Répondant aux questions d’actualité lors du point de presse du gouvernement le 19 septembre 2019, le ministre en charge de la Communication, Remis Fulgance Dandjinou, est (encore) revenu sur la longue crise qui paralyse les médias de service public. Autre point consécutif à cette crise, ce que le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la communication (SYNATIC) a appelé « piratage » du signal de la RTB télé. « Si des gens estiment que je suis un pirate, je répondrai devant la justice », a clamé le porte-parole du gouvernement.

« Le samedi 14 septembre 2019, nous avons constaté une diffusion d’images en direct, non authentifiées par le logo de la télévision du Burkina (RTB/télé) sur le canal de la RTB sur TNT et sur le bouquet Canal + » , indiquait le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la communication (SYNATIC) le 16 septembre dernier à travers un communiqué. Pour le syndicat qui s’offusquait, « la diffusion de telles images est de nature à porter atteinte à la crédibilité de la RTB et partant à l’image de l’ensemble de ses travailleurs. Pire, elle constitue une atteinte grave à la souveraineté du Burkina Faso ». D’ailleurs, le SYNATIC a saisi le Conseil supérieur de la communication pour cette affaire de « piratage ».

« Arrêtons de faire semblant », a campé le ministre de la Communication qui se demande où se trouve la souveraineté que clame le syndicat quand le jour où devrait se tenir le TAC (Ndlr. Traité d’amitié et de coopération), des agents choisissent de ne pas travailler. « Qu’est-ce qu’ils veulent obtenir ? Quelle est l’image du Burkina qu’ils veulent donner ? Est-ce qu’on doit verser la figure du Burkina pour avoir raison ? » Questionne Remis Fulgance Dandjinou.

Selon lui, des démarches ont été entreprises pour éviter le boycott du TAC. Les discussions ont eu lieu entre le ministère de tutelle, le syndicat et le ministre en charge de l’Economie, des finances et du développement (MINEFID). « On s’est rencontré cette fois-ci, pour la première fois, avec le MINEFID. Il (MINEFID) est venu à la table et a proposé un statut dérogatoire ».

Les travailleurs des médias publics devraient avoir donc tous les avantages relatifs à ce statut sans les inconvénients. Par contre, la RTB ne pouvait passer au statut de société d’Etat avec ses 795 agents. Seulement 426 seront conservés.


Malgré les discussions qui se sont poursuivies, les différentes parties ne sont pas parvenues à un accord. « Grande est notre surprise, le soir, d’entendre par plusieurs canaux qu’on ne veut plus de ce qu’on avait quasiment accepté. Qu’est-ce que vous voulez que je fasse ? Qu’un sommet où vous avez 13 chefs d’Etat réunis, que le canal de diffusion nationale ne puisse en faire l’écho ?

Non, si je suis pirate, je suis pirate. Ils n’ont qu’à m’amener à la justice, je vais répondre. Mais je ne peux pas admettre ça (…) J’ai une estime pour mon pays. Je ne peux pas permettre que dans une manifestation pareille, mon pays prenne la honte parce qu’on est en bagarre entre nous », s’est défendu le ministre face à la presse.

C’est donc là que le ministre Dandjinou dit avoir pris des initiatives pour la diffusion en direct des activités entrant dans le cadre du sommet de la CEDEAO et des activités du G5 Sahel. « J’ai pris mes responsabilités, j’ai diffusé la conférence de presse du vendredi du G5 Sahel sur l’énergie, j’ai diffusé la cérémonie d’ouverture et j’ai diffusé également la cérémonie de clôture et je l’ai fait avec l’accord du Directeur de publication de l’organe. Je leur ai demandé si nous pouvions mettre notre signal à leur disposition, ils l’ont accepté et on a diffusé. Si des gens estiment que je suis un pirate, je répondrai devant la justice ».

Tiga Cheick Sawadogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net