police ou de gendarmerie
Certes, les rapports de confiance entre la population et les FDS sont contrariés, mais nos travaux ont mis en évidence au travers d’une recherche empirique publiée en décembre 2018 que la présence d’un poste de police ou de gendarmerie réduit de 13 ; 6% la propension à avoir peur des attaques armées (IPERSO, 2018).La situation actuelle recommande stratégiquement que les forces de défense maintiennent une position avancée.
De ce fait les forces de défense et de sécurité devraient voir leur dotation en équipements de combat augmentés, disponibilités. Et Compte tenu de l’hyper mobilité de certains acteurs de l’insécurité(IPERSO), il est serait intéressant d’envisager la création d’une unité combattante motorisée ainsi que des checkpoints (IPERSO, 2017).Les postes de contrôle ne sont pas appréciés à leur juste valeur en ce que les« descendez- montez- ! » sur la RN 22(Ouagadougou Kongoussi-Djibo) sont jugés épuisants et occasionnant des pertes de temps durant les voyages.
3 Poursuivre l’identification des acteurs de l’insécurité
L’insécurité dans les espaces culturels du Djelgodji et du Macina est multiforme (THIAM, BEMAHOUN, BARRY).On y distingue des bandits de grands chemins (Oumarou Idrissa Yéro),les règlements de compte en lien avec les conflits centenaires(IPERSO,2017), les extrémistes réligieux ( Ansarul islam). C’est un truisme que d’affirmer que cette situation d’insécurité profite à certains .Si tout est parti par le groupe extrémiste Ansaroul Islam affaibli depuis mai 2018(Le serpent n’est pas encore mort ! ! ! ). Des combattants du groupe ansaroul Islam, affirment que ni Amadou Couffa,ni Malam Ibrahim Dicko n’a une fois défendu une « question peule » , laquelle a un contour flou(THIAM, 2017).
4 Sensibiliser à la non exagération des faits
L’exagération des faits alimente la radicalisation tout comme les frustrations. On se souvient de ce rapport de Human Right Watch intitulé : « le jour nous avons peur de l’armée et la nuit des djihadistes ». Ledit rapport a été élaboré sur la base d’entretiens afin de documenter les abus par des islamistes armés et par des membres des forces de sécurité au Burkina Faso.
Si tel est le cas, pourquoi saheliens du Soum à qui le rapport fait un clin d’œil fuyez la terre de vos aïeux ? C’est quoi le projet comme on dit dans le jargon populaire ? Par conséquent, c’est participer à L’excitation de l’émotion populaire et le dressage contre l’Etat, en entretenant toujours et encore une distance avec celui-ci (International Crisis Group(2017), IPERSO(2017)).
Conclusion
En somme,nous sommes fondés à croire que l’implémentation des quatre(04) axes ci- cités pourrait ramener la quiétude. Il Y a pire qu’échouer, c’est de ne jamais essayer. De par le passé, dans les années 93- 94, les populations ont courageusement affronté la situation insécuritaire créée par les touaregs de l’Azawad.
Les valeurs ( courage, ténacité, honneur) du « Djelgowo »ont été des adjuvants qui ont permis d’affronter cette situation. Si nous voulons rester digne de nos ancêtres, ce n’est pas en se faisant peur réciproquement en relayant via les TIC des messages du genre que « la police a quitté djibo ». Pour sûr, nous vaincrons ceux qui nous endeuillent et menacent de prendre Djibo :« La patrie ou la mort, nous vaicrons ! ».
Il n’y a pas d’alternative crédible que de résister ou de périr lâchement. Cette Dernière attitude ne nous ressemble pas ! C’est pourquoi soutenons- nous avec le politologue états-unien Dwight Macdonald ceci : « Don’t agonize, organise ! ».Car c’est de notre responsabilité citoyenne, en effet. Et Aussi, en raison du fait que la « peur est mauvaise conseillère ».Residants des communes de Djibo, Barouboulé, Nassoubou,Diguel, Tongomael,Pôbé- Mengao,Koutougou,Arbinda, formez le poing aujourd’hui, et la postérité fera le point demain.
BEMAHOUN Honko Roger Judicael
honkoroger@gmail. Com
+226 70 09 1245/ +226 74 56 67 34
Du même auteur
Pour aller plus loin, veuillez lire aussi, les productions suivantes du même auteur :
.Extrémisme violent dans l’espace culturel du Djelgodji : Facteurs associés et
modalités de tigation(http://iperso.org/wa_files/Raport_20HONKO_2814_20aout_202018.pdf) ;
.Ce qui explique que des burkinabè n’aient pas peur des attaques armées : Une
analyse économétrique à partir d’un modèle dichotomique(http://iperso.org/wa_files/ce_20qui_20explique_20que_20des_20burkinab_C3_A8_20n_27aient_20pas_20peur_20des_20attaques_20arm_C3_.pdf) ;
• Confiance institutionnelle au Burkina Faso : Examen en analyse multiniveau sur la décennie 2008 à 2018(http://iperso.org/wa_files/confiance_institutionnelle_bfa_2008_a_2018.pdf
Ouagadougou, le 19 octobre 2019
Source: LeFaso.net
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