En ce 1er jour du mois d’août 2019, ce sont les avocats du Général Gilbert Diendéré qui avaient toujours la parole pour la suite de leurs plaidoiries. Quatre de ses conseils ont fait un tir groupé pour tenter de sauver leur client, présumé cerveau du coup et contre qui le parquet a requis la prison à perpétuité. Pour tous les chefs d’accusation, les hommes en robe noire ont soutenu qu’il n’y avait pas d’actes matériels de nature à enfoncer leur protégé. Par conséquent, ils ont plaidé l’acquittement du Général.
Meurtres, coups et blessures volontaires. Ces chefs d’accusation font partie de ceux qui pèsent sur le Général Gilbert Diendéré. Et c’est par là que Me Mariam Kanyili a débuté la journée. Pour elle, le parquet n’ayant pas pu démontrer la participation du Gal à la commission des meurtres, l’infraction n’est pas établie. Malgré le temps et les moyens mis à la disposition du ministère public, celui-ci n’a pas pu établir qui a tué les 14 personnes pendant le coup, a poursuivi Me Kanyili qui refuse que l’on mette cela sur le dos de son client. Le dossier est absolument vide sur l’infraction de meurtres ; la loi dit que quand il n’y a pas de preuves vous ne pouvez qu’acquitter. Acquittez-le donc sur ces faits, a plaidé l’avocate.
L’acquittement, c’est également ce qu’elle demande pour l’infraction de coups et blessures volontaires qui est également imputée au présumé cerveau du putsch de septembre 2015. Pour que cette infraction soit constituée, a-t-elle argumenté, il faut un acte matériel de violence, une victime et des éléments intentionnels. Le parquet militaire doit établir avec des preuves palpables, tangibles, que le Gal a porté des coups et blessures sur un quelconque manifestant, poursuit-elle. Là également, Me Kanyili note qu’aucun accusé, aucun témoin n’a vu Gilbert Diendéré assener des coups.
Me Mathieu Somé ne dira pas autre chose. Pour lui, c’est celui qui allègue, qui doit prouver. Le parquet a dit que le Gal a fait, et il lui appartient d’apporter des preuves. Mais il dit remarquer que le dossier ne comporte aucune preuve pour confondre le Gal sur les infractions de meurtres, de coups et blessures volontaires. D’ailleurs, il note que ce ne sont pas seulement des éléments du RSP qui ont patrouillé pendant le coup d’Etat.
Il y a avait également la gendarmerie dans les rues. Dans ces conditions, comment être sûr que ce sont les éléments du RSP qui ont tiré à balles réelles pour causer des morts ou qui ont fouetté des manifestants ? se demande le conseil de ‘’Golf ». La loi est dure, mais reste la loi, notera Me Somé en demandant au président de tirer les conséquences de ce manque de preuves dans le dossier.
De la trahison
Accusé également pour trahison et pour avoir comploté avec des puissances étrangères, le Gal Gilbert Diendéré doit être acquitté, à en croire Me Latif Dabo. Trahison ? Pour celui qui a consacré plus de 30 ans de sa vie à défendre et à protéger son pays, l’avocat ne veut pas en entendre parler. Me Yelkouni Olivier, lui, fait savoir au président Seïdou Ouédraogo que son tribunal ne doit pas servir d’instrument de vengeance.
Mais il reconnait que la tâche sera difficile, parce que, pendant que les uns attendent que le tribunal dise le droit en se fondant sur les textes, d’autres espèrent que la condamnation soit lourde, par pure vengeance. « La Justice est très sacrée pour être réduite à une œuvre de vengeance », clame l’avocat.
Point après point, il étale ses arguments. Il faut trois conditions pour parler de trahison. D’abord que le pays dont est issu l’accusé soit en guerre avec une puissance étrangère. Ensuite que l’accusé civil ou militaire se fasse enrôler dans la troupe de la puissance étrangère. Enfin que l’accusé ait agi dans l’intention spéciale de servir les intérêts de la puissance étrangère au détriment du Burkina dont il est originaire.
Aucun de ces éléments n’est réuni, et le Gal Gilbert Diendéré ne saurait être condamné pour des allégations de connivence avec une puissance étrangère en vue de semer le chaos dans son pays, a poursuivi Me Olivier Yelkouni. Pour convaincre le tribunal, l’avocat relit les conversations entre son client et certains de ses interlocuteurs et conclut qu’à aucun moment, ‘’Golf » n’a planifié une quelconque action ou pris une décision de concert avec une personne extérieure pour conforter le coup d’Etat. Les plaidoiries se poursuivent ce 2 août 2019.
Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net
Source: LeFaso.net
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