Dans sa famille, la musique se transmet de génération en génération. OUM’C, à l’état civil Oumar Taonsa, a deux albums à son actif. Le chanteur essaie de se frayer un passage dans la forêt du showbiz burkinabè. Il nous a accordé un entretien dans lequel il évoque, entre autres, sa carrière, les difficultés rencontrées et son actualité musicale.
Lefaso.net : Pourquoi avoir fait le choix de la musique ?
OUM’C : Je suis né avec la musique, c’est quelque chose qui vient de la famille. Dans ma famille, la musique a commencé depuis mes grands-parents. A leur époque, ils chantaient lors des funérailles, mais ils n’avaient pas décidé d’en faire une carrière. A mon niveau, j’ai essayé d’en faire une carrière. Je crois que c’est ce qui m’a donné envie de chanter.
Pourquoi le nom OUM’C comme nom d’artiste ?
Oumar c’est mon prénom à l’état civil, et le « C » c’est parce que mon grand-père était le chef du village. C’est donc le « C » de chef. D’où OUM’C en reconnaissance et par respect pour mon grand-père.
Quand avez-vous décidé de faire de la musique une carrière ?
J’ai pris ma décision en 1998. J’avais environ 18 ans à l’époque. Même si la famille était réticente au départ, elle a compris ma décision.
Pourquoi chanter essentiellement en langue mooré ?
Aujourd’hui, on écoute la musique en anglais ; pourtant, ils sont nombreux ceux qui ne comprennent pas la langue et qui dansent sur les beats en anglais. Je me suis dit « pourquoi ne pas chanter en langue mooré afin de valoriser notre culture ? ». Mais c’est vrai qu’on retrouve du français, du dioula, du baoulé et du bété dans mes morceaux. Pour la simple raison que je suis né en Côte d’Ivoire, donc il y a le brassage culturel qui intervient. Mais le mooré est la langue que j’utilise beaucoup plus.
Quels sont les sujets que vous abordez ? Et pourquoi ?
Je parle beaucoup de mon beau pays le Burkina Faso. J’aime évoquer également la paix qui me tient à cœur et l’amour du travail bien fait. J’aborde des sujets liés à la santé comme le VIH et le Sida, à la bénédiction des parents. J’essaie de sensibiliser les populations sur certains faits de société. Je m’inspire beaucoup de mon entourage et de mon vécu personnel.
Quels sont les instruments que vous utilisez en particulier ?
J’utilise beaucoup la guitare. J’ai une guitare que j’ai fabriquée moi-même. Lors de mes acoustiques, ma guitare est toujours auprès de moi. C’est mon compagnon. Je joue très bien de cet instrument et je chante.
Votre plus belle expérience en tant que chanteur ?
C’est quand j’ai eu à chanter avec de grandes stars de la musique burkinabè. J’ai joué avec elles sur des scènes, à Ouagadougou et à Abidjan. Etre sur la même scène que des personnes que j’admire, c’était incroyable pour moi. J’ai chanté sur les mêmes podiums que Dez Altino, Floby, Hamed Smani, Ali Verhutey, pour ne citer que ceux-là.
Vos souhaits à l’endroit du ministère en charge de la Culture ?
Je lui dirais qu’on ne finit jamais d’apprendre ; un enfant peut conseiller son père. Il faut qu’on mette une autre stratégie pour la promotion des artistes au Burkina Faso. Les artistes travaillent, mais il n’y a pas de soutien. Si par exemple une fois par an, le ministère pouvait essayer de produire quelques artistes en herbe, cela allait aider et être à coup sûr un bon point pour lui. Par exemple, je n’ai pas de manager ou de producteur. Je me débrouille tout seul depuis le début de ma carrière.
Que pensez-vous de l’évolution de la musique burkinabè ?
Je pense que la population burkinabè commence à s’intéresser à ses artistes locaux. Elle prend conscience de l’importance de revenir aux sources. Ces soutiens nous sont nécessaires. Mais il ne faut pas se limiter aux artistes de renom seulement, il faut aussi soutenir ceux qui viennent d’arriver. Sinon le succès va se limiter aux mêmes personnes.
Quelle est votre actualité musicale ?
Je prépare un featuring avec Dicko Fils. Les mélomanes pourront le découvrir bientôt. Il y a aussi une tournée que je prépare en Côte d’Ivoire. Je compte y faire trois mois. C’est à partir du mois de novembre 2019.
Avez-vous une autre activité en dehors de la musique ?
Je ne me limite pas qu’à la musique. Je suis aussi coiffeur de profession. J’ai un salon de coiffure pour hommes. J’aide souvent des jeunes qui m’admirent en les formant au métier de la coiffure. Je les aide à ouvrir leurs propres salons.
Votre dernier mot ?
Je demande au peuple du Burkina Faso d’accompagner ses artistes. Il y a des gens qui ont la capacité de lancer les artistes, mais qui ne le font pas. Qu’ils nous aident à ouvrir les portes du succès. C’est le Burkina Faso qui gagne.
Entretien réalisé par Samirah BATIONO (stagiaire)
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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