Après 19 mois de procès à rebondissements, le sort des accusés est connu. Le cerveau du putsch, le Général Gilbert Diendéré, passera 20 ans derrière les barreaux, pendant que l’autre Général, Djibril Bassolé, lui, écope de 10 ans de prison ferme. Venus d’eux-mêmes parce que bénéficiant de la liberté provisoire, des accusés sont repartis avec leurs désormais co-détenus.

L’instant est solennel quand l’appariteur annonce d’une voix magistrale à 10h35 : « Le Tribunal » ! Le président Seidou Ouédraogo et les juges font leur entrée dans la salle qui connait une affluence des grands jours, au point de nécessité d’autres chaises. « Veuillez vous rasseoir », autorise le président, celui vers qui tous les regards sont tournés. « Gardes, faites reposer les armes », ordonne-t-il d’une voix calme et d’ajouter que l’audience est reprise.


Par dérogation, il autorisera ensuite les accusés à rester à leurs places pendant la lecture des réponses aux questions que les juges devraient répondre.

Le Général de brigade Diendéré Gilbert, cerveau du coup d’Etat, écope de la plus lourde peine, 20 ans de prison ferme. Il est resté impassible à l’énoncé du verdict. L’autre Général, Djibril Bassolé, lui n’était pas là comme depuis quelque temps, pour dit-on, des raisons de sécurité. En tout cas, il récolte 10 ans de prison ferme. Les deux chefs militaires ont été déchus de leurs décorations. ‘’Golf » n’est plus commandeur de l’Ordre national tout comme l’ancien ministre de la Sécurité n’est plus digne de l’insigne de Grand Officier de l’Ordre national.

L’Adjudant-chef major Badiel Eloi, celui qui a réparti les différentes tâches du commando qui a fait irruption dans la salle du conseil des ministres pour enlever le président et certains ministres, écope de 19 ans de prison ferme. Les Adjudants Nion Jean Florent Akowè et Nébié Moussa dit Rambo purgeront 17 ans de prison ferme.

Les Sergent-chef Koussoubé Roger, Joachim Damagna, Zerbo Laoko Mohamed Sanou Ali repartent aussi avec chacun 15 ans de prison ferme. Il faut préciser que le Sergent-chef Ali Sanou purge déjà une peine de 17 ans dans l’affaire du procès de Yimdi.


Le Caporal Nébié Abdoul Nafion qui purgeait également une peine de 10 ans dans le cadre de l’attaque de la poudrière de Yimdi, écope lui d’une peine à 12 ans de prison ferme.

11 ans de prison ferme, ainsi en a décidé le tribunal à l’encontre des Sergents Ouédraogo Zoubélé Jean Martial, Lankoandé Saïdou. La même peine est retenue pour l’adjudant Dibloni Gbonjaté et les capitaines Dao Abdoulaye et capitaine Zoumbri Oussène.

Les accusés qui s’en sortent avec 10 ans de prison ferme sont les plus nombreux. Il s’agit de l’Adjudant Birba Michel, Guelwaré Minata, Adjudant Ouekouri Kossè, sergent-chef Diallo Adama, le soldat de première classe Zouré Boureima, sergent Poda Ollo Stanislas Silvère, 1ère classe Soulama Seydou, caporal Drabo Hamidou, 1ère classe Zongo Hamado, sergent Pagbelem Amidou, colonel Traoré Abdoul Karim et comme souligné plus haut, le Général de brigade Bassolé Yipénè Djibril.

Le journaliste Ouédraogo Adama dit Damiss, le Caporal Moukoro Pascal, le Sergent-chef Bouda Mahamado, le soldat de première classe Coulibaly Samuel, Le sergent Yago Issa et le lieutenant Limon Kolamba Jacques passeront 5 ans de prison ferme à la Maison d’arrêt et de correction des armées, comme les autres.

Nanémé Ousséini Faïsal est condamné lui, à trois ans de prison ferme pendant que Baguian Abdoul Karim dit Lota et le caporal Diessongo Soumaïla passeront un an ferme derrière les barreaux.

Des peines assorties de sursis

Le commandant Korogo Abdoul Aziz, chef de corps du RSP au moment des faits, a été condamné à 5 ans de prison assorti de sursis ainsi que le chef d’Etat-major particulier de la présidence du Faso à l’époque du coup d’Etat, colonel major Kiéré Boureima. La même peine a été prononcée à l’endroit des hommes politiques Koné Léonce Siméon Martin, Yaméogo Augustin Hermann Magloire et Sawadogo Salifou.

Les Sergents Koné Souleymane, Couldiaty Salif, les caporaux Saboué Massa, Timboué Tuandaba les soldats de 1ère classe Ouédraogo Arouna, Kaboré Adama, Sow Lawapan Placide, les sous-lieutenants Zagré Bouraïma, Traoré Séibou et le lieutenant Ouattara Philippe écopent chacun de 5 ans de prison dont 4 ans assortis du sursis.

Quant au Sergent-chef Kambou Ardjouma, les sergents Sawadogo Nobila, Guiré Yahaya, Zallé Mahamadi, les soldats de première classe Compaoré Abdou, Ouattara Sidiki, Ly Amadou, et le Malien Sidi Lamine Oumar, ils sont condamnés à 5 ans de prison dont 3 ans assortis du sursis.

7 ans de prison dont 5 ans assortis du sursis, c’est la peine que devront purger les Lieutenants Dianda Abdou Kadri, Compaoré Relwindé, Gorgo Aliou Gislain Honoré et Koné Daouda Beyon.

Le premier visage public du coup d’Etat de septembre 2015 a été le Lieutenant-colonel Bamba Mamadou qui lisait les communiqués. Il a écopé de 10 ans de prison ferme dont 5 avec sursis. Quant au Caporal Dah Sami, le garde du corps du Gal Diendéré, c’est une peine de 10 ans de prison dont 4 ans assortis du sursis qui été prononcée à son encontre.

Le Colonel Bationo Omer, le Caporal Ouédraogo Issaka, l’Adjudant-chef Major Coumbia Moutuan, le Sergent Boué Siénimi Medard, le capitaine Ouédraogo Saïdou Gaston, Diawara Fatoumata Thérèse et Me Traoré Mamadou bénéficient de la relaxe.

Les accusés Sawadogo Paul, Sow Léonce et Ouédraogo Lassina eux sont mis hors de cause, pendant que l’action publique est éteinte à l’égard du soldat de 1ère classe Lompo Médanimpo, pour cause de décès.


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Venus libres, repartis condamnés

Plusieurs accusés bénéficiaient d’une liberté provisoire. Si certains ont pris le soin de venir accompagnés, d’autres sont venus seuls avec leurs motos ou véhicules. Les peines tombées, la prise de corps a été immédiate. Qui pour s’occuper des montures ? Certains ont eu l’occasion d’appeler des proches pour qu’ils viennent les récupérer. D’autres pas. Pour ces derniers, un sous-officier ayant bénéficié de la relaxe était à la tâche, calepin en main pour recenser les accusés dont les engins sont restés et appeler des connaissances.

Après le verdict, certains nouveaux condamnés qui bénéficiaient d’une liberté provisoire sont restés à leur place. Alors que la sécurité est venue les chercher, ils ne l’entendaient pas de cette oreille. Après que la salle d’audience se soit vidée, des accusés sont restés dans la salle. Quand les forces de l’ordre sont arrivées pour les chercher, ils ont marqué leur refus énergique. Leurs avocats fulminant à côté. Finalement, ils ont été embaqués et mis dans le car pour être conduits à la Maison d’arrêt et de correction des armées.


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Les avocats réagissent


Me Guy Hervé Kam, avocat de la partie civile : « Nous sommes totalement satisfaits du verdict parce que nous disions dès le départ que chacune des parties avait sa vérité mais que la plus importante était la vérité du tribunal. Le tribunal a fait application de peines que nous trouvons tout à fait clémentes mais nous disons que notre objectif n’était pas la vengeance. Et nous pensons que les victimes peuvent désormais reposer en paix ».


Me Yelkouni Olivier, avocat du Général Gilbert Diendéré : « Même un an de prison, ce n’est pas bon à prendre. C’est une question de liberté. Le bien le plus cher de l’homme, c’est sa liberté. Aucune peine privative de liberté n’est bonne à prendre. »


Me Prosper Farama, avocat de la partie civile : « Pour nous, c’est une victoire du peuple burkinabè, une victoire pour la démocratie et l’Etat de droit. Ce que nous espérons, c’est que tout le monde tirera comme leçon que plus jamais aucun Burkinabè, armé ou non, ne pensera qu’un coup d’Etat puisse le conduire au pouvoir. Seul le peuple, par sa légitimité, donne le pouvoir »


Me Mireille Mariam Barry, avocate du Général Djibril Bassolé : « Pour nous, la trahison n’était pas constituée. Par conséquent, il faut que nous ayons entre nos mains les décisions des juges pour pouvoir apprécier les faits qui ont motivé qu’ils retiennent la trahison à l’encontre de M. Bassolé et qu’ils prononcent une peine de 10 ans. Je ne peux pas me prononcer sur un quelconque appel parce qu’à l’heure où je vous parle, je n’ai pas officiellement rencontré mon client pour avoir sa position. La décision de faire appel lui appartient. J’estime qu’il y a une main invisible sur certains actes qui ont été posés au cours de la procédure puisqu’il y a des règles qui n’ont pas été respectées. Une main invisible, ça peut être le politique ou autre chose ».


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Tiga Cheick Sawadogo

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Source: LeFaso.net