Des militaires radiés et des policiers révoqués suite à la mutinerie de 2011 sont montés au créneau, ce mardi 3 septembre 2019, à Ouagadougou, pour exprimer son indignation suite au décret n° 2019-0819, portant octroi d’une aide spéciale à leur réinsertion sociale. Ils rejettent cette décision du gouvernement, la trouvant contraire aux propositions formulées par le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale(HCRUN).
Les militaires radiés et les fonctionnaires de police révoqués en 2011 à travers une délégation étaient face aux médias pour exprimer leur amertume suite à la décision du gouvernement d’octroyer une aide spéciale pour leur réinsertion sociale. La délégation rejette en bloc cette décision du gouvernement qu’elle juge contraire aux propositions formulées par le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN).
La délégation dit être étonnée de ce revirement des autorités par ce décret n°2019-0819 qui stipule entre autres en son article 1 l’octroi à chacun des militaires radiés suite à la mutinerie de 2011, dont la liste a été avalisée par le HCRUN, d’une aide à la réinsertion sociale d’une valeur de 1 500 000 de FCFA et l’article 2 parlant d’octroi de 3 500 000 de FCFA pour chacun des militaires et des fonctionnaires de police révoqués suite à la mutinerie de 2011, dont les listes sont avalisées par le HCRUN.
Il est précisé dans ce décret au niveau de l’article 3 que les aides sont destinées à soutenir les activités rémunératrices dans le cadre de la réinsertion sociale. Ousseni Bambara, délégué des militaires radiés, « interpelle le gouvernement à revoir la proposition pour leur permettre d’avoir un travail afin de bénéficier à chaque fin du mois d’un salaire pour leur permettre de vivre car les sommes proposées peuvent conduire aux suicides pour quelqu’un qui est sevré depuis 2011 ».
Selon la délégation, les multiples rencontres avec le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) avaient permis d’aboutir à des propositions plus ou moins satisfaisantes. Le HCRUN avait dit être parvenu aux propositions telles que la demande exceptionnelle de pardon officielle et collective aux victimes et au peuple burkinabè par les militaires et policiers radiés ; le reversement des militaires et la réintégration des fonctionnaires de police à la fonction publique. Ainsi, ceux qui bénéficieront d’un reclassement selon l’ancienneté de service pourront être affectés dans les départements ministériels autres que les ministères de la Défense et de la Sécurité.
- Junior Bahoro, un des responsable de la délégation
Et l’octroi d’une aide à la réinsertion sociale pour les militaires radiés et l’octroi d’une indemnité spéciale d’aide à la reconversion pour ceux qui, bénéficiaires de la mesure de reversement à la fonction publique, ne souhaiteraient plus servir dans l’administration. « On veut recruter 500 militaires pourtant vous avez 633 militaires et 133 policiers qui sont dans la rue. Tout le monde veut défendre le pays car le pays appartient a le tout le monde » a révélé Junior Bahoro.
Selon la délégation, ce revirement du gouvernement, à travers ce décret qui propose des solutions contraires arrêtées par le HCRUN, dépasse leur entendement. Ainsi elle demande à l’Etat burkinabè, la mise en application des propositions officielles faites le 19 avril 2018 et dont le conseil des ministres en sa séance du 03 juillet 2019 a marqué son accord, et la réintégration des 633 militaires et des 136 policiers dans leurs corps respectifs.
- Des journalistes à ce point de presse
La délégation des militaires et policiers radiés dit ne rien comprendre à ce double jeu du gouvernement qui refuse d’appliquer les propositions du HCRUN et recrute parmi les militaires radiés une vingtaine pour lutter contre les attaques terroristes dans la province du Nahouri. Elle s’interroge sur cette politique de jeu de « cache-cache » du pouvoir. Elle demande au pouvoir, vu la situation sécuritaire dans laquelle est plongé le pays, de leur permettre de défendre la terre de leurs ancêtres.
Elle dit ne pas prétendre mettre fin aux attaques mais estime que les 633 militaires et les 136 policiers peuvent contribuer à renforcer les effectifs dans certaines localités. Ainsi la délégation s’interroge sur l’utilité du HCRUN qui, depuis 2016, peine à faire traduire cette notion de réconciliation nationale et d’unité nationale sur le terrain. Elle poursuit en disant que « si l’institution va continuer à fonctionner sans produire des résultats concrets tout en utilisant les moyens financiers du contribuable, qu’on la dissolve ».
Les militaires et les policiers radiés ont profité de cette rencontre pour demander au président du Faso de réparer les torts, de calmer les douleurs et de résoudre les incompréhensions. C’est à ce prix, disent-ils, que les Burkinabè pourront vivre ensemble et se donner la main pour construire une nation forte.
Issoufou Ouédraogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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