« L’heure est grave, nous en sommes tous conscients ! », a martelé Maman Sambo Sidikou secrétaire permanent du G5 Sahel lors de l’ouverture de la réunion des ministres en charge de la Sécurité des pays qui composent cette force multinationale. C’était le 11 septembre 2019 à Ouagadougou.

Ce géant au pied d’argile qu’est le G5 Sahel peine à être opérationnel, s’enlisant dans des sempiternelles réunions, alors que la menace s’étend, se durcit, et est de plus en meurtrière. « Force est de reconnaitre que les avancées enregistrées depuis n’ont pas toujours été à la hauteur des espérances initiales (…) », concède d’ailleurs le secrétaire permanent du G5 Sahel. Raison pour laquelle il a plaidé pour une meilleure coordination des actions, une prise en compte d’autres maillons de la chaine, longtemps restés en marge, par exemple des forces de sécurité intérieure.

Selon le diplomate nigérien, certaines zones sont pratiquement des fiefs de terroristes, des territoires entiers où on ne parle plus d’Etat, et c’est de là que partent les attaques. « Kidal, désormais évidente base arrière et rampe de lancement de plusieurs opérations terroristes. Il y a également la zone des trois frontières (Mali-Burkina-Niger), celle de Wagadou, du lit du lac Tchad, autant de sanctuaires inacceptables et dont la situation actuelle ne peut que heurter toute conscience, eu égard aux crimes abominables qui se multiplient », a expliqué l’ancien Chef de la mission de l’Union africaine en Somalie.

Une fois de plus, le secrétaire permanent du G5 Sahel a rappelé la nécessité de mise en commun des efforts. « Ce combat est d’abord sahélien et africain et ensuite nos amis vont nous soutenir », a-t-il soutenu. Justement ces amis, partenaires à qui les chefs d’Etat des 5 pays demandent avec insistance soutien, ne semblent pas beaucoup s’émouvoir de la situation critique. Pourtant, Maman Sambo Sidiko est convaincu que le Sahel doit être « une responsabilité partagée du monde. Combattre le terrorisme au Sahel, c’est combattre le terrorisme ailleurs aussi. Si nos amis ne comprennent pas cela, nous avons un problème… » .

Ancien Chef de la mission de l’Union africaine en Somalie, la conviction de Maman Sambo Sidiko est qu’il y a un internationalisme du terrorisme, mais il regrette que la réponse apportée au cas du Sahel soit moins internationale. « Il faut qu’on soit d’accord, ou on veut réellement combattre le terrorisme comme il le faut (…) On a vu toutes les coalitions au Moyen Orient qui ont mis Daesh à mal, pourquoi cette volonté n’est pas là au niveau du Sahel, aux portes de l’Europe, de l’Océan atlantique ? ». Question.

Tiga Cheick Sawadogo

Lefaso.net

Source: LeFaso.net